Nouvelles meunières N° 37

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Les désastres de la continuité écologique

Le Journal du Centre du 5 avril 2021 nous accorde un grand article d’une demi-page :

« L’association des moulins du Morvan et de la Nièvre dénonce la politique de l’eau.

Des propriétaires et riverains inquiets ».

L’article fait écho à l’importante déclaration de Francis  Lefebvre-Vary, notre président, contre le décret signé dans la précipitation par Edouard Philippe, juste avant de quitter son poste de Premier Ministre, permettant à l’administration d’imposer la destruction de barrages de moulin, même sans l’accord des propriétaires.

Francis Lefebvre-Vary insiste sur le coût très élevé de toutes sortes d’études préalables à divers travaux, études qui n’aboutissant généralement à rien.

La grande photo au centre de l’article montre notre ami Jean-Pierre Courault dans son jardin au moulin de la Forge de Sichamps, parmi des arbres qu’on l’a contraint à abattre au nom de la « continuité écologique ».

NB : l’article n’en parle pas, mais le décret semble entaché d’inconstitutionnalité en ce qu’il porte atteinte au droit de propriété résultant de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen inscrite en préambule de la Constitution de la Ve République. Les victimes peuvent donc soulever devant les tribunaux la question préjudicielle de constitutionnalité.

A ce propos, notons cet article dans l’Yonne Républicaine du 10 mars 2021 : 

« Le conseil d’État a tranché sur la continué écologique rapportée aux ouvrages hydroélectriques

Il donne raison aux défenseurs des moulins. »

L’article expose que l’association bourguignonne Hydrauxois, que préside notre ami Charles Champetier, vient d’obtenir l’annulation d’une partie d’un décret du 3 août 2019, pour non conformité à la loi sur l’eau ; cela entraîne la nullité de la circulaire diffusée pour son application. Résultat : « les porteurs de projets ayant reçu un avis négatif de l’administration pourront de nouveau faire valoir leurs droits ». L’article précise également que le procès continue contre le décret Edouard Philippe de juillet 2020.

Etrange réaction du maire d’Urzy

Curieusement notre article suscite une réaction que publie le Journal du Centre du 18 avril, 2021 de Gilles Devienne, qui « réagit à propos de la politique de l’eau ». Se présentant comme « maire d’Urzy, vice-président de la communauté de communes Les Bertranges, chargé de l’environnement et président du bassin versant des Nièvres », il « réagit au propos du président de l’Association des Moulins du Morvan et de la Nièvre tenus dans notre édition du 5 avril ». Il affirme que l’article L214.17 du code de l’Environnement n’impose « aucunement de détruire des seuils » : c’est bien notre avis, c’est pouquoi nous combattons les décrets qui imposent la dite destruction, ainsi que la pratique instaurée par les Agences de l’Eau, que décrit notre article. L’un des titres de la réponse est « Nous sommes dans la concertation » ; en effet, sauf qu’on ne nous invite pas aux réunions. Et il passe sous silence le décret Edouard Philippe. 

Il conteste le coût et la durée des études pour un projet inutile à Lurcy le Bourg ; d’une part nous maintenons nos affirmations, d’autre part nous réitérons qu’à Lurcy il y a eu de l’argent et de l’énergie gaspillés pour n’aboutir à rien !

Le numéro d’avril 2021 de Moulins de France, la revue de la FFAM contient  des articles importants :

  • L’éditorial du nouveau président Pierre Meyneng rappelant les efforts des fédérations auprès des parlementaires, lesquels ont abouti à des amendements aux lois existantes et en cours de vote, dont la ministre de l’écologie est bien ennuyée. 
  • Un grand article du même président associé à celui de la FDMF et de la présidente des Riverains de France : « Valoriser nos moulins. Arrêtons de les détruire. Utilisons leur potentiel. » Il contient en particulier des arguments scientifiques contre la politique actuelle.
  • Un grand article de Patrice Cadet : « La fragmentation paisible des moulins indispensable à la continuité écologique sauvage ». Les barrages sont très profitables à l’écologie, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement.
  • Un autre grand article de Patrice Cadet : « Et si pour sauver les poissons migrateurs il fallait sauver l’eau » : on est bien d’accord là-dessus, le véritable problème de l’état des rivières, ce sont les nitrates et les pesticides qui les polluent. Mais Patrice Cadet développe le thème avec des arguments scientifiques et des tableaux statistiques montrant que le gouvernement se trompe.

Le point sur les énergies renouvelables

Le Journal du Centre expose le 22 avril 2021 que : « Avec la crise sanitaire, la consommation d’électricité a plongé » (de 5,8 % en 2020). A l’intérieur de l’article on remarque : « En un an, le parc éolien s’est étoffé, en même temps que le parc solaire. Ils augmentent, respectivement, de  8,8 % et 12,5 %. Les énergies renouvelables couvrent désormais 16,3 % de la consommation régionale en 2020, contre 15,1  % en 2019 ». Elles représentent 1 200 mégawatts aujourd’hui.

Éolien

A Vermenton, dans l’Yonne, quatre éoliennes toutes neuves s’apprêtent à entrer en service : mâts de 137,50 m, pales de 62 m. Commande de la filiale EDF Renouvelables. (Yonne républicaine 11 mars 2021)

Solaire

Dans le compte rendu de la visite du nouveau Préfet à Magny-Cours, par le Journal du Centre le 23 mars, annonce de ceci par « le directeur de l’enceinte de sports mécaniques » : « Nous souhaitons réaliser une station hydrogène sur le site, alimentée par des panneaux photovoltaïques. A terme, nous souhaitons une flotte de véhicules roulant avec ce carburant ».

Le 20 mars 2021, le Journal du Centre annonce qu’un permis de construire est demandé pour une centrale solaire à La Machine, sur une « ex-décharge ».

1er avril  2021: à Chevenon, le conseil municipal étudie le projet d’une « centrale photovoltaïque flottante » « au niveau des plans d’eau en cours d’exploitation » par la société Eqiom Granulats », lesquels occupent une carrière abandonnée.

Le 2 avril 2021, il annonce que le projet de photovoltaïque à l’aérodrome de Cosne est accepté par la préfecture.

Hydrogène

Voir ci-dessus l’annonce du 23 mars 2021.

Méthanisation

Double page dans le Journal du Centre le 23 mars 2021 : « L’agriculture cherche à se diversifier ». Le plus grand article évoque les projets de méthanisation :

. Sept agriculteurs s’associent dans un projet à Prémery, sur le site de l’ancienne usine Lambiotte, dans le but de proposer de l’électricité à 1500 foyers.

. « La société Dual Metha caresse l’espoir de créer 4 autres sites de méthanisation dans le Val de Loire, le sud Nivernais et le Morvan à l’horizon 2023 .  A Moulins-Engilbert, l’Association pour la Valorisation écosocioculturelle du Nivernais moulinois responsable (Avenir) songe aussi à l’installation d’un méthaniseur ».

. Un agriculteur envisage de créer un méthaniseur à Pouilly.

. A Cosne, 4 agriculteurs « portent un projet de méthaniseur », celui annoncé par le quotidien le 18 janvier ; l’article en bas de la page 2 rappelle qu’il suscite une levée de boucliers contre lui.

L’article en bas de la page 3 est intitulé : « Pionnier de la méthanisation, l’éleveur ne regrette pas ce choix ». Utilisant le digestat de 350 vaches, M. Frédéric Maillault déclare : « Nous produisons entre 300 et 400 kilowatts d’électricité par heure que nous rachète EDF. Nous alimentons aussi un réseau de chauffage. » L’article précise que la maison de l’éleveur et une quinzaine de ses voisins en profitent aussi. La production lui permet de rembourser les emprunts effectués.

Dans l’Yonne, à Pont sur Vanne, près de Sens, un projet de méthanisation suscite une vive opposition : consultée par le conseil municipal, la population a voté contre par 54 voix contre 44 mais 108 abstentions. (Yonne Républicaine, 1er mars 2021).

JOURNAUX

Le Journal du Centre

5 mars 2021 : petit article annonçant l’ouverture du « réservoir du Châtelet », à Arleuf, pour la pêche: certains pêcheurs aiment les plans d’eau, alors que leur fédération défend le contraire au sein de l’Office de la Biodiversité.

22 mars  2021: Une demi-page sous le titre « Agriculture : depuis le début des années 1990, la Vendée a développé un ambitieux programme de stockage Plutôt que de voir toute cette eau partir à la mer ». C’est tout à fait ce que nous soutenons quand nous défendons nos chaussées de moulin. Peut-être que le ministère chargé de l’Environnement ne le sait pas : c’est tellement difficile de se tenir au courant…

24 mars 2021 : « Jules Miot, l’insoumis moulinois » : toute une page consacrée à ce grand révolutionnaire, né à Autun en 1809, mort près de Paris en 1882. Il a été quelques années maire de Moulins-Engilbert, où… il posséda un moulin (l’article n’en parle pas). Il participa à la Commune de Paris en 1871 ; d’ailleurs dans le documentaire sur ce grand évènement historique diffusé par Arte le 23 mars 2021, on voyait fugitivement une caricature de Jules Miot. L’article du Journal du Centre est rendu possible par les travaux de Serge Bernard, historien de Moulins-Engilbert qu’il nous est arrivé d’évoquer dans notre bulletin ; nous avions parlé aussi de Jacqueline, sa femme, qui ayant fait une grande étude sur la communauté familiale des Garriaux, à Préporché, nous a offert toutes les pages qu’elle a consacrées au moulin des Garriaux, lequel appartint longtemps à cette communauté.

. Article sur la maison de Pasteur à Dôle, en cours de restauration : l’ancienne tannerie de ses parents, sise au bord de l’eau, ce qui suggère qu’elle a dû contenir un battoir à écorce. Pasteur vint plusieurs fois dans le nord du Morvan, à Magny, chez son ami Valéry Radot, lequel possédait un moulin au pied de son château du Marraud, au grand étang célèbre. Rien n’indique que Pasteur ait visité ce moulin.

. Double page sur Marcel Reynaud, qui a repris la manufacture Leroux, laquelle fabrique une huile de lin idéale pour les artistes-peintres ; il l’a reprise jadis, bien après qu’elle ait fabriqué de l’huile de lin au moulin de Villiers-sur-Tholon (Yonne). Comme la plupart des huiles, celle de lin était jadis fabriquée dans un moulin.

16 avril  2021: « St-Brisson : Les trésors du Morvan à découvrir en ligne ». Le Parc Naturel Régional du Morvan annonce avoir ouvert une « importante collection consacrée à l’histoire, aux mémoires et aux savoir-faire du Morvan », collection qu’il est possible de consulter sur le site http://bourgogne.patrimoine.oral.org, ou mieux encore www.patrimoinedumorvan.org.

18 avril 2021 : le quotidien nivernais fait une excursion dans l’Yonne, en évoquant un personnage domicilié à Lucy-sur-Yonne : 

« Kelland Hutchence, artiste-peintre gallois »

Ce vieux monsieur, qui s’adonne à la peinture après une longue carrière militaire, profite d’une retraite heureuse dans notre région ; en particulier, il précise : « Je suis bénévole dans l’association qui rénove le moulin à vent de Migé »

21 avril  2021 : petit reportage sur nos amis du moulin des Eventées de St-Pierre le Moûtier : « Les bénévoles aux petits soins du moulin ». Ils repeignent ici et là, et ils plantent de nouveaux arbustes, qu’ils protègent de la gourmandise des chevreuils à l’aide d’un grillage.

26 avril 2021 : bonne nouvelle à Varzy. L’ huilerie est en cours de restauration, dont tout le système électrique et certaines pièces entourant les meules. La grille qui permettra d’observer les installations de l’extérieur sera prochainement posée.

L’Yonne Républicaine

3 mars 2021 : « La sève monte en puissance au moulin », assez grand article sur les innovations apportées au moulin de Vanneau, à Saints en Puisaye, qui continue ses projets pédagogiques, en l’occurrence évoquer la montée de sève dans un bouleau et un tilleul.

9 mars 2021  : M. Arnaud Bachelin entreprend de restaurer les vestiges de l’abbaye St-Martin à Avallon. Elle posséda un moulin important dans la vallée du Cousin, ce dont nous avons fait état à propos des moulins de cette ville.

25 mars 2021 : les projets de la petite commune de Cérilly « en étroite intimité avec l’eau ». « Le ru de la Fontaine, grossi par une ravine importante en limite de finage avec Coulours, alimentait un moulin situé au nord du village ».

REVUES

Vents du Morvan n° 78 printemps 2021

 Plusieurs allusions aux moulins :

. Le grand article « L’énigmatique manufacture de draps de Château-Chinon » évoque les « marchands drapiers » de la ville, lesquels recoururent aux foulonniers : un « fichier » en indique 48 entre 1600 et 1900. Malheureusement aucun foulon n’est indiqué.

NB : j’ai pu entrer en contact avec l’auteur de l’article, M. Jean-Claude Perraudin ; je ferai état des résultats ultérieurement. D’ores et déjà, il m’a dit avoir pour ancêtres des meuniers du moulin de Monjardin à Fertrêve ; il l’a d’ailleurs bien connu quand il avait encore tout son matériel.

. L’article sur Marigny l’Église dans les années 1950 dit que la commune comptait alors deux moulins : La Verdière et Courotte, ainsi qu’une scierie à Crottefou (sans doute l’ancien moulin). En plus il existait un petit atelier de pièces métallurgiques diverses à Mongaudier : l’article ne le dit pas mais il était aménagé dans l’ancien moulin de ce nom.

. « La guerre des farines en France en 1755 et en 1947 à Villapourçon ». Il s’agit de deux périodes où suite à de mauvaises récoltes le blé a manqué. Pour ce qui concerne 1755, l’article rappelle que les gens soupçonnés d’accaparer le blé pour faire monter les prix furent la cible de la colère de la foule, parmi eux des « meuniers ». Que j’apporte une précision : les meuniers travaillant « à façon », c’est-à-dire ceux qui traitaient le blé des paysans et le leur rendaient en farine, ne stockaient pas ; par contre les meuniers « de commerce », qui achetaient le blé pour en faire une farine destinée aux boulangers et pâtissiers, trouvaient avantage à stocker le blé pour mieux répartir la vente de farine au fil de l’année ; ce sont donc ces meuniers « de commerce » que la foule visait.

. « Voyage dans le temps au musée Papotte », de Bligny sur Ouche, en Côte-d’Or : un musée consacré à l’artisanat rural (saboterie, cordonnerie, sciage, articles divers) ainsi qu’aux écoles de village d’autrefois. Le musée porte ce nom parce qu’il se trouve « rue du Moulin Papotte », du nom de son meunier le plus connu, pour autant le musée n’occupe pas l’ancien moulin.

. L’article sur St François de Salle raconte notamment qu’il vint dans le Morvan rencontrer Ste Jeanne de Chantal, la grand-mère de Mme de Sévigné. Une remarque de ma part : Jeanne de Chantal, épouse et belle-fille de seigneur, habita deux châteaux avec moulin :

. Bourbilly, en Côte-d’Or au nord de Saulieu ; Petit, dans « Histoire des ducs de Bourgogne », dit qu’en 1233 le seigneur fit don à l’abbaye du Val des Choues d’une rente sur le moulin de Bourbilly. Le moulin ayant existé jusqu’au XXe siècle (le bâtiment subsiste), Jeanne de Chantal l’a connu, même si probablement elle n’y a jamais mis les pieds (le château est sur le plateau et le moulin au fond du ravin).

. Monthelon, à quelques kilomètres d’Autun : le château disposait d’un petit moulin pratiquement dans la cour ; la dernière fois que j’y suis passé il subsistait l’axe de la roue. Donc Jeanne de Chantal l’a vu, et St-François de Salles aussi. Par ailleurs, saisi comme bien national à la Révolution de 1789, le château fut transformé pendant un peu plus d’un demi-siècle en moulin à papier, sous la direction de descendants d’une grande dynastie de papetiers du Morvan, les Rodary.

. Dans le courrier des lecteurs, une dame évoque son amitié avec « Jean-Louis et Jocelyne au moulin de Jarles », à Alligny en Morvan. Il m’arrive d’en parler car, ayant doté l’ancien moulin d’une nouvelle roue, ils ouvrent volontiers pour les journées du patrimoine.

Nièvremag n° 23 de mars 2021, le magazine du Conseil Départemental de la Nièvre, annonce ceci concernant le canton de Luzy :

« Après quatre ans de démarches, le moulin du vieux pont, à Luzy, est devenu propriété de la commune et s’appelle désormais « Notre Moulin ». Les autorités locales comptent en faire un centre « numérique et social » pour les associations et les citoyens, par exemple un espace de télétravail et de visioconférence.

Terre des Bourbons, « magazine bourbonnais d’exploration locale », une revue du département de l’Allier, contient dans son numéro 20 de mars-avril-mai 2021 un grand article sur le moulin Gribory, à Chatelus, au pied de la montagne bourbonnaise, le long du Sichon. Il propose à la visite ses installations impeccables, l’atelier à blé marchant à l’électricité d’une part, l’atelier d’huile d’autre part. Les photos, fort belles, montrent le beau bâtiment bien restauré, la grande roue en fer, les belles meules à huile avec une curieuse petite benne d’où les cerneaux de noix tombent progressivement,  le pressoir à huile, les bouteilles les plansichters du moulin à blé.

LIVRES

« Petite chronique d’Anna Magdalena Bach », d’Esther Meynel, éditions Libretto. Cette écrivaine anglaise a, à partir des témoignages sur Jean-Sébastien Bach, composé ces fausses mémoires de sa deuxième épouse, Anne-Madeleine. Quelques extraits : 

« De tous temps les Bach furent musiciens. Sébastien racontait que le premier en date avait été son arrière-grand-père Veit Bach, meunier et boulanger de son métier.  Sa plus grande joie consistait à emporter dans son moulin une petite cithare dont il jouait pendant que la meule broyait du grain».

En mai 1723, la famille s’installe à Leipzig où le compositeur vient occuper un poste important, qui lui donne droit à une maison. Mais celle-ci est à agrandir, car il arrive avec Anne-Madeleine et les 4 enfants encore vivants que lui a donnés feue sa première épouse Maria-Barbara, d’où des travaux pendant lesquels « nous nous installâmes provisoirement au moulin ».

A Leipzig, Bach joue souvent au célèbre café Zimmermann, qui est « rue du Moulin-à-Vent ».

« Chefs-d’œuvre de la peinture : musée du Louvre et musée du Jeu de Paume ». Énorme livre Y est reproduit le fameux tableau de Jan Van Eyck « La Vierge du Chancelier Rolin », peint sans doute dans les années 1430. Ce chancelier était comme le premier ministre du duc Philippe de Bourgogne ;  il est né à Autun, le musée de la ville s’appelle Musée Rolin. J’en ai parlé récemment dans les Nouvelles Meunières parce que sa femme ayant créé les Hospices de Beaune, il leur offrit quelques années plus tard un moulin sur la Boulaize juste en amont des Hospices de Beaune. Sur ce tableau : on voit la chancelier à gauche, la Vierge à l’Enfant à droite, et plein centre un paysage, avec une grande rivière au milieu d’une grande ville. Or l’agrandissement de ce détail me permet pour la première fois de reconnaître un moulin-bateau, grâce à sa roue, plus peut-être un autre, plus une tour à laquelle une roue semble également être accolée. Mais de quelle ville s’agit-il ? Grand mystère. On aimerait qu’il s’agisse d’Autun, mais c’est tout à fait improbable. Selon le livre, les historiens penchent plutôt pour une création issue de l’imagination du grand peintre flamand.

RADIO

France-Musique

24 mars 2021 , dans Musique-Matin, 8 heures 20 : danse extraite de l’opéra « Le Coeur du Moulin », de Déodat de Séverac, à l’occasion du centenaire de ce compositeur mort le 24 mars 1921. L’opéra en question évoque un moulin à vent du Lauragais, ce grand plateau entre Toulouse et Carcassonne. Nous avions parlé de cet opéra il y a fort longtemps dans un bulletin Moulins du Morvan.

A propos, France-Musique célèbre  le centenaire de la mort de Camille St-Saens ; dans son opéra le plus connu, « Samson et Dalila », il évoque la scène biblique où Samson, prisonnier des Philistins, est attelé à une meule ; il illustre remarquablement la scène par une musique assez lente à l’aspect lourd, pour souligner la difficulté qu’endurait un prisonnier attelé à une meule tournante. (NB : l’abbé Charraut, dans A l’Ombre du Morvan, dit que le secrétaire de Camille St-Saëns était originaire du canton de Montsauche).

« George Sand dessins et aquarelles », par Christian Bernadac, éditions Belfond. On y remarque un dessin « à la plume » du  moulin d’Angibault, où la grande écrivaine a situé l’intrigue de son roman « Le meunier d’Angibault ».

Télévision

Dimanche 11 avril 2021 sur Arte : documentaire dans la série « Les Grands duels de l’art » ; il s’agissait de la rivalité entre les deux grands peintres anglais de la première moitié du XIXe siècle, William Turner et John Constable. Le second était fils de meunier, ce pourquoi il a notamment peint un beau moulin à vent très effilé (sans doute celui de son père), et un non moins beau moulin à eau à la grande roue posée sur le pignon, et que le tableau montre de face.

Dans Invitation au Voyage du 26 avril 2021, documentaire sur l’île grecque de Kolymnos (célèbre pour ses pêcheurs d’éponges) : une dame chante en faisant tourner son moulin à bras à la manivelle ; il a à peu près 60 cm de diamètre. Il ressemble à ceux du musée de Bibracte, et à celui confié par les archéologues d’Entrains au musée de Clamecy.

Musée méconnu dans le département de l’Yonne :

A Escolives-Ste-Camille, l’ancien « Moulin du Saulce », chemin du Saulce, abrite le musée Pierre Merlier, regroupant des œuvres de ce sculpteur.

Les moulins de la Cure

Actualités historiques

par Philippe Landry

La Cure et ses moulins

La Cure et ses affluents en amont du confluent avec le Cousin ont animé un grand nombre de moulins. C’est surtout eux dont il va être question ici, avec juste quelques références quant aux moulins en aval de ce confluent (Sermizelles, Arcy sur Cure, Bessy sur Cure).

La Cure naît curieusement au-dessus d’Anost en Saône-et-Loire, à 682 mètres d’altitude, mais rapidement se développe côté Nièvre, département qu’elle traverse sur 50 km selon Vallière dans son livre de 1896 ; elle parcoura à peu près la même distance dans l’Yonne. Son principal affluent est alors le Chalaux, qui, après une course de 32 km, la rejoint à Marigny l’Église juste avant le barrage hydroélectrique du Crescent. Les autres affluents sont successivement le Lyonnet qui la rejoint au sein du lac des Settons, le Bridier ou Caillot qui la rejoint peu après cascade du Saut de Gouloux, le Vignan qui vient du bourg de St-Brisson (où il a reçu le ruisseau qui vient de l’étang Taureau), le St-Marc que nous évoquerons plusieurs fois, tous rejoignant la Cure dans la Nièvre. Ensuite deux rivières coulent essentiellement dans ce département mais rejoignent la Cure dans l’Yonne : la Brinjame à Domecy sur Cure et le Bazoche à Pierre-Perthuis. Après la Cure reçoit le ruisseau du Val du Poirier à St-Père sous Vézelay. Après avoir reçu le Cousin, elle aboutit à l’Yonne à Cravant.

Une contrée propice au développement des moulins

Surtout des moulins à eau

La Cure et ses affluents sont plutôt abondants, et globalement favorables au développement des moulins, même s’ils ont parfois été victimes de phénomènes climatiques :

– Des périodes de sécheresse. Plus un moulin était proche de la source de la rivière, plus il risquait d’en être affecté : par exemple le petit moulin de Serre à Bazoche s’arrêtait tout l’été pour cause de manque d’eau, de même qu’en 1926 le moulin Jamet d’Empury était indiqué ainsi dans une statistique : « Peu de travail l’été manquant d’eau ». Plus en aval, le risque était moins grand, ce qui a permis de développer de grands moulins.

– De violentes crues capables de ravager les barrages des moulins, voire les moulins eux-mêmes. Par exemple le moulin de Courottte à Marigny l’Église fut très abîmé par la grande crue de 1910.

– Le gel : Chevrier raconte que l’hiver 1890-91 fut tel que la Cure gela : « Les moulins ne peuvent plus travailler et un début de pénurie de farine apparaît. Il est décidé d’ouvrir les pertuis et de casser la glace ». En 1880,, M. Louis Solyveau exposa dans une lettre au Préfet : « les glaces ont emporté le barrage » de son moulin Gingon à Pierre-Pertuis (il en faisait incomber la responsabilité à la compagnie de flottage). Le barrage du moulin Gingon était construit très en biais.

Mais ces cas incidents extrêmes étaient peu fréquents: cela a favorisé qu’on construise beaucoup de moulins à eau. Rares étaient les moulins posés directement dans la rivière : nos ancêtres l’évitaient, car le cours de la rivière est inégal, sans compter qu’en cas de crue il transporte des débris dangereux. Donc le moulin à eau :

– Soit était bâti sous un étang ;

– Soit bénéficiait d’un canal appelé le bief, ce bief pouvant s’achever par un petit réservoir, comme à Chalaux.

Mais ce bief pouvait être long de plusieurs centaines de mètres.

Une particularité à noter : près d’Arcy sur Cure, l’abbaye de Vézelay a possédé un moulin dit de Roche dont la roue et les meules étaient dans un gouffre où tombait une partie de la Cure. L’association archéologique Cora a en 2003 retrouvé des débris de la roue ; le calcul de l’arc a permis d’établir qu’elle avait un diamètre de 4 mètres. 

Partout le long de la Cure les moulins à eau auront utilisé la roue : 

– La plus simple : la roue à pales droites ; l’eau arrive à hauteur de l’axe de la roue voire en-dessous. Ainsi était la roue du moulin de Railly, à Dun les Places.

Moulin de Railly

Le moulin de la Verdière à Marigny l’Église était à pales droites (dessin Jean Perrin). 

Une forme de roue à pales très élaborée consiste en plusieurs pales très proches, longues, et légèrement courbées.

– Plus élaborée était la roue à « augets » ou à « seaux » ; chaque pale est courbée et fermée, donc formant une auge. L’eau, tombant à la verticale de l’axe, la fait tourner très vite. L’inconvénient était qu’il fallait un bief plus long pour que l’eau arrive au-dessus de la roue. Mais le rendement était meilleur. Voici quelques exemples de roue par-dessus :

  • Moulin de Saloué à Dun-les-Places
  • Moulin de Savelot à Ouroux

La roue a longtemps été en bois : l’intérêt était que le meunier, formé au travail du bois, pouvait la réparer lui-même. Mais au XIXe siècle on a parfois préféré la roue en fer ; si elle coûtait plus cher, elle s’usait moins vite. Il semble qu’elle ait eu un meilleur rendement.

La roue pouvait être sous le bâtiment, mais aussi posée contre le pignon du moulin, comme à Dun les Places au moulin de Saloué.

En général ce pignon, pour qu’il résiste bien aux vibrations de la roue, a été de plus en plus construit au moins pour sa partie basse en pierres de taille.

Ruines du moulin Jamet à Empury

Un même moulin pouvait comporter plusieurs roues, comme le moulin du Saut de Gouloux.

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