par Philippe Landry
Les désastres de la continuité écologique
Le Canard Enchaîné du 13 janvier 2021 interpelle le gouvernement et l’administration. Le projet de loi « Climat » est muet sur l’hydroélectricité alors qu’elle a un fort potentiel de production ; il est regrettable que l’État ne facilite pas et n’encourage pas les projets. Dans l’Eure, l’Agence de l’Eau n’a pas hésité à dépenser 1,25 puis 4,7 millions d’euro pour détruire le barrage et les installations qui produisaient de l’électricité à Pont-Audemer. Les poissons migrateurs dont l’administration prétend faciliter la circulation n’en ont généralement pas besoin (l’exemple des anguilles est cité : quand elles arrivent devant un barrage, elles se faufilent dans l’herbe). Le Canard énonce de nombreux cas où des chaussées ont été supprimées, avec un coût élevé pour le contribuable. Quand elles ne le sont pas, l’administration a tout un arsenal pour intimider les propriétaires de moulin (le Canard cite des exemples).
Menaces sur un joli petit étang qui ne demande rien à personne
1er février : le Journal du Centre livre un grand article : « Quel avenir pour l’étang du Corvol? », assorti d’une très belle photo. Cet étang est situé dans le secteur Brinon-sur-Beuvron, Tacconay, Grenois, Chazeuil. Il fait le plaisir des habitants et des pêcheurs locaux. L’article dit qu’il est en danger parce que la digue présente quelques défauts, la petite passerelle où un pêcheur peut s’installer est en mauvais état, et paraît-il les trous des ragondins rendent dangereuses les berges pour les promeneurs. Donc des travaux sont nécessaires, d’un montant avoisinant les 500 000 €. Parmi les solutions envisagées : la suppression pure et simple de l’étang, ce qui serait dommageable pour tout le monde… et d’abord pour les pompiers, susceptibles de s’approvisionner en eau facilement en cas d’incendie.
Actualité des énergies renouvelables
Dimanche 14 février, toute une page sous le grand titre « Energie », avec pour article principal « La seconde vie des centrales nucléaires ». Il évoque le «carénage » des dites centrales, lequel consiste à les rénover de telle sorte qu’elles produisent 10 ans, voire 20 ans de plus qu’il n’était prévu. Cela mobilise quelques milliards d’euro. Parmi les centrales visées figure celle de Belleville sur Loire, située dans le Cher, mais en fait en face de Neuvy sur Loire dans la Nièvre ; d’ailleurs les travaux pourraient en théorie être effectués par des entreprises des environs de Cosne-sur-Loire (cela intéresserait plusieurs centaines d’ouvriers). Tout en bas de la page, parole est donnée aux « anti-nucléaires » ; ils expriment leur inquiétude quant à la sécurité des travaux à effectuer et celle des centrales une fois qu’ils seront achevés. Il font valoir que les milliards investis auraient pu l’être dans les énergies renouvelables.
Eolien
Yonne : Le département de l’Yonne continue d’être prisé par les installateurs d’éoliennes géantes, mais une certaine lassitude à ce sujet commence à se faire jour. En témoigne l’article de l’Yonne Républicaine du 22 décembre 2020, dans lequel un maire fait part de son sentiment de « saturation ». Cela posé, l’article fait le point sur les projets en cours de réalisation, mais aussi les résistances de plus en plus vives que certains autres suscitent ; c’est ainsi qu’un projet de 5 éoliennes le long du Serein a été refusé par la Préfecture suite à l’action d’une association, et que le tribunal administratif vient d’annuler l’autorisation préfectorale donnée pour le projet de Vireaux. Cependant, le long de l’Armançon, le projet d’une vingtaine d’éoliennes de 240 mètres vient d’être lauréat du « Trophée de la participation et de la concertation » pour la manière dont il est préparé, ce qui d’ailleurs ne fait rien préjuger de son acceptation ou non par la Préfecture.
Le lendemain 23, un nouveau grand article fait état du projet autour de La-Celle-St-Cyr, à propos duquel la « concertation » avec les élus locaux et la population semble moins satisfaisante.
Nièvre : les oppositions sont beaucoup plus fortes dans la Nièvre, département il est vrai moins venté que l’Yonne. Le 13 janvier, le Journal du Centre annonce que les sociétés Bayware et Soléol envisagent de « développer des projets éoliens » dans les Amognes, mais que des associations hostiles à ce projet, se créent et préparent déjà des pétitions.
Solaire
On vient d’évoquer la commune de Vireaux. Elle présente aussi la particularité qu’une ancienne carrière de chaux pourrait accueillir un parc photovoltaïque « d’une puissance de 30 mégawatts », tout en hébergeant à côté un parc de loisir ; la photo montre que la-dite carrière jouxte une belle forêt. (L’Yonne Républicaine, 23 décembre 2020).
Le Journal du Centre du 12 janvier 2021 annonce que commence l’aménagement à Decize de la centrale photovoltaïque de la « zone du Four à Chaux », laquelle contiendra 63 300 panneaux. On espère qu’elle produira dès le mois de juin.
Le dimanche 14 février, il annonce un projet de « centrale voltaïque à la Sangsue » « sur 10 ha de terrains louables de l’aéroport de Nevers-Fourchambault » ; cette centrale « pourrait être opérationnelle d’ici la fin de cette année ».
Méthanisation
Le 25 janvier, le Journal du Centre relate qu’un projet de méthaniseur à Cosne-sur- Loire, côté Villechaud, suscite une levée de boucliers des voisins ; en effet, des agriculteurs souhaitent le créer, mais les voisins mettent en avant les nuisances, semble-t-il; importantes qu’il engendrerait. Le maire de Cosne est en attente de connaître le projet dans sa globalité sachant qu’il n’aura qu’un avis à formuler puisque que la décision relève d’une administration de l’Etat.Le 12 février, le quotidien donne la parole aux auteurs du projet, lesquels organisent une réunion le 13 pour « expliquer de A à Z le projet de méthaniseur ».
Journaux
Le Journal du Centre
7 février 2021 : nos amis du moulin des Eventées de St-Pierre-le-Moûtier s’emploient à embellir le site du moulin, notamment en plantant un noisetier (comme le montre la photo jointe à l’article). L’association conserve 65 adhérents et maintient ses projets, dont la traditionnelle fête annuelle au moulin du jeudi de l’Ascension, et une reprise des visites le 25 avril.
Le même jour, le supplément Fémina contient un reportage sur les Iles Vierges britanniques, un archipel des Antilles qui tira profit de la canne à sucre ; brièvement est évoqué que demeure un « broyeur » de canne, lequel fonctionnait grâce à des ânes.
14 février, supplément Fémina de Centre-France. Vive émotion chez toutes les dames adhérentes à des associations d’amis des moulins en parcourant les pages « mode » de Fémina. Non pas pour l’accoutrement de la gente dame qui pose au premier plan (en « gabardine de coton » et « blouse en guipure de coton », mais on ne voit pas la blouse), mais parce que Madame pose devant un étang, et au fond… Hé bien un bel immeuble, bien sûr, bien blanc, dont on devine que la base est en contre-bas de la digue. ce ne peut être qu’un moulin ! De source autorisée, on apprend que cela est en effet possible. Dans les milieux généralement bien informés, on s’accorde à penser que la partie bétonnée à gauche a dû autrefois porter les vannes du déversoir de trop-plein. Les observateurs soulignent qu’on ne voit plus aucune vanne, donc que le moulin ne fonctionne plus.
16 février : Le moulin de Luzy « transformé en tiers lieu » : c’est la bonne nouvelle annoncée par le Journal du Centre. La municipalité de Luzy a acquis l’ancien « moulin du Pont » pour en faire quelque chose à la disposition de la population. Un encadré résume l’histoire de ce moulin que notre bulletin a plusieurs fois évoquée. Son exploitation a cessé en 1975.
20 février : article sur la Power Road qui « suit son chemin » : il s’agit du projet selon lequel on peut exploiter l’énergie que reçoit une route sur laquelle passe un véhicule. L’article évoque une expérimentation en Corrèze.
L’Yonne Républicaine
24 décembre : sous le titre « Malay-le-Grand l’ancien moulin à blé a été entièrement restauré », l’article raconte que le dit moulin a terminé sa carrière en 1885 quand la ville de Paris l’a racheté avec son barrage pour en faire un site d’alimentation en eau pour elle. La photo montre un joli bâtiment.
29 décembre :
- Sous le titre « Patrimoine : son implantation est attestée depuis le XIIe siècle, l’ancien moulin reprend vie », un article annonçant que l’ancien moulin Darnus, sur le ru de Vallan, a changé de propriétaire… L’ancien moulin de Darnus ? Mais ça dit quelque chose à tous nos amis qui aiment les moulins à huile. En effet, ce fut celui de notre ami Pierre Charrier, à Auxerre, dont nous avons publié force images et documents dans notre numéro spécial sur les moulins à huile. L’article rappelle que son père Henri acheta le moulin en 1936 pour en faire une des plus performantes huileries de l’Yonne, voire de la Bourgogne. La roue dont nous avons publié une grande photo avait été posée en 1957. Rappelons qu’Henri fut président des huiliers de l’Yonne et de la Nièvre sous l’Occupation ; il eut alors fort à faire contre les projets de l’administration de supprimer le plus grand nombre d’huileries possible, cela à la demande des Allemands. Pierre avait une documentation formidable sur les moulins à huile de nos deux départements ; il connaissait bien M. Léveillé, de St-Pierre le Moûtier. L’article expose aussi que le Vallan a animé 5 moulins sur Auxerre : Billy, le Moulin Rouge, le moulin de Bouffaut et le moulin Saint-Martin. A propos du Moulin Rouge, j’ai toujours la photo d’un pot de moutarde qui en venait, marqué « Moulin Rouge » :
- – L’association «Les Amis du Patrimoine de la vallée de la Vanne » consacre son numéro 20 à « l’histoire de la rivière et à la vallée de la Vanne ». L’article n’en parle pas, mais cette rivière rejoint l’Yonne à Sens, où elle a animé divers moulins dont certains importants, dont un foulon. Toute la vallée de la Vanne est bonne productrice de blé, d’où tout le long un certain nombre de moulins. Le numéro 20 près de 260 pages, illustrées.
Revues
Archéologia, janvier 2021
A Autun, on pense avoir découvert le tombeau de Nicolas Rollin, le chancelier du duc de Bourgogne Philippe le Bon. Ayant avec sa femme Guigone fondé les hospices de Beaune ; il acheta un peu plus tard pour le leur offrir le moulin situé juste en amont sur la rivière que les hospices de Beaune chevauchent, la Boulaize. Ce moulin, que les Hospices ne fermèrent que vers 1870, allait être un grand établissement meunier. Il fut démoli vers 1890.
– En Haute-Corse, « un moulin hydraulique dans une ferme antique », commune de Lucciani, découvert au cours de fouilles menées par l’Inrap, « à double roue horizontale ». Ferme antique, cela veut dire avant la fin de l’empire romain, donc 476. Par « double roue horizontale », je suppose que l’auteur veut dire qu’il y a avait deux roues côte à côte.
Archeologia, février 2021
Article sur l’utilisation de l’eau dans un passé lointain, dont celui de la force hydraulique. L’auteur prend l’exemple du moulin de Guédelon, avec une photo de celui-ci.
« Vélo Touk-Touk Mag », un « magazine » gratuit qu’on trouve facilement dans l’agglomération de Nevers mais qui va sûrement augmenter ses points de distribution. Dans une sorte de chapitre « Tourisme », il propose un article intitulé « Le Saut du Gouloux » dont j’extrais : « Tout près de là nous trouvons les ruines de deux moulins, l’un pour faire de l’huile, l’autre pour produire de la farine. L’eau de la cascade étant une force motrice d’un autre temps pour ces derniers ». C’est sympathique d’évoquer les moulins, mais il y a pour moi trois erreurs :
– L’endroit ne s’appelle pas le Saut « du » Gouloux mais de Gouloux, nom de la commune : en effet le ruisseau s’appelle le Bridier.
– « Deux moulins » : ce n’est pas faux, mais juridiquement et économiquement, c’était un seul moulin à deux bâtiment avec chacun sa roue.
– Pourquoi ajouter « d’un autre temps » ? Lorsque le projet de construction de ce moulin en 1807, puis sa réalisation en 1838, la force motrice la plus courante utilisée dans les moulins était la force hydraulique ; très rares étaient ceux donnant la primauté à la machine à vapeur, et la force animale ne concernait que des industries requérant peu de puissance.
Livre
« Moulins du Berry », par Guillaume Cotinat, éditions La Geste.
Très beau livre de presque 300 pages, format un peu moins que le 21 X 29. Enormément d’illustrations. La couverture attire l’attention. En bas le fameux moulin d’Angibaut, illustre grâce au roman qu’y situa George Sand, « Le meunier d’Angibaut », le dit moulin se trouvant à quelques kilomètres de sa maison de Nohant. On remarque une grande et belle roue ; on peut supposer que l’homme en blanc est le meunier (souvent le meunier d’autrefois était vêtu de coutil blanc), à sa droite une dame bien mise, sans doute l’épouse du meunier, à gauche un chariot à bâche blanche, le cheval étant tenu par un homme à casquette blanche, sans doute le commis du moulin qui se prépare à partir en tournée. En admettant que les personnages mesurent 1,60 ou 1,70 m, et constatant qu’ils sont un peu plus petit que le rayon de la roue, on peut penser que le diamètre de celle-ci est de 4 mètres.
Au-dessus, photo d’un moulin du Berry … qui nous surprend, nous Nivernais : quelle ressemblance avec le moulin du Commandeur à Donzy !
Très beau livre, donc, avec moult illustrations de toutes sortes, mais uniquement sur les moulins à eau.
« Victor Hugo : Dessins », par Gérard Audinet, édité par Paris-Musées.
La Médiathèque de Nevers propose cet ouvrage magnifique. Victor Hugo était capable de dessins extraordinaires, non sans parfois annoncer l’art abstrait. Un seul moulin dans ce volume, page 305, ,il s’agit du moulin à vent de la route de Courtray à Ypres, en Belgique, dessiné en 1864. Un moulin qui fait beaucoup penser à ceux de Hollande. Un grand moulin sur pivot, le dit pivot n’étant pas comme souvent un ensemble de madriers, mais une tour conique fixe. La partie destinée à tourner est un assez long parallélépipède en bois, dont le haut porte les 4 ailes. Pour « mettre les ailes au vent » (les placer face au vent), le meunier dispose d’une galerie qui fait tout le tour du haut de la tour fixe, sur laquelle elle repose grâce à de solides madriers en bois posés en diagonale. On remarque au sol deux anciennes meules, dont l’une très fine.
« Le moulin de la Tendresse », par l’incontestable non moins qu’immortelle Germaine Pelletan. L’action se situe dans un moulin désaffecté comme elle aurait pu le faire dans une tuilerie ou une ancienne maison close. Le soi-disant « moulin » n’a plus ni roue, ni meule, ni quoi que ce soit qui suggère son passé.
Télévision
Sur la 5, samedi 16 janvier, numéro de « L’échappée belle » consacré à la rivière Dordogne.Court reportage sur le moulin à huile de Martel, dont la carte postale est bien connue. Mais pas un mot sur les moulins à eau, pourtant nombreux que la Dordogne a alimentés, bien qu’on en aperçoive un de temps en temps.
Exposition
A la mairie de Guérigny, très belle exposition sur Maurice Genevoix, né à Decize en 1890, plusieurs fois revenu au cours de son enfance. Il avait « le souvenir d’un moulin à huile, près de la maison natale, pas dans l’île, sur le continent », donc plutôt dans le faubourg St-Privé, rive droite de la « Vieille Loire ».