Actus

Les Moulins de la Cressonne – 1 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

1 – Géographie

La Cressonne est une petite rivière de 24 km, au sud-est de la Nièvre, longeant presque la limite avec la Saône-et-Loire.

En gros elle est parallèle à :

  • L’Alène qui coule au nord de Luzy en passant par Fours à Cercy la Tour où elle rejoint l’Aron.
  • La Somme, dont une des sources est à Tazilly dans la Nièvre, mais qui coule essentiellement en Saône-et-Loire d’Issy l’Evêque à Bourbon-Lancy, où elle rejoint la Loire.

La Cressonne dessert les communes de Savigny-Poil Fol, Ternant, St Seine et St Hilaire Fontaine en recevant le ruisseau qui vient de l’étang de Manant sur La Nocle-Maulaix, celui venant de Montambert qui desservit au passage le moulin au Loup de St-Hilaire-Fontaine ; c’est dans cette dernière commune, au port Tharaud, que la Cressonne rejoint la Loire. La Cressonne roule dans une plaine argileuse ; il me semble que ses moulins ont été plus souvent alimentés par des étangs que des biefs. 

Le terroir semble avoir été plutôt bon pour le blé et les autres céréales. Mais les petites communes peu peuplées sus-énumérées n’en ont pas connu un grand nombre ; en plus en général ce ne furent que des petits moulins, peu à l’aise face aux plus considérables dont disposèrent au nord Luzy, Fléty, Fours, Cercy la Tour et Champvert, et au sud Issy l’Evêque, Maltat, Cronat semble-t-il et Bourbon-Lancy.

Ce terroir contint assez de minerai de fer pour faire vivre une forge intéressante sous l’étang de la Loge à St-Seine, et tout près de La Nocle-Maulaix une verrerie puis faïencerie puis tuilerie à Bois-Gizet, en fait commune de Savigny Poil Fol.

Les Moulins de la Cressonne – 2 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

2 – Les Moulins de Savigny Poil Fol

La Cressonne, qui va parcourir 24 kilomètres, naît plutôt à Ternant, mais son premier moulin est sur Savigny Poil Fol ; c’est le « moulin du Comte », existant avant 1538, dont le souvenir demeure dans le nom du ruisseau qui rejoint la Cressonne à Ternant.

En 1539, la demoiselle Jeanne de la Chastre « confesse tenir et porter en foy et hommage de très haut et très puissant seigneur monseigneur le duc de Nevers » tous les biens composant ses seigneuries, dont du côté de la « justice » de Savigny » des « moulins » au pluriel (Mémoires de la Société académique, tome 5 de la collection de la Médiathèque municipale de Nevers).

Ici surgit une difficulté que nous retrouverons : le ruisseau venant de Savigny Poil Fol, et qui va alimenter sur St-Seine l’étang de la Loge, donc ses moulins, puis sa forge et le moulin qui lui sera annexé, s’appelle « ruisseau du moulin du Comte ». Or je trouve un moulin du Comte et sur Savigny, et sur St-Seine. J’émets donc la théorie que deux moulins ont porté ce nom, un sur chacune des deux paroisses en question. J’émets d’ailleurs une autre hypothèse : comme la vallée de la Cressonne échut un jour au comte de Nevers, j’avance que peut-être c’est lui qui a suscité la création des deux moulins en question, d’où leur nom de « moulin du Comte » ; comme le comte de Nevers est devenu duc en 1538, cela impliquerait que les deux moulins existaient avant cette date (on en est sûr pour celui de la Loge).

A une date inconnue, on édifia une verrerie à Bois-Gizet, paroisse de Savigny. Marthe Gauthier, dans « Au Carrefour de trois provinces », écrit : « La réputation du Bois-Gizet était si grande qu’on trouve mention qu’en 1643, l’artiste qui réparait les vitraux de la cathédrale d’Auch indiquait aux chanoines qu’ils devraient s’approvisionner en verre provenant de ce « gentilhomme qui fait le verre et se nomme Charles de Hanse, au Bois-Gizy, paroisse de Savigny-en-Nivernais ». L’exploitant pouvait souhaiter faire pulvériser le sable matière première de la verrerie, pour qu’il fût plus fin ; pour ce faire il pouvait solliciter un moulin ; mais le plus proche de Bois-Gizet aurait été celui de Marnant à La Nocle-Maulaix, ou un de l’abbaye d’Apponay sur Rémilly.

Marthe Gauthier ajoute : « La fermeture de la verrerie du Bois-Gizet, dont les installations étaient devenues vétustes, amena le maréchal de Villars à installer une nouvelle industrie consommatrice de bois. Il opta pour une faïencerie réalisable avec l’argile calcaire ferrugineuse et le beau sable blanc du pays… On installa la petite manufacture sur la route de Maulaix, près de l’étang de Marnant où se trouvaient à la fois de l’eau et de l’argile ». Le sable venait de l’Alène. Marthe Gauthier cite le « Dictionnaire universel de Commerce, d’Histoire et des Arts » de 1748, selon lequel parmi les terres à faïence de France « la meilleure se trouve dans les terres du marquisat de La Nocle, situées en Bourgogne, appartenant au maréchal de Villars. On y a établi depuis peu une excellente faïencerie. » On pouvait améliorer la pâte à faïence en la passant entre des meules pour mieux chasser les bulles d’air ; un moulin mû par un animal suffisait ; peut-être cela fut-il utilisé à Bois-Gizet. Le Dictionnaire décrit le travail de faïencier, dont la fin : « La faïence était ensuite vernie à l’émail fait d’un mélange d’étain fin et de plomb dans la proportion de 1 pour 5, de sable fin de rivière et de sable de verre pulvérisé ». Je le cite car cette pulvérisation, demandant une certaine force, se faisait par les meules d’un moulin ; on peut donc émettre l’hypothèse que le moulin de Marnant a servi à cela

En 1719 fonctionne le moulin du Comte ; il est banal (réf Marthe Gauthier, « Au Carrefour de Trois Provinces »), ce qui signifie que les sujets de la seigneurie sont obligés d’y porter leur grain à moudre, à défaut de quoi ils risquent la confiscation du dit grain ou de la farine s’il vient d’être moulu, et une amende.

Dans son gros livre en deux tomes « Quatre-vingts moulins autour d’Issy-l’Evêque », C. Roy dit qu’il a trouvé trace de deux moulins à Savigny Poil Fol : celui du Comte, et celui des Roches dont il a trouvé trace dans le dossier des Archives Départementales 3E56/285 de 1747, le meunier se nommant alors Jean Boizard.

Savigny compte un moulin à eau en l’an II que recense une enquête nationale, puis un haut fourneau appartenant au sire de Voguë. Comme ce noble personnage émigre à la révolution de 1789, ses biens sont confisqués ; ses fourneaux, dont celui de Savigny, sont acquis par le sieur François Parent de la Garenne, qu’on retrouvera acquéreur à St-Seine. Il acquiert le « fourneau du ci-devant moulin du Comte » 8 150 F. L’expression « ci-devant moulin du Comte » implique que celui-ci n’existe plus. En fait l’établissement métallurgique occupe son emplacement, car « consistant en bâtiment composé de chambre à chauffoir, la chambre du moulin et ustanciles » etc… (Archives Départementales 1Q1590).

(J’évoque ici les hauts fourneaux parce qu’une roue hydraulique y animait les soufflets  qui faisaient monter la température au-delà de 1 000 °).

C. Roy écrit  : « La forge de la Loge à St-Seine et le moulin du Comte avaient le même propriétaire en 1812 ; M. Granger, habitant Paris, puis MM. Parent et Chauchon en 1829 », informations qu’il a puisées dans le dossier des Archives de Saône et Loire 3E24280. Il insère cela à propos de Savigny Poil Fol, alors que la forge et son annexe moulin dit « moulin du Comte » sont sur St-Seine.

Ce haut fourneau de Savigny fonctionne encore vers 1830.Toutefois le « moulin du Comte » de Savigny Poil Fol réapparait au XIXe siècle, nettement en amont de la limite avec St-Seine. Sur le plan cadastral ci-après, on remarque que  le moulin est alimenté par un étang recevant les eaux de deux ruisseaux.

Le dossier 3P274/2 des Archives Départementales de la Nièvre montre que lors de l’établissement du cadastre, Savigny dispose d’un moulin  revenu fiscal net 100 F ainsi que d’une tuilerie 50 F ; située au numéro de plan 22, elle se trouve à Bois-Gizet, donc sur le site de l’ancienne verrerie puis faïencerie ; elle appartient à MM. d’Aligre puis Pommereux en 1875. En 1862, M. Clément construit une nouvelle tuilerie dont le revenu fiscal net est 45 F. Le moulin du Comte, situé numéro de plan 4, appartient à Maurice Delangle et ses héritiers puisqu’il décède au cours de cette période. Il a aussi l’étang plan 38 dont je suppose qu’il alimente le moulin. Le propriétaire et meunier de 1882 est Georges Delangle, revenu fiscal net inchangé.

Dans le dossier 2P597, le registre des contributions foncières de 1891 montre que Georges Delangle, meunier au moulin du Comte, a pour revenu fiscal net 661,90 F et paye une contribution de 91,49 F.

En 1908, Georges Delangle, meunier, a pour revenu fiscal net 495 F, mais réduit l’an suivant à 363 F. Le déclin est net, sans doute parce que M. Delangle ne s’équipe pas en nouveau matériel.

En 1912, Georges Delangle a pour revenu fiscal net 363 F sur le bâti, et 258 sur le non bâti : donc son activité meunière prime sur son activité agricole. Pareil en 1917, année de sa mort. Son successeur Marin François Delangle conserve le même revenu fiscal net, idem en 1922, date me semble-t-il de sa mort. Un temps son successeur est Maurice Coussin, menuisier. C’est en 1927 que prend les rênes de l’établissement Charles Cognard, gendre Delangle, que le fisc décrit comme « cultivateur au moulin du Comte », revenu fiscal net 391 F. sur le bâti, don en léger progrès, mais 452,5 F.sur le non bâti, ce qui implique que l’activité agricole prend le dessus sur l’activité meunière. Idem en 1931. Curiosité en 1936, Charles Cognard est marqué « exploitant de moulin » mais son revenu n’est plus indiqué.

En fait Charles Cognard n’est pas dans la liste des meuniers de la Nièvre de 1934. Lorsque suite à la loi de 1934 et aux décrets de 1935 chaque moulin se voit notifier la quantité maximale de blé pour l’alimentation humaine qu’il a le droit de moudre, qu’on appelle le contingent, Charles Cognard et le moulin du Comte sont absents de la liste ; j’en déduis qu’ils ne travaillent plus que les céréales secondaires pour l’alimentation animale telles que l’orge et l’avoine. Fernand Cognard devient propriétaire et meunier du moulin du Comte à une date inconnue.

C. Roy livre ses photos des ultimes ruines du moulin du Comte dans son livre cité plus haut de tome 2 (des photos difficiles à réaliser au milieu des broussailles). Son analyse est beaucoup plus précise que je n’aurais su le faire :

« Caractéristiques de la chute 5,40 m… débit 93 l/s. Le coursier en tôle avait 0,90 m de large. La vanne a disparu. » (L’auteur précise que l’étang est aujourd’hui un pré). « Le coursier » est la goulotte qui menait l’eau de l’étang au-dessus de la roue pour la faire tourner.

« Caractéristiques de la roue : en fer à augets, diamètre 3,40 m sur 1,12 de large, 40 augets profonds de 0,30 m… Axe en chêne diamètre 40 cm et 4,50 m de long équipé aux extrémités de tourillons en fer tournant sur des paliers en fonte. » Puissance maximale 3,7 Kw, vitesse de rotation 10 tours par minute. 

« Caractéristiques de la paire de meules : diamètre 1,50 m en pierres meulières agglomérées et cerclées. L’opération de levage et retournement de la meule courante pour le rhabillage mensuel était assuré par une potence à treuil et un étrier. Il y avait une paire de meules en attente prête à être installée. Le beffroi en chêne comporte 4 piliers de 20 X 20 cm » : il s’agit des dimensions de l’épaisseur des piliers, l’auteur n’a pu mesurer leur longueur. Le beffroi est l’ensemble du support qui soutenait les meules, lesquelles étaient lourdes, à savoir plus d’une tonne chacune, d’où 4 piliers très forts. Dans un moulin en ruine, le beffroi est tellement solide que c’est lui qui tombe en dernier. 

Roy ajoute : « En cas de pénurie d’eau, un moteur à essence pouvait prendre le relais de la roue. Si les alluchons du rouet ou du hérisson cassaient, le charron Lucien Cousson se chargeait de les remplacer. Sur le linteau de la porte d’entrée côté habitation, on lit gravé dans la pierre :

« Gaudet 1831 », et sur le linteau de la porge du pignon côté roue des signes héraldiques difficiles à déchiffrer.

C. Roy écrit : « Le moulin à 2 niveaux a cesser de fonctionner suite à la rupture de la chaussée côté déversoir en 1940. Le coût des travaux de réparation étant trop important par rapport au revenu du moulin, celui-ci a été abandonné. » Il propose la photo d’un vieux monsieur à lunettes portant une belle veste à carreaux et au regard quelque peu nostalgique : M. Fernand Cognard, qui fut le dernier meunier du moulin du Comte à Savigny Poil Fol.

Nouvelles Meunières n°51

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Exposition

En cette fin d’année 2022, du 16 au 31 décembre, Antoine Paneda est à l’honneur,. La mairie de Nevers lui a accordé le salon d’honneur du palais ducal pour présenter une centaine de ses tableaux,. Le Journal du Centre du 14 décembre l’a chaleureusement annoncé avec une photo le montrant présentant un des plus beaux tableaux.

Antoine, 93 ans, se porte bien. Moulins du Morvan et de la Nièvre le connaît depuis longtemps. Il lui est arrivé de nous fournir des dessins et des aquarelles de moulin, dont la reconstitution des moulins sur la Passière près de la Porte du Croux à Nevers. Cet été, il m’a appelé pour m’offrir un magnifique tableau représentant un moulin d’Urzy. 

Au Palais Ducal, Antoine a proposé quelques tableaux représentant des moulins : l’ancien moulin à vent de Reméron à St-Eloi, la belle demeure d’Imphy dite « Le Petit Moulin », la tour Goguin surmontée de son ancien moulin à vent, et « Moulin sur le Tarn », une extraordinaire construction. 

Les désastres de la continuité écologique

Il arrive que la presse évoque le manque d’eau constaté ici et là suite à la canicule de l’été dernier. La suppression de certains barrages, en accélérant le flux des rivières, a aggravé la situation.  Dans l’Yonne Républicaine du 24 octobre, la Préfecture se contente d’annoncer que grâce aux pluies de septembre et octobre la situation des eaux de surface et souterraines s’améliore. Le 4 novembre, le quotidien annonce qu’à Sens on étudie les possibilités de recycler les eaux usées pour certaines utilisations comme l’arrosage des espaces verts.

Actualités des énergies renouvelables

2 novembre : le Journal du Centre livre deux pages sous le titre « Les énergies renouvelables, une priorité ? » La photo centrale présente des éoliennes. Sont passés en revue les projets éoliens, photovoltaïques portant sur la méthanisation ainsi que les polémiques qu’ils suscitent… Pas un mot sur l’hydroélectrique.

Le gouvernement se propose « d’accélérer la production d’énergies renouvelables ». Un des moyens va consister à priver « les architectes des Bâtiments de France de tout droit de veto… Les projets de champs photovoltaïques visibles dans un paysage classé n’auront plus besoin de leur avis conforme ». Cela va servir beaucoup : « Les sites projets ne couvrent que 5 % du territoire national… (les ABF) ne refusent qu’environ 12 % des projets – un taux qui chute à moins de 1 % après discussion et modification des plans ».

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Nouvelles Meunières n°50

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Exposition

Dans le cadre des journées de l’architecture du 14 au 16 octobre, des moulins restaurés ont fait l’objet de panneaux d’exposition au Musée de la Faïence de Nevers : ceux de Rix et de Chassy à Montreuillon,  propriétaires Mercier et Charoud.

Les désastres de la continuité écologique

Dans le Canard Enchaîné du 19 octobre le Président de la République appelle les Français à des économies d’énergie et compte augmenter la production d’électricité ; dans le Calvados (dont la Première Ministre (Elisabeth Borne a été Députée),  on fait le contraire : sous prétexte de continuité écologique, on démolit un barrage sur la Vire dont le plan d’eau animait une petite usine électrique (sans compter qu’il était un lieu de promenade et de loisir pour les habitants). Pire, cela a lieu au moment de la grande sécheresse qui a marqué tous les départements en cet été 2022 ; dans le Calvados, on prend conscience que les barrages, en retenant l’eau et donc en l’empêchant de gagner trop vite la mer, on perd beaucoup quant à la biodiversité. Extrait de l’article : « Le massacre des moulins était censé, par ailleurs, rétablir une libre circulation des poissons. Or, faute d’eau, leur mortalité explose ! Anguilles, truites et saumons restent invisibles, et la population des aloses, selon les statistiques officielles, est passée de 8 000 en 2016 à moins de 1 000 en 2021. »

Actualité des énergies renouvelables

21 octobre : la Première Ministre accorde une interview à Libération sur le futur «grand plan de transition écologique » ; elle étonne par le vague absolu de son propos, que les questions pertinentes du journaliste ne parviennent pas à dissiper. Evidemment pas un mot sur les énergies renouvelables.

Dans le Magazine du Journal du Centre du 16 octobre, article de Jean-Louis Etienne « L’Electricité du futur » ; favorable aux énergies renouvelables, mais assez prudent, comme qui dirait dans l’air du temps. « Dans les années 70, en construisant les centrales nucléaires et les barrages hydroélectriques, on prenait sans le savoir les mesures qui s’imposent aujourd’hui contre le réchauffement climatique et pour l’indépendance énergétique ». Mais ensuite l’article ne revient pas sur l’hydroélectricité : « En France, la régionalisation des énergies renouvelables, couplée à des installations individuelles (solaire thermique,  photovoltaïque, biomasse, géothermie )… pourrait couvrir l’ensemble des besoins domestiques en électricité ».

2 novembre : le Journal du Centre livre deux pages sous le titre « Les Energies renouvelables, une priorité ? » La photo centrale présente des éoliennes. Sont passés en revue les projets éoliens, photovoltaïques et portant sur la méthanisation ainsi que les polémiques qu’ils suscitent… Pas un mot sur l’hydroélectrique.

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Nouvelles Meunières n° 49

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Livre

«L’empreinte du Dieu, de Maxence Van der Meersch, prix Goncourt 1936.

Le hasard fait qu’à une brocante j’ai trouvé le livre de Maxence Van der Meersch, « L’empreinte du Dieu », aux éditions « Club de la Femme » 1965, puis le lendemain dans une boîte à livres le même ouvrage mais édité par France-Loisirs en 1984. Les deux fois mon attention avait été appelée par la belle illustration de couverture, un moulin tout seul pour le premier volume, le moulin avec le titre et le nom de l’auteur dans le second cas. Chaque fois un moulin à vent typique de la Belgique : en bois, d’aspect lourd, avec les meules dans la tour qui tourne sur pivot.

Maxence Van der Meersch (1907-1951) était natif de Roubaix, mais le roman se passe en Belgique. Il nous intéresse, outre l’image des deux moulins à vent typiques de la Belgique, pour deux descriptions :

* Celle du moulin à vent près duquel au début vit l’héroïne du roman : « Planté sur une butte, le moulin, un moulin vétuste, tout en planches et en ardoises, levait et abaissait ses longs bras dégingandés et grêles, en un geste de sempiternelle lamentation… Ils s’approchèrent du moulin, par derrière. Ils montèrent l’échelle à marches plates, et poussèrent la porte de la vieille tour de bois branlante. Ils entrèrent dans le réduit, une espèce de charpente compliquée et poussiéreuse, où pendaient des cordes et des courroies. Le pivot central du moulin le traversait verticalement – un tronc d’arbre énorme, à peine équarri… » Les ailes « sifflaient en coupant l’air. Elles imprimaient à toute la vieille tour un branle doux, une espèce de roulis monotone. Un sourd grondement de machine montait des meules, avec le claquement rythmé d’une courroie. Tout le moulin, sous l’effort des ailes, tremblait sur son pivot, accusait chaque poussée du vent, et craquait dans sa membrure, avec un gémissement perpétuel qui rappelait celui d’une mâture fatiguée. On se fût cru dans un navire. Plus bas Engle surveillait la besogne, hissait du sol jusqu’à l’étage des meules les sacs de blé, à l’aide d’un palan. On l’entendait tirer les cordes, embrayer les poulies. Et la furtive mécanique de bois, de toile et de cuir, engin millénaire, robuste et barbare, obéissait, hissait les sacs sans effort, tournait les meules, accomplissait sa tâche avec une aisance herculéenne sans même qu’en fût ralenti le rythme de ses ailes dans la bise. » Le meunier Engle « pesa sur une longue barre qui manœuvrait le frein, il arrêta les ailes et descendit diminuer la toile, parce que le vent avait encore monté. »

La deuxième description est celle des moulins à lin. L’héroïne, Karelina, se fait embaucher dans une exploitation du lin. « Quarante-cinq ouvrières, une douzaine d’hommes y travaillaient à broyer le lin et à le nettoyer de ses paillettes avant de l’envoyer aux filatures… Au milieu de la salle, il y avait le moulin à lin, une grande machine de tôle à tambours, quelque chose comme une gigantesque lessiveuse horizontale, mue par des courroies de cuir, et que des hommes manœuvraient. On y jetait, par une trappe, le lin venu des bords de la Lys, après rouissage. La grosse mécanique l’avalait, le broyait, le décortiquait, et restituait une masse cotonneuse, douce au touche, souple, et nette de toute paille ou impuretés… Ce moulin mécanique, ces deux hommes, faisaient autant d’ouvrage que les quarante-cinq ouvrières. 

Celles-ci travaillaient, derrière la mécanique, aux vieux moulins à bras qu’on n’avait pas encore supprimés, parce que les moulins mécaniques coûtent cher, et aussi parce que le travail soigné demande toujours à être fini à la main. Il y avait, le long du mur, une sorte de fausse cloison, percée de fentes verticales, par où passaient les pales de longues hélices en bois. Ces hélices, on ne les voyait pas. Elles étaient montées entre la muraille et la cloison. Chaque femme, appuyée à la cloison, devant une de ces hélices ou moulin tenait dans sa main une pleine poignée de lin brut. Elle la poussait contre les pales, de toutes ses forces. Et la rotation des ailettes battait le lin, l’épluchait, le nettoyait. Les paillettes volaient, les moulin ronflaient. On voyait les femmes presser durement leu poignée de lin cotonneuse et jaunâtre contre l’hélice, l’y engager, l’y pétrir comme une pâte, une masse souple et liée, que les ailettes battaient, étiraient, déformaient, sans la désagréger… Il leur fallait donner de grandes secousses, et, tous leurs muscles tendus, vaincre la force centrifuge des pales. Et comme elles piétinaient, et portaient une espèce de gantelet de cuir aux mains, elles avaient l’air, un peu, de se battre contre les machines.

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Nouvelles Meunières n° 48

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Les moulins de Corvol l’Orgueilleux

 Le bulletin n° 33 de 2022 des Amis du Vieux Varzy publie mon article de 12 pages sur ces moulins qu’alimenta le Sauzay. 

A plusieurs reprises, le bulletin évoque les travaux qui viennent d’être faits à l’ancienne huilerie de Varzy, dont la restauration de l’installation électrique, et surtout la pose d’une grille qui permet au promeneur de regarder les meules et les presses de l’extérieur en permanence.

Un article sur la toute petite commune d’Oudan, qui jouxte Varzy, évoque son vieil étang, qui fort anciennement anima un moulin banal.

Un autre article nous fait connaître une peintre bien oubliée, et pas forcément avec raison : Caroline Desforges-Peyrane (1800-1864) ; elle présenta en 1836 à Auxerre lors d’une exposition un tableau intitulé « Vue d’un moulin à vent ».

Des Varzycois partirent en Californie chercher de l’or, dont un meunier, Jean Morizot. On ne sait ce qu’il est devenu. 

Le n° 184 des Annales des Pays nivernais sur les moulins des rivières Nièvre m’aura porté bonheur.

A la suite de sa parution, j’ai té sollicité de faire quatre présentation sur les moulins.

Promenade le 1er juin aux moulins Nevers

Le rendez-vous était à La Croix-Joyeuse (lieu par lequel les pèlerins de Compostelle entraient dans Nevers, paraît-il en clamant « Monjoie », dont il reste une croix d’âge vénérable). Là furent 3 moulins  « Le moulin à écorce », Martelot et Pilavoine.

*  A Coulanges lès Nevers, le 26 juin, dans le cadre des Journées des Moulins et du Patrimoine Local, le Centre communal d’action sociale, qui se trouve également chargé de l’animation culturelle, a proposé à notre association de faire une causerie sur les moulins, tandis que le club de randonnée de la ville organisait une promenade de moulin en moulin, laquelle recevrait le renfort de musiciens d’un groupe local. Pour la causerie, on nous a demandé deux chapitres : un sur les moulins en général, l’autre sur les moulins de Coulanges.

J’ai donc fait cette causerie ; ce fut ce dimanche 26 juin à 10 heures, salle Jean Macé. Environ 80 personnes sont venues, ce qui m’a paru remarquable. Les deux sujets prévus ont fait que j’ai parlé jusqu’à 11 h 45, suite à quoi j’ai vendu 12 exemplaires du numéro 184. Le 30 juin, Le Journal du Centre a rendu compte de l’évènement.

St Germain des Bois le 15 juillet

« Nature en Livres » m’invite à faire une causerie sur les moulins à St-Germain des Bois, dans le secteur de Monceaux-le-Comte, le long de l’Yonne. Une manifestation locale bien sympathique annoncée par Le Journal du Centre du 11 juin 2022.

Désastres de la continuité écologique

Les technocrates tenants de la continuité écologique s’en prennent à une paisible rivière, la Douceline, qui alimenta le moulin de La Charité : voir plus loin.

Actualité des énergies renouvelables

Grande réunion au siège du Parc Naturel Régional du Morvan, à St-Brisson : « Une journée pour évaluer les capacités en énergie du Morvan » « Tendre à l’autonomie énergétique ». L’hydroélectricité devrait y être bien traitée, l’éolien beaucoup moins. Francis Lefèvre-Vary est appelé à y prendre la parole. (Journal du Centre 17 juin)

Le Journal du Centre consacre le 6 juin deux grandes pages à  » La Facture énergétique des collectivités locales, avec des allusions à la production d’énergie renouvelable ».

Éolien

A Annay, en Puisaye, l’annonce par le maire d’Annay en conseil municipal d’un projet d’implantation de 6 éoliennes géantes suscite des remous. Le maire a l’air à fond pour, mais certains conseillers municipaux ont l’air disposés à tirer l’épée. (Journal du Centre 30 juin 2022)

Photovoltaïque

Toujours à Annay ; le projet de disposer des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments municipaux passe nettement mieux. (Journal du Centre 30 juin 2022)

JOURNAUX

Le Journal du Centre

Nos journées des moulins et du patrimoine local des 25 et 26 juin ont été bien annoncées par le Journal du Centre avec toute une page dans le numéro du jeudi 23 juin, plus des articles concernant St-Pierre le Moûtier le 24 et Lormes le 25.

7 juin une centenaire à St-Honoré. Elle travailla à la poterie du château de La Montagne,que nous avons évoquée voici peu pour son moulin à malaxer la pâte. (Voir aussi plus loin au 30 juin)

8 juin : Frédéric Coudray à l’honneur pour avoir réussi à développer sa fabrique de foie gras et autres gourmandises à Donzy.

10 juin : Petit article sur les  jardins de Forgeneuve, à Coulanges, où nous fûmes souvent invités à tenir un stand lors des journées des parcs et jardins, premier week-end de juin. Désormais seuls les peintres peuvent s’y déployer… mais c’est avec toujours autant de charme.

16 juin : « Un étudiant a entrepris sa descente afin d’évaluer la continuité du cours d’eau » en l’occurrence la Vrille, qui commence à Treigny dans l’Yonne et passe à St-Amand en Puisaye avant de rejoindre la Loire à Neuvy. Clément Navarro est un étudiant en architecture ; il déclare : « Deux amis m’ont orienté vers cette rivière intéressant au niveau patrimoine environnemental et architectural puisque bordée de nombreux moulins, de lavoirs ». 

29 juin : Annonce des travaux de restauration de la poterie de la Montagne, à St-Honoré, non sans difficulté financière. Le « malaxeur», sorte de moulin à bras servant à assouplir la pâte et la dépouiller de ses bulles d’air, fait partie des objets à restaurer.

30 juin : Françoise  Demarche bénéficie d’un bon article pour l’inauguration du gîte rural qu’elle crée en son moulin de Bona.

L’article est en effet tout à fait favorable, avec photo de Françoise à côté des officiels. Notre bulletin racontera l’évènement prochainement.

REVUES

Vents du Morvan n° 83 été 2022 contient plusieurs articles où il est question de moulin :

« Les beaux étangs des Prés Bardiaux à Arleuf » : ils viennent d’être restaurés par Ludovic Huin, plus connu comme pisciculteur au moulin de La Petite-Verrière, dans le Morvan côté Saône-et-Loire. Au passage, n’en déplaise aux tenants de la continuité écologique, un bel étang, ça demeure utile, et dans le paysage, et pour conserver l’eau en période de sécheresse.

L’abbaye de Régny : de très beaux vestiges pour cette abbaye cistercienne créée à partir de 1134 le long de la Cure, en aval de Vèzelay et d’Arcy sur Cure, peu avant le confluent avec l’Yonne. Un beau site. Elle posséda de nombreux moulins jusque dans le Morvan, notamment à Brassy. L’article évoque « l’imposant moulin de Reigny, près de la ferme de l’abbé, érigé au début du XVIIe siècle entièrement à rénover, il constitue le prochain « gros chantier » des propriétaires Mme et M. Mauvais. Le dit moulin est dans les limites du monastère : logiquement il a dû être créé peu après l’abbaye. Une photo du barrage du moulin accompagne l’article.

« La Pierre Guénachère » : elle se trouve dans une ancienne carrière de meules à Antully, commune très proche d’Autun. Deux photos montrent de gros rochers : l’un porte la marque de la meule qui en a été extraite, l’autre contient une meule que les carriers n’ont pas fini d’extraire. Le texte, signé Philippe Berte-Langereau, dit aussi qu’on remarque sur le site une meule à l’abandon.

* « Au Gouloux » : Christian Hongrois raconte son enfance dans les ruines des fameux moulins du Saut de Gouloux. Deux très belles cartes postales montrent comment ils étaient quand ils fonctionnaient encore, avec leurs deux roues

* A propos du fameux site des Télots et des deux énormes terrils qu’on longe quand on  sort d’Autun en direction du nord (deux articles évoque l’extraction de schistes bitumeux qu’on y a pratiquée). « Demain un champ de panneaux solaires » : comme c’est une friche industrielle, ce n’est pas gênant qu’on y déploie des panneaux photo-voltaïques, cela sur 14 hectares.

Bulletin des Amis de La Charité sur Loire n° 113 de juin 2022. 

« Histoire de la rivière Douceline », à l’occasion du fait qu’elle est menacée par les technocrates tenants de la continuité écologique.

La rivière se jette dans la Loire un peu en amont de La Charité. Les moines y posèrent un bief assez long pour créer un moulin à l’entrée de la ville (juste derrière l’actuel monument à Jeanne d’Arc), cela entre 1150 et 1160. Tout ce qu’on sait de la longue histoire de ce moulin est relaté dans le grand article de plusieurs pages ; il propose une photo d’une demi-meule qui en demeure, servant de bac à fleur, ainsi qu’un vieux plan du site.

Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins

Non classé

Les 25 et 26 juin2022

Participation « extraordinaire » de la Nièvre au succès national de ces « Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins » !

Près de 50 sites nivernais seront ouverts gratuitement au public les samedi 25 et dimanche 26 juin 2022

Cet effort de mise en valeur de notre riche départment a été raéalisé grâce à « L’Association des Moulins du Morvan et de la nièvre » (l’AMMN) qui a pu regrouper toutes nos richesses patrimoniales variées : paysages, châteaux, églises, lavoirs, moulins, démonstrations de savoir-faire, conférences, animations, célébrations festives, conférences, biodiversité,…

L’AMMN a voulu ainsi être le moteur du développement durable et levier d’attractivité de notre territoire. Sur le thème 2022 « Être et renaître », ces Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins mettront n lumière le patrimoine rural restauré, les savoir-faire et gestes du passé.

ll n’est pas trop tard pour vous inscrire. Mais attention, dernier délai pour votre inscription le 12 juin 2022.

  • Visite du coeur de votre village (lavoirs, fontaines, églises, chapelles, etc…)
  • Visite de votre moulin ou de votre ferme
  • Conférence et concert
  • Marché de dégustation (produits du terroir)
  • Démonstration de savoir-faire
  • Animation pour la mise en valeur de votre petit patrimoine

Pour tout renseignement complémentaire : flvary@orange.fr ou 06 08 53 49 29

Inscriptions ouvertes jusqu’au 12 juin 2022 !
 Chers organisateurs,Vous aviez participé aux anciennes éditions des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins : il est encore temps de s’inscrire et de rejoindre la programmation !  
 Découvrir la programmation 
 Durant deux jours de festivités, faites découvrir votre patrimoine aux visiteurs en créant une animation : visite, circuit-découverte, conférence, concert, marché de dégustation, ateliers, démonstrations de savoir-faire… Ce sont chaque année 100 000 visiteurs qui découvrent villages, moulins, fermes, lavoirs, chapelles et bijoux de notre patrimoine au travers de visites, expositions, conférences, démonstrations de savoir-faire et autres animations hautes en couleurs. Les JPPM rassemblent associations, particuliers, élus et bénévoles qui souhaitent partager avec le plus grand nombre la passion de leur patrimoine.
 Au plaisir de vous retrouver dans notre programmation 2022 !   
 Inscrire une animation 



A PROPOS DE L’ANIMATION


Région :
Département :


Coordonnées GPS
Latitude :
Longitude :


Nature de l’animation :
Visite d’un site / Circuit découverte-randonnée / Exposition / Conférence / Démonstration de savoir-faire / Marché dégustation / Animation jeune public / Célébration festive / Autre : …


Titre de l’animation :
Description : 
Lieu d’accueil du public : 
Code postal : 
Commune : 


Date : 25 / 26 / 25 et 26
Gratuit ou Payant : quel tarif ?
Horaires :


Coordonnées
Nom du contact :
Téléphone :
Mail :
Site web :
Facebook :


INFORMATION DU L’ORGANISATEUR


Nom et prénom du particulier ou nom de la structure :
En partenariat avec : 
Prénom :
Nom :
Adresse :
Code postal :
Commune :
Téléphone :
Email :
Type de structure :


Appartenance à un réseau : AMRF / AFMA / FFAM / Fondation du patrimoine / MPF / Fédération Patrimoine-Environnement / Petites Cités de Caractère / REMPART / Aucun / Autre :


Première participation : oui / non


KIT DE COMMUNICATION ;


Merci de nous indiquer l’adresse postale (si différente) à laquelle envoyer le kit de communication.


Nom et prénom : 
Adresse :
Code postal :
Ville :
 
Ninon d’Epenoux, Assistante chargée de projets
En charge des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins
Patrimoine-Environnement (lur-fnassem)
Le réseau national au service des patrimoines et des paysages

6-8 passage des 2 Soeurs 75009 Paris – 01 42 67 67 51
http://www.patrimoine-environnement.fr

Nouvelles Meunières n°47

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Présentation du numéro des Annales des Pays Nivernais 

« Les Nièvre et leurs moulins »

Le Journal du Centre l’a annoncée le 30 mars 2022, mais sous un titre surprenant : « Les sanglots longs des moulins nivernais ». Un article d’une demi-page résumant l’histoire des moulins dans la Nièvre (par exemple il rappelle que l’enquête de 1809 recensait 800 moulins à eau).

L’article du 5 avril 2022 annonçant la mise en service de la « mini-turbine » de Guérigny est plus attirant : « Une mini-turbine pour sortir du fossile ». Il rappelle que l’investissement, par le SIEEEN, est de 650 000 €. La turbine devrait procurer de l’électricité équivalente à la consommation d’une « centaine de foyers ».(hors chauffage). Elle est vendue à Enedis et injectée dans le réseau général.

Le 8 avril 2022, Le Journal du Centre rend compte de la présentation du numéro 184 des Annales dont j’ai assuré la promotion aux Forges de Guérigny.

Désastres de la continuité écologique

Le Monde des Moulins, revue de la FDMF, d’avril 2022, contient des articles très pertinents pour nous fournir des arguments contre l’administration :

. La continuité sédimentaire, une approche critique.

. Et si on parlait aussi de continuité patrimoniale.

. Quelques réflexions pour asseoir le débat sur la continuité écologique.

. La place des moulins au sein d’un site Natura 2000.

« La rivière Aron mise sous protection » : tel est le titre d’un assez grand article du Journal du Centre. Il annonce que l’Agence de l’Eau et le Parc Régional du Morvan vont y consacrer 775 000 €. Diverses mesures concernent  par exemple la remise en état des berges. Evidemment il est question de supprimer « les plans d’eau envahis par la vase », toutefois étant précisé que ce sera « en accord avec les propriétaires ». A noter : 250 000 € sur trois ans vont revenir à l’aménagement ou l’effacement des barrages ».

A Vermenton, dans l’Yonne, il y a un grand barrage sur la Cure « érigé en 1888 et rénové en 1997 », il sert à l’alimentation du canal du Nivernais, ce pourquoi il est géré par l’administration du canal. Seulement voilà, vu l’instabilité du cours de la Cure, entre autres à cause des grands barrages loin en amont (les Settons, Chaumeçon et Le Crescent), sa gestion nécessiterait un suivi. On n’y a pas pensé quand on l’a rénové en 1997, mais on l’a doté d’une belle passe à poissons… Mais c’est un bel échec, l’essentiel de l’eau passe par le déversoir de trop-plein, au grand dam des pêcheurs. (Yonne Républicaine, 4 avril 2022).

Actualité des énergies renouvelables

Le Parc Naturel Régional du Morvan « soutient une initiative proposée par le Conseil associatif et citoyen » : aider tout projet portant notamment sur « la préservation de la biodiversité, l’économie sociale et solidaire, l’écocitoyenneté ». Un budget de 6 000  €  est réservé à cette action. Personnellement tout projet de préservation d’une zone humide, en particulier en amont d’un barrage, et tout projet d’hydroélectricité devrait être éligible .

Mais bon, ne désespérons pas. D’autres initiatives sont plus positives. Pour la Pentecôte, Decize organise un « Marché écobio », au cours duquel les exposants pourront proposer « des équipements pour les énergies renouvelables ». (Journal du Centre 12 avril 2022)

Au niveau international : la revue Néoplanète pose la question : « Et si les océans nous sauvaient ? » Elle met en avant que la mer, par ses mouvements divers et ceux de ses courants, est en théorie génératrice d’énergie. Elle met en exergue le potentiel théorique « thermique », qui fait l’objet de recherche. Pour l’instant, on exploite cette énergie en disposant des éoliennes géantes en haute mer et en posant des hydrauliennes. On a une pensée pour l’énergie marémotrice : nos estuaires comme ceux des Etats-Unis et de plusieurs autres pays ont connu des « moulins à marée » ; dans un bulletin il y a quelques années j’avais évoqué celui qui se visite encore au Portugal, et dans un autre numéro Jean-Claude  Néant nous avait parlé de ceux dont demeuraient des vestiges en Bretagne. La force de la marée est encore utilisée en France à l’usine marémotrice de la Rance, en Bretagne, justement ; je me rappelle de son inauguration dans les années 1960 par le général de Gaulle, alors Président de la République ; elle avait coûté si cher eu égard à la production attendue qu’un observateur avait commenté : « On n’en construira pas d’autre « .

Au niveau national, surprenant article d’une demi-page dans Le Journal du Centre du 13 avril : « Quand les énergies vertes rapportent ». Il expose que certes des politiciens déplorent les « subventions » accordées à la production d’énergies renouvelables, dont  certains accusent l’éolien d’être « cher et inutile ». Mais il note que comme le prix de l’énergie est en train d’exploser à cause de la situation internationale dont la guerre en Ukraine, l’État récupère : « 6 milliards nets versés par les exploitants ».  En effet, comme le système consiste à un complément de rémunération lorsque le prix de production est supérieur à celui du marché, lorsque survient l’inverse, « c’est le producteur qui verse à l’État la différence ». 

Éolien

Au niveau national

Le Journal du Centre du 15 mars 2022 annonce : « Deux parcs offshore flottants devraient voir le jour d’ici à 2030 en Méditerranée, l’un à Port-la-Nouvelle dans l’Aude, l’autre à Fos sur Mer dans les Bouches du Rhône.

Au niveau régional : « L’éolien mise sur les entreprises locales ». Pour faciliter l’acceptation des éoliennes par la population, on met en avant que leur édification devrait faire travailler des gens du cru. (Yonne Républicaine 26 février 2022).

Il est vrai qu’on est dans une période de turbulences. 

 On tend à reculer devant les difficultés que rencontrent les projets éoliens, dont témoigne la couverture de Bourgogne Magazine de février-avril 2022 : « Eoliennes, le vent de la colère ». Un grand article de plusieurs pages donne la parole aux adversaires de l’éolien, et un autre donne la parole à la responsable de la politique énergétique au sein de la région Bourgogne-Franche-Comté.

 « L’Eolien à l’aube d’une forte accélération » titre l’Yonne Républicaine du 17 janvier 2022, mettant en exergue : « 19 parcs éoliens sont en fonctionnement dans l’Yonne », département où plusieurs autres sont en préparation, malgré des réticences marquées dans certaines zones.

Au niveau départemental :

L’Yonne Républicaine du 14 mars publie aussi le grand article double-page « Le vent tourne pour l’énergie éolienne » (que j’ai évoqué dans des Nouvelles meunières précédentes suite à sa parution dans le Journal du Centre). Il insiste sur les oppositions qui se manifestent de plus en plus vivement, mais il rappelle que globalement l’opinion publique française est favorable à cette technique d’énergie renouvelable. A l’appui de ses critiques, l’Yonne Républicaine propose la photo d’un clocher historique dominé par deux éoliennes géantes.

L’opinion du département de l’Yonne se confirme comme souvent hostile à l’éolien :

. Dans le nord du département, à Pont sur Yonne, « Mobilisation générale anti-éolienne » contre 4 projets qui semblent assez importants. (Yonne Républicaine 19 mars).

. A Cussy les Forges, l’association des adversaires ayant perdu en justice, les 5 éoliennes sont désormais construites. Néanmoins elle cherche d’autres moyens juridiques pour lutter. (Yonne Républicaine 9 mars).

Dans la Nièvre, de petites éoliennes sont de plus en plus utilisées à Pouilly pour essayer d’empêcher le gel matinal qui peut endommager les bourgeons de vigne. Très petites, elles n’ont que 2 pales. (Journal du Centre 5 avril).

Néanmoins « L’éolien n’a plus le vent en poupe dans la Nièvre » : « Encore très favorable au développement des parcs éoliens dans la Nièvre il y a quelques années, le SIEEEN est aujourd’hui beaucoup plus réservé. Les conflits incessants avec les riverains, les polémiques et le s désaccords politiques, y compris au sein des majorité de gauche départementale et régionale font que cette question est devenue sensible. Il n’y aura vraisemblablement plus de parcs éoliens développés dans la Nièvre », dit quelqu’un au journaliste (Journal du Centre 3 avril).

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Nouvelles meunières n°46

Non classé

Rédaction : Philippe Landry

Parution 

Les Nièvre et leurs moulins.

C’est une courte synthèse (en 36 pages avec beaucoup d’illustrations) des 5 cahiers que nous avons consacrés aux Nièvre et à leurs moulins (les Nièvre c’est-à-dire la Nièvre tout court, la Nièvre de Champlemy et la Nièvre, d’Arzembouy, la Nièvre de Bourras, celle de St-Franchy et celle de St-Benin des Bois, sans préjudice de la Petite Nièvre). Rappelons que cet ensemble demeure sur notre site ammn.info.

M. Mansuy, directeur de la Camosine qui édite les Annales, est venu en personne le présenter à notre assemblée générale du 12 mars, jour même de sa sortie.

Une présentation officielle à la presse sera faite sur le site de la nouvelle turbine de Guérigny le 31 mars, et une autre à Prémery en mai.


Notre assemblée générale s’est tenue le 12 mars à La Charité.


Elle s’est très bien passée. Jean-Pierre Azéma, universitaire historien des moulins et « docteur en géographie » a fait une très bonne conférence sur l’intérêt des « seuils » sur les rivières (il préfère parler de « chaussées »). Il nous a fourni beaucoup d’’arguments, de valeur scientifique, pour lutter contre les technocrates partisans de la continuité écologique..  Il a aussi évoqué les perfidies légales qui entravent ceux qui prétendent produire de l’électricité : par exemple il leur faut se relier au réseau et avoir deux compteurs, lesquels coûtent cher. 

Le repas préparé par un jeune traiteur de La Chapelle-Montlinard (Cher) était très bon.

Le Journal du Centre rend compte de nos travaux dès le lundi 14 mars, faisant preuve d’une rare célérité.

Le compte-rendu sera disponible prochainement.


Conte

Je me rends compte que nombre de nos adhérents sont mal desservis par internet et même le téléphone. C’est pourquoi à la fin de ce numéro des nouvelles meunières je joins un conte, « Le sous-préfet aux champs… du café ».


Désastres de la continuité écologique

Dans l’Yonne, à Mézilles, les habitants se mobilisent contre un projet aussi stupide que coûteux : détourner une rivière pour mieux ensuite supprimer des seuils. (Yonne Républicaine 12 juillet 2021).

Les fédérations de pêche face à leurs contradictions : elles organisent des tournois de pêche dans des plans d’eau (eaux stagnantes)ou en en aménagent. C’est ainsi que le Journal du Centre consacre deux tiers de page à ce considérable évènement :

« Le carpodrome de Cercy-la-Tour. inauguré avec le parcours de pêche ». Un bel article avec 5 photos pour célébrer la naissance d’un magnifique plan d’eau relié à l’Aron. 160 000 euro investis, mes pauvres ! On y met 3 tonnes de carpes et 300 kg de tanches. En plus des travaux ont été faits pour faciliter la pêche dans la partie du canal du Nivernais traversant Cercy.

Au passage, le journaliste répercute une expression que tout le monde comprend sûrement : « Il s’agit de pêche uniquement no-kill ». Nous sommes quelques-uns à l’association Moulins à nous amuser chaque fois que quelqu’un prétend adapter une expression anglaise, car en général c’est faux, quand ce n’est à contre-sens. (Journal du Centre 10 mars 2022).

Actualité des énergies renouvelables

Éolien

Niveau national :

A propos des élections présidentielles, Centre-France consacre deux pages entières à ce débat : « Le vent tourne pour l’énergie éolienne », au sens où il est en train de tourner au vinaigre. Au départ tout le monde était d’accord pour développer cette énergie renouvelable. Mais voilà, comme le dit quelqu’un :

« Tout le monde veut de l’éolien mais personne ne veut que ce soit sur son terrain ».

« Les politiques ont bien compris la grogne qui montait des campagnes à ce sujet et se montrent pour la plupart très frileux sur le développement de l’éolien. »

Comme au départ c’est une idée écologique (puisqu’elle économise les énergies d’origine fossile), les écologistes sont favorables à l’éolien… au niveau national. Après, localement, c’est parfois une autre chanson.

D’aucuns candidats sont réticents à l’éolien terrestre mais favorables au maritime… Sauf que là non plus ça ne va pas de soi pour les pêcheurs et autres amis de la faune de mer.

Dans l’Yonne :

Un projet autour de la commune morvandelle de Cussy les Forges suscite des oppositions. Une association d’adversaires ayant perdu en première instance son procès contre l’arrêté préfectoral l’autorisant, saisit la cour administrative d’appel : seulement ce recours n’étant pas suspensif, le promoteur du projet commence les travaux. De ce fait les opposants ont opéré une manifestation à Avallon. (Yonne Républicaine  13 décembre 2021).

A Villeneuve la Guyard, où on est d’accord pour développer les énergies renouvelables, on commence à débattre d’un projet d’éoliennes. « Le conseil municipal a validé le principe d’une étude de faisabilité… Un dialogue va donc être engagé avec les Villeneuviens. » (Yonne Républicaine 20 décembre 2021)

Autour de Taingy, un projet de 20 éoliennes suscite une vive opposition : une pétition est en train de circuler.

Photovoltaïque

Dans la Nièvre :

A La Machine, le projet de champ photovoltaïque sur une ancienne décharge se précise, le conseil municipal ayant voté la modification qui était nécessaire du « plu ». (Journal du Centre début mars).

A Donzy les Jeunes Agriculteurs du Donziais portent un projet de centrales solaires : « Face à l’impact du changement climatique sur les productions agricoles actuelles, nous devons diversifier nos exploitations. Le choix se tourne vers la création de centrales solaires photovoltaïques ». Le site couvrirait 20 ha. Le conseil municipal a pris connaissance de ce projet (8 mars 2022). La photo qui accompagne l’article montre le site comme au milieu de la forêt.

Dans l’Yonne :

Dans l’Yonne

Un nouveau projet photovoltaïque divise les habitants à Monéteau. Il est question de disposer 17 400 panneaux sur 9 ha « sur une ancienne ère de stockage de boues d’épuration et de déchets inerte » (là ça ne pose pas de problème), mais aussi sur une partie classée en zone agricole. Une enquête publique est en cours, le conseil municipal commence à débattre, le maire est sceptique. (Yonne Républicaine 9 février).

« L’agrivoltaïque séduit dans l’Avallonnais » : des agriculteurs de trois communes riveraines de la Cure, du côté d’Arcy sur Cure, souhaitent poser des panneaux solaires sur quelques parcelles, mais de telle façon qu’entre eux des moutons puissent paître. Ils estiment que cela leur permettrait de cultiver plus « bio » dans les autres parcelles. Surtout cela leur assurerait un revenu complémentaire, bien utile en ces temps difficiles pour les producteurs locaux, « on a des sols d’une très faible valeur agronomique », et que les variations des cours des céréales se font parfois à leurs dépens. Des adversaires se manifestent, arguant que cela nuira au paysage autour de Vézelay. (Yonne Républicaine 16 février).

De nouveaux agriculteurs souhaitent produire de l’électricité grâce aux photovoltaïque sur des terres qui ne leur rapportent pas assez : cela se passe autour de Noyers sur Serein. On comprend leur préoccupation, vu la diminution des revenus de l’agriculture. Mais des adversaires soutiennent que ça va enlaidir les environs de la jolie petite ville historique de Noyers, et supprimer des bonnes terres agricoles. (Yonne Républicaine 20 janvier 2022).  

Dans la Nièvre aussi des oppositions se manifestent. C’est ainsi qu’à Champvoux, près de La Charité sur Loire, le conseil municipal refuse d’autoriser « l’étude de faisabilité » d’un projet d’agrivoltaïque (ce qui, précise l’article, n’empêchera pas la poursuite du projet en question). ((Journal du Centre 12 mars 2022).

Méthanisation :

« Des associations s’élèvent contre l’unité de méthanisation en projet à Etaule près d’Avallon », que le préfet a autorisé par arrêté. Ses partisans, des agriculteurs locaux, soutiennent qu’il s’agit d’une « activité de déconditionnement des matières organiques alimentaires… » pour « traiter ces déchets, et produire du méthane qui, une fois épuré, serait injecté dans le réseau ». Il y aura aussi « une unité de liquéfaction du biogaz et une station pour alimenter des véhicules ».  « C’est un projet industriel et non écologique » disent ses adversaires qui craignent que vu sa taille, qui leur paraît énorme, l’atelier en question devra importer des déchets d’ailleurs, en grande quantité, d’où des nuisances qu’ils redoutent de voir considérables. Ils saisissent les tribunaux administratifs.

A Charbuy, la commune compte sur une « chaufferie biomasse » pour bientôt arriver à diminuer les frais de chauffage de ses locaux (gymnase, mairie, bibliothèque, restaurant scolaire, etc…) Investissement de 630 000 € dont 130 000 à la charge de la commune. (Yonne Républicaine 19 février 2022). 

Journaux

Le Journal du Centre :

16 février : 

. Une demi-page consacrée à l’assemblée générale de nos amis de l’association qui s’occupe du moulin des Eventées à St-Pierre le Moûtier, avec photos du bureau présidentiel et du moulin. La « maison du meunier », rénovée, va être réaménagée. Francis Lefebvre-Vary a participé à l’assemblée générale et félicité les dirigeants.

. Hommage à Jeanne Pautrat, qui vient de s’éteindre à l’âge vénérable de 105 ans. Elle adorait faire visiter les vieux monuments du Donziais. Elle publia un petit livre « La vallée du Nohain, ses villages, ses moulins… ».

L’Yonne Républicaine :

30 décembre 2021 : à Vaudeurs subsiste une magnifique éolienne  Bolée : l’article évoque les ravages opérés par les eaux de ruissellement.

17 janvier 2022 : parution du bulletin des Amis du Patrimoine de la Vallée de la Vanne 2021 », (dans le secteur de Sens), 248 pages dont un article sur « le moulin médiéval de Chigy ».

A Auxerre, on va reconstruire le « barrage à aiguilles » du Batardeau, qui servit longtemps au moulin de ce nom, mais sans les aiguilles, d’un maniement trop compliqué. Au moins le barrage est sauvé. (Yonne Républicaine 14 février 2022).

Télévision

Le 6 mars 2022, ARTE a diffusé un beau documentaire sur le grand peintre impressionniste Pierre Auguste Renoir, célèbre pour son « Bal du Moulin de la Galette ». On a pu voir des images de l’établissement qui subsiste ; de la cour on aperçoit les beaux restes des deux petits moulins à vent qui étaient dits de la Galette. Contrairement au « Moulin Rouge », situé plus bas à Pigalle, ils ont vraiment travaillé le blé.

Recherches

Sur les moulins du Serein (Côte-d’Or et Yonne)

Un adhérent de notre association ayant demandé ce que nous avions sur les moulins du Serein, nous travaillons sur ce dossier. 

Le Serein naît en Côte-d’Or dans le Morvan des environs de Saulieu ; il y reçoit notamment l’Argentalet, superbe rivière morvandelle qui traverse notamment la Roche en Brenil et anima le beau moulin de Villerin, entre autres…

Dans un livre intitulé « Catalogue des Cartes et Plans anciens volume 1. Archives départementales de l’Yonne. », que j’ai pu consulter à celles de Nevers, j’ai noté les références de ces cartes et plans (j’ai peut-être ici et là mal noté le nom du moulin). L’idéal serait que des adhérents domiciliés du côté d’Auxerre essaient de les étudier et de les photographier pour compléter notre petit dossier.

Angely : moulin de Marzy, 140 n°2.

Chablis 422.

Civry sur Serein Moulins de Villiers le Tournon 805. 

Hauterive moulin 236.

Héry Moulins des Baudiers 140 n°22.

Maligny moulin 138 n°7, et 194.

Poilly sur Serein moulin 140 n°34

Pontigny moulin 140n°35, bief 586, et H1516 « nouveau lit de la rivière, bief du moulin » et H1539 plan du finage de Venouze, moulin du Gastelot, rue du Bois.

Seignelay moulin 105 (Seignelay n’est pas sur le Serein mais me semble-t-il sur un de ses affluents).

Si des adhérents de l’Yonne pouvaient fouiller les dossiers de la série S (règlements d’eau) des communes le long du Serein, avec photos à l’appui, cela améliorait également notre petit dossier. S’il devient assez conséquent, nous pourrons envisager de le mettre sur notre site.

Recherches sur les moulins de la Vrille

Nous travaillons sur les moulins de la Vrille, qui commence à Treigny dans l’Yonne et se poursuit dans la Nièvre jusqu’à Neuvy-sur-Loire. Si des adhérents ont des informations, nous sommes preneurs.


Je vous ai promis un conte  : voire page ci-après

Le sous-préfet 

aux champs… du café

par Philippe Landry

Le tout nouveau sous-préfet était penché sur la carte de l’arrondissement, l’annuaire ouvert sous sa main droite… Dans la liste des communes disposant encore d’un café, il en repéra une, au fin fond d’une vallée : c’est là, décida-t-il, que, escorté de quelques gendarmes, il se rendrait dès le lendemain. Il donna les ordres en conséquence à la secrétaire. Celle-ci envoya un message internet et un SMS à la gendarmerie compétente pour le village en question, et au maire afin que celui-ci le reçût comme il sied.

C’est qu’il tenait à faire savoir comme il était attaché que l’on appliquât avec rigueur toute la loi sur le « passe sanitaire », notamment dans les bistrots et les restaurants. Cela y compris dans les arrondissements comme celui-ci symboliques du dépeuplement de la France rurale. Par exemple dans les villages : est-ce qu’on y respectait bien les ordres du gouvernement ? Ne disait-on pas qu’en maints lieux reculés le gendarme du coin se contentait de jeter un œil dans la salle : « ça va ? Tout le monde va bien ? Allez, bonne journée à tous ! ».

Il vérifia que le message avait valablement été envoyé par internet. C’est que c’était un féru de cette merveilleuse technologie ; c’est bien simple, il ne jurait que par elle.

Donc le lendemain matin dès potron minet, trois gendarmes étaient devant la mairie quand la voiture du sous-préfet s’y présenta, l’important personnage étant à l’arrière.

– Monsieur le Maire n’est pas là ?

– On nous dit qu’il ne va pas tarder à arriver, répondit le brigadier.

– Hé bien quand il me demandera quelque chose, j’aurai la même réponse ! dit le sous-préfet d’un joli mouvement de menton. 

On se rendit au café. Il y avait là la tenancière, une femme toute maigre et sèche dite « la Mère Darral », et quatre vieux gars occupés à jouer aux cartes – exactement à la manille. Lecteur, à propos, savez-vous jouer à la manille ? J’ai « tapé le carton » à ce jeu-là il y a quelque 60 ans, mais maintenant je suis bien incapable de, comme on disait, « manier le manillon ». Bref, nos bons vieux… c’est à peine s’ils levèrent les yeux aux nouveaux arrivants.

– Madame et Messieurs, bonjour !

– Bonjour Messieurs, répondirent modestement les occupants du bistrot.

Les gendarmes, ils les connaissaient vaguement de vue, et peu les inquiétait ce petit jeune homme fluet, tout étriqué dans son costume foncé à cravate claire. Il en fallait plus pour les détorber  : ils demeuraient comme confinés à leur jeu.

– Je me présente, Madame et Messieurs : je suis votre nouveau sous-préfet. Madame, avez-vous bien vérifié les attestations de ces messieurs ?

– Pour la vaccination ? Bah ! Je sais tout, par chez nous : qui est vacciné et qui ne l’est pas, alors votre papier avec l’affreux carré noir, je ne le demande à personne d’ici.

– Madame, ce n’est pas satisfaisant.

La vieille dame lui tendit le flacon de gel hydro-alcoolique.

– Hé ben Monsieur le Sous-Préfet, faîtes donc comme votre prédécesseur Ponce Pilate préfet de Jérusalem : commencez par vous laver les mains !

– Ne vous fâchez pas, Madame, je disais cela  avec tout le respect que je dois à vos cheveux blancs.

Chœur des partisans du passe sanitaire : Où va se nicher la perfidie de nos adversaires : ils réduisent Ponce Pilate au titre de préfet alors qu’il était procurateur !

Le sous-préfet et les gendarmes se passèrent les mains au gel, soigneusement.

– A nous, Messieurs, que nous contrôlions que chacun de vous a bien son attestation conforme.

Il sortit son smartphone tout neuf.

Les vieux gars fouillèrent leurs vestes . Ils présentèrent chacun son document plus ou moins soigneusement plié. Les 4 feuilles semblaient d’aspect réglementaire. Semblaient seulement, aux yeux de l’élégant haut-fonctionnaire.

C’est en personne que le sous-préfet confronta la première à son smartphone.

Rien.

Il insista : derechef l’appareil s’abstint de toute réaction.

Il essaya les autres feuilles : échec avec toutes.

– Vous ne semblez pas en règle, Messieurs.

Chœur  des vieux gars indifférents car absorbés à leur jeu : Ah bon ?

Chœur  des lecteurs ennemis du passe sanitaire : Comme si leurs satanés engins étaient infaillibles ! Est-ce qu’il n’était pas en panne, le foutu smartphone de ce Ponce Pilate ? Ou sa pile : est-ce qu’il avait bien vérifié qu’elle avait encore du jus ?

Le brigadier essaya à son tour. Toujours rien.

Le moins vieux du vénérable quatuor intervint alors :

– Sauf votre respect, Monsieur le Sous-Préfet, « on » a juste oublié de vous prévenir : ici point ne marchent vos bidules électroniques, attendu qu’on est trop au fond de la vallée pour qu’on puisse comment ils disent… Ah oui : « capter ».

Voilà une difficulté que le jeune homme n’aurait envisagé : pour lui, internet était le sésame universel qui ouvrait tout et partout.

– Mais on ne vous retarde pas, allez : on vous confie nos papelards, et vous pouvez aller accointer le maire là-haut sur le Mont-Chauve. Il y monte en pèlerinage tous les matins avec ses appareils pour voir et enregistrer tout ce qu’il a reçu la veille, aussi bien téléphone qu’internet. 

Le sous-préfet : !

– C’est facile, continua le vieux bonhomme : vous prenez le petit chemin derrière l’église et vous montez. Bon, vous n’avez pas les godillots à crampons qu’il faudrait vu la caillasse et la gadoue, mais vous savez, ça vous fera un bon exercice matinal. Comptez la demi-heure, quoi. Pour l’aller seul, je veux dire.

Le sous-préfet demeura abasourdi. Et puis de toute façon : lui, aller quelque part autrement qu’en voiture ?

– Dites-moi, Monsieur le Sous-Préfet, dit la Mère Darral, est-ce que je vous fais un café ? Je vous l’offre sans vérifier que vous avez bien votre attestation.

L’important jeune homme préféra se retirer avec toute son escorte, sans emprunter aux vieux gars leurs attestations pour les vérifier là-haut, sur le maudit Mont-Chauve : on aurait cru qu’il avait l’impression qu’il y devait y faire encore nuit et que des sorcières y dansaient sabbat.

Comme il allait se réfugier dans sa voiture, se présenta un bonhomme à peine moins âgé que les précédents, nanti d’un grand sac à dos, vêtu de lourdes chaussures et hautes chaussettes recouvrant le bas du pantalon, et armé d’un long bâton surmonté d’une petite gourde.

– Ah ! Monsieur le Sous-Préfet ! Que je me présente, je suis le maire. Je viens à l’instant de lire vos messages, là-haut sur le Mont Chauve, où j’étais à mon pèlerinage quotidien. Je suis descendu aussi vite que j’ai pu, même que j’ai failli glisser droit sur le fondement. Voulez-vous que je vous fasse visiter notre petite mairie ? Nous avons tous les appareils qu’il faut pour recevoir le téléphone et la 3G… Non la 5G… Enfin je ne sais plus, je n’y connais que couic. On compte arriver à recevoir tout ça bientôt… Mais vous savez, nous ne vous bousculons pas : nous avons confiance que vous ferez tout votre possible… Et ma foi, vous aurez peut-être plus de chance que vos prédécesseurs… Si tout va bien, quelques mois, c’est vite passé. Et la pandémie sera finie d’ici là.