Nouvelles Meunières n°50

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Exposition

Dans le cadre des journées de l’architecture du 14 au 16 octobre, des moulins restaurés ont fait l’objet de panneaux d’exposition au Musée de la Faïence de Nevers : ceux de Rix et de Chassy à Montreuillon,  propriétaires Mercier et Charoud.

Les désastres de la continuité écologique

Dans le Canard Enchaîné du 19 octobre le Président de la République appelle les Français à des économies d’énergie et compte augmenter la production d’électricité ; dans le Calvados (dont la Première Ministre (Elisabeth Borne a été Députée),  on fait le contraire : sous prétexte de continuité écologique, on démolit un barrage sur la Vire dont le plan d’eau animait une petite usine électrique (sans compter qu’il était un lieu de promenade et de loisir pour les habitants). Pire, cela a lieu au moment de la grande sécheresse qui a marqué tous les départements en cet été 2022 ; dans le Calvados, on prend conscience que les barrages, en retenant l’eau et donc en l’empêchant de gagner trop vite la mer, on perd beaucoup quant à la biodiversité. Extrait de l’article : « Le massacre des moulins était censé, par ailleurs, rétablir une libre circulation des poissons. Or, faute d’eau, leur mortalité explose ! Anguilles, truites et saumons restent invisibles, et la population des aloses, selon les statistiques officielles, est passée de 8 000 en 2016 à moins de 1 000 en 2021. »

Actualité des énergies renouvelables

21 octobre : la Première Ministre accorde une interview à Libération sur le futur «grand plan de transition écologique » ; elle étonne par le vague absolu de son propos, que les questions pertinentes du journaliste ne parviennent pas à dissiper. Evidemment pas un mot sur les énergies renouvelables.

Dans le Magazine du Journal du Centre du 16 octobre, article de Jean-Louis Etienne « L’Electricité du futur » ; favorable aux énergies renouvelables, mais assez prudent, comme qui dirait dans l’air du temps. « Dans les années 70, en construisant les centrales nucléaires et les barrages hydroélectriques, on prenait sans le savoir les mesures qui s’imposent aujourd’hui contre le réchauffement climatique et pour l’indépendance énergétique ». Mais ensuite l’article ne revient pas sur l’hydroélectricité : « En France, la régionalisation des énergies renouvelables, couplée à des installations individuelles (solaire thermique,  photovoltaïque, biomasse, géothermie )… pourrait couvrir l’ensemble des besoins domestiques en électricité ».

2 novembre : le Journal du Centre livre deux pages sous le titre « Les Energies renouvelables, une priorité ? » La photo centrale présente des éoliennes. Sont passés en revue les projets éoliens, photovoltaïques et portant sur la méthanisation ainsi que les polémiques qu’ils suscitent… Pas un mot sur l’hydroélectrique.

Éolien

Le Journal du Centre du 6 octobre annonce pour le jour-même la décision du Conseil d’État quant au projet d’éoliennes portée par EDP Renewables, qui a suscité une forte adversité. Les détracteurs ont obtenu un avis défavorable de l’armée de l’air, lequel a convaincu la préfète d’alors de refuser l’autorisation.

Stupeur à St-Germain des Bois : comme l’annonce le Journal du Centre du 21 octobre sous le titre « Le parc éolien Fleur du Nivernais validé », « le Conseil d’État détaille les arguments qui ont conduit au rejet du pourvoi des opposants ». Alors qu’aujourd’hui on insiste sur la forêt comme élément essentiel pour diminuer la quantité de gaz carbonique dans l’atmosphère, on va laisser à St-Germain des gens détruire presque 3 ha de bois.

A Clamecy, énorme embrouille juridique autour des éoliennes alignées du côté d’Oisy ; si j’en crois la décision des tribunaux telle que commentée par le Journal du Centre du 20 octobre, les éoliennes ne peuvent appartenir à une collectivité de citoyens ; seule une société commerciale peut les détenir. Il faudra rembourser tous ceux qui ont souscrit des parts à l’époque de l’édification.

Le Journal du Centre du 7 octobre annonce un projet d’éolienne à Maux, , commune entre Tamnay et Moulins-Engilbert, avec pour titre « Un parfum de zizanie éolienne ». Le fait est, celui du 26 octobre annonce une réunion d’information qui se tiendra le 28 en la mairie de Maux contre le projet de la société Solveo Energies de construire des éoliennes de 240 m.

Photovoltaïque

A La Nocle-Maulais, la société Photosol « envisage un projet agrivoltaïque de 55 ha sur un terrain privé appartenant à un éleveur ».Apparemment sur de bonnes terres, d’où une levée de boucliers et la constitution d’un collectif hostile. (Journal du Centre 6 octobre 2022)

A Donzy, dans la zone d’activités de la Croix-Arnay, un projet de 1500 m² de panneaux solaires visant la clientèle des véhicules électriques, utile vu le petit nombre de bornes de recharge, à peine 2, dont dispose la ville pour l’instant.

A Thaix, commune limitrophe de Cercy la Tour, il est envisagé « la création d’un parc photovoltaïque de 40 à 50 ha sur de mauvaises terres agricoles ». Le conseil municipal y est favorable. A Fours, un bâtiment du quartier La Grande Revenue est « équipé d’une toiture photovoltaïque ». (Journal du Centre 27 octobre)

A Clamecy, on démolit une chapelle construite en 1950 mais paraît-il sans intérêt architectural ; son espace va recevoir un parc phtovoltaïque, dont l’essentiel de la production alimentera l’usine Solvay, le reste étant vendu au « réseau public » (Journal du Centre 4 novembre).

Méthanisation et exploitation des déchets de bois

A Avallon, route de Tonnerre, est en train de se créer un « pôle d’économie circulaire à méthanisation». Il exploiterait les déchets de la région dans un rayon de 60 à 80 km (25 000 tonnes par an) et rendrait un matériaux épuré aux agriculteurs pour fertiliser les champs et les prés. Les collectivités et des organismes publics dont l’Ademe y investissent 9 millions d’euro. L’ouverture est envisagée pour début 2023. (Yonne Républicaine 17 septembre 2022)

Hydrogène

Le Journal du Centre du 15 octobre annonce  la construction d’un « premier car à hydrogène de technologie française » dans une usine de St-Fons, banlieue sud de Lyon. Il va être testé en Haute-Savoie.

JOURNAUX

Le Journal du Centre

4 octobre : autour de Chevannes-Changy, l’ étang du Corvol, ravissant pour les touristes et les promeneurs, et utile aux pompiers pour recharger leurs camions, est la cible de la police de l’eau dans le cadre de la continuité écologique. Les collectivités locales résistent comme elles peuvent, mais l’article du 4 octobre montre comme elles sont inquiètes.

13 octobre : A propos de chantiers en cours à Luzy, grand article avec une photo de l’ancien moulin du Pont en cours de restauration : « Le moulin historique du centre-ville, abandonné pendant longtemps, et après 4 ans de bataille administrative, est en cours de réfection. Notre Moulin, comme s’appelle le projet, sera un tiers lieu numérique et social », donc un lieu où on aura accès à internet, où il y aura un petit musée, etc…

15 octobre : « Champvert : Marlène Fesquet-Saniel, paysanne meunière boulangère à la Voie des Fourches », exactement 5 route de Verneuil. Cette dame commence à vendre son pain issu de son blé qu’elle moud elle-même grâce à une « meule de granit ».

REVUES

Le Monde des Moulins, revue de la FDMF n° 82 d’octobre 2022.

Plusieurs articles très intéressants, notamment : 

« La destruction des retenues d’eau en rivière aggrave les conséquences de la sécheresse ».

« Renewat (Renovate European Water Mills » : Le projet européen nécessaire pour réactiver les moulins à eau ».

« L’hydroélectricité – Vers une renaissance des moulins à eau ».

En couverture le moulin à vent qui vient d’être restauré en Gironde, Lanzac, et en dos de couverture un document rarissime mais fort instructif : « Un moulin à bras. Estampe allégorique allemande du dix-septième siècle ». Je pense en effet qu’une meunière de l’époque n’était pas habillée en grande dame comme celle qu’on voit sur l’estampe déversant le grain au centre de la meule supérieure, qui doit avoir environ 1,20 m de diamètre. A droite un  jeune homme en collerette façon époque Henri IV manipule une grande manivelle (je ne connaissais pas ce système). Un gentilhomme à chapeau d’Artagnan  recueille la farine plein centre. A gauche on aperçoit un moulin à vent sur pivot, à droite un moulin à eau à grande roue qui devait être alimentée de poitrine.

Télérama 19 octobre : Deux pages consacrées à Tolkien : c’est dans un ancien moulin devenu son domicile qu’il a « imaginé de fantastiques aventures ». « Ce moulin, à n’en pas douter, est celui de Ted Rouquin, élément de paysage familier pour tout Hobbit qui se respecte ».

LIVRES

Que des vieux bouquins trouvés en brocante ou dans les boîtes à livres !

« Voyage d’une Parisienne à Lhassa » par Alexandra David-Néel. La grande exploratrice de l’Himalaya, donc du Tibet, du Népal et du nord de l’Inde est vraiment une excellente écrivaine. J’ai lu plusieurs ouvrages sans rien y trouver concernant les moulins. Mais celui-ci diffère, grâce à une scène où elle assiste comment une femme de là-bas moud la farine : « Des fermiers nous permirent de passer la nuit dans la pièce où se trouvait la meule.

Sauf dans les agglomérations importantes, où la farine est produite en quantité pour le commerce, chaque famille campagnarde tibétaine moud son grain chez elle, au fur et à mesure de ses besoins, en se servant d’une petite meule actionnée à la main. Le plus souvent cette opération se fait dans une pièce spéciale tenue avec une grande propreté et, souvent aussi, seuls les membres de la famille et leurs domestiques sont admis à y pénétrer, pour éviter que l’endroit ne soit pollué par la présence d’étrangers ».

« Les moulins à nuages », de Georges J. Arnaud. Il est bien oublié désormais, au point que lorsque la télévision diffuse le film qui a fait sa fortune car tiré d’un de ses romans, « Le salaire de la peur », avec Yves Montand et Charles Vanel, Télérama l’annonce en omettant de préciser qu’il en est en somme à l’origine. « Les moulins à nuages » raconte la vie de sa famille sur plusieurs générations de 1870 à 1943 ; le titre est dû au fait que quand il pleuvait son grand-père, qui leur en attribuait le mérite, désignait les moulins à vent au-dessus de son village de l’Aude comme « les moulins à nuages ». Cela dit ils ne sont jamais décrits, sinon que l’un d’eux semble ne se consacrer qu’au travail de l’huile d’olive. Seul élément intéressant pour nous, la famille possédait ce qu’elle appelait un « moulin », en fait un simple blutoir qui affinait la farine rapportée du moulin, et dont s’occupait la tante Jeanne : « Une fois par semaine, elle tamisait la farine dans le moulin familial, gros cylindre de soie enfoncé à l’oblique dans un meuble en bois massif. Pour les vendanges on blutait moins, le pain complet tenant mieux au corps. Le soir seulement, on donnait du pain blanc aux vendangeurs qui soupaient sur l’aire à blé. »

« Je n’avais pas pensé à toi », roman de Cécile Aubry, dont le premier très long chapitre se nomme « Les enfants du moulin ». On recherche toute personne capable d’expliquer ce titre, attendu qu’il n’en est jamais question dans ce pensum.

« Le Cerf-Volant », roman de Laetitia Colombani se passant en Inde ; l’héroïne crée une école dans un gros village et bataille pour obtenir que les enfants y viennent, seulement : « Ici les petits travaillent comme leurs aînés, ils sont source de revenus. Ils triment dans les moulins à riz, dans la poussière et le bruit assourdissant des broyeurs… » (extrait publié par Lire le Magazine Littéraire, juin 2021).

Télévision

« Des Racines et des Ailes » du 26 octobre consacré à la Lozère : sur le Causse Méjean, le moulin à vent d’Hyelzas a bénéficié d’une magnifique restauration. Ses 4 ailes rectangulaires sont jolies ; le toit est fait de longues planches en bois comme on voit couramment sur le plateau du Lauragais pas si lointain. Un vrai meunier y produit de la farine, M. Thierry Coulon, venu tenter l’aventure après 35 ans dans des moulins industriels.

Radio

Le 5 octobre à 8 heures et quart, l’émission matinale de France-Musique diffuse la « Complainte de la Butte », ici interprétée par Mouloudji, chanson que Jean Renoir fit insérer dans son film French Cancan. Il est l’auteur des paroles, et la musique est de Georges Van Parys. La chanson contient les deux vers fameux célébrant la butte de Montmartre :

« Les Escaliers de la Butte sont durs aux miséreux ;

Les ailes des moulins protègent les amoureux ».