Rédaction et photos : Philippe Landry
Nevers
Liste des moulins connus de moi, avec la date la plus ancienne d’existence trouvée : fin XVIIIe siècle : 21 moulins dont 11 à blé, 2 à vent, 7 à faïence, un à ciment, un à porcelaine et un à tan (selon Florenty) Chausefosse 1143, Autorisés en 1168 Pilavoine et Chapitre. Loire : vers 1200. la Ronde 1253 ; Givry 1286 ; St-Trohé (Mauvezin) XIIIe ; Martelet 1368 ; St-Arigle ou la Porte-Thirault 1382. Ninchat 1400 ; la Chévrerie 1419 ; “moulins à chevaux” (actuelle rue Hippolyte-Taine) 1419 ; St-Nicolas 1401 ; Pont-Cizeau 1442 ; St-Gildard (Fontaine d’Argent ou la Passière) XVe ; Moulin vers la rue de l’Aiguillon 1412 ; un moulin au confluent de la Pique et de la Nièvre 1729. Sur la carte Cassini dressée dans les années 1750 : 3 moulins sur la Nièvre en plus de Pilavoine, 3 sur la Passière et 2 sur une dérivation de la Nièvre proche de l’Eperon. La Porte du Croux 1779. Mazois 1785 ; Moulin d’Ecorce 1788 ; Taillandier 1789. Laudelle 1790. Moulin de la Pique sur Nevers en l’an IV. ; Crot 1809. La Chapellerie 1836.
Moulins à vent : tour Goguin XVIIe, 9 Piliers avant 1538 puis 1701, deux derrière le palais de justice 1770, domaine de la Mothe 1809.
Forge hydraulique derrière Pilavoine : avant 1789
Un moulin à carton près Pont-Cizeau 1792.
Huileries Jean Tureau : 1790, Denis Dufour “entre les 2 rivières” 1790, St-Trohé 1790. Le Petit Versailles 1795, Bourdeau 1826, Chalumeau 1855, Croix Joyeuse : 1856 ; Léonard Gourdon rue de la Barre 1874 ; rue Fontmorigny 1877 (création), rue Ste-Vallière 1882 (autre que Croix-Joyeuse), rue du Chemin de Fer 1882, rue Aublanc 1882, rue de la Raie 1882, , rue de la Chaumière 1882, Machecourt au Mouësse 1939, Bauchet av de la Gare : 1939.
Moulins à ciment rue du Petit-Versailles avant 1804, et Lallemand quai de Loire 1861
Moulin de porcelaine (quai de Loire) 1836. Moulin dans faïencerie Ristori (l’Autruche), à vapeur et avec patouillerie vers 1840 ; moulin à vapeur rue de l’Ancien abattoir 1848. Moulin à vapeur au sein de l’établissement de subsistances de l’armée, après 1880.
Moulin à manège à écorce dans la tannerie Bourgeot 1854.
Moulins à plâtre : Paillard 1841, Renaudin au Parc 1841, Matignon 1858 ; Dubois rue des Carrières puis rue du Champ de Foire 1871.
Moulin à broyer les os Brisset vers l’usine Gabriel Valette (actuel square Mendès-France) 1882
Moulin à grain électrique rue Ferdinand Gambon : 1940.
A l’entrée de Nevers, la Nièvre reçoit la Pique. Puis la main humaine a séparé la Nièvre à une date inconnue mais antérieure à 1466, cela à la sortie de ce qui héberge aujourd’hui l’Institut de l’Automobile et des Transports (ISAT) :
– D’une part la rivière naturelle, au fond du thalweg, que bizarrement on appelle aujourd’hui la Nièvre bâtarde.
– D’autre part le grand bief artificiel coulant à sa droite est nommé « la Franche Nièvre ».
Comme ce qui suit ne concerne que la rivière Nièvre, j’exclus les moulins à eau de la Passière et les moulins à vent qui lui sont proches (le Ninchat sur la tour Goguin et le moulin derrière le palais de justice). J’exclus aussi les moulins qui ont pu exister sur la Loire.
Avant 1789
Les plus anciennes mentions de moulin que j’ai trouvées pour Nevers sont :
Séry, dans son livre « L’abbaye St-Martin de Nevers, écrit que par une charte de 1168, le comte Guillaume de Nevers reconnaît à l’abbaye, au prieuré St-Etienne et au chapitre de la cathédrale le droit de posséder chacun un moulin mû par les eaux de la Nièvre, tandis que lui-même possède déjà probablement un moulin le plus près possible de son château, donc soit au Pont-Cizeau dit aussi de la Ville, soit plus en aval au droit de son château dans le site de ce qui s’appellera bien plus tard le Moulin S-Nicolas… ou deux moulins à chacun de ces endroits.
On peut donc émettre l’hypothèse qu’existent juste avant 1200 mus par la Nièvre :
– A l’entrée de Nevers :
. sur la Bâtarde Nièvre un moulin à l’abbaye St-Martin, donc celui qui lui appartiendra des siècles, Pilavoine,
. sur la Franche Nièvre un moulin au prieuré St-Etienne, je suppose le Martelet.
– Plus loin sur la Bâtarde Nièvre le moulin du Chapitre à côté de la tour St-Trohé, le moulin du Pont-Cizeau.
– Plus loin, sur la Nièvre réunifiée, le moulin St-Nicolas.
-1024 : le prévôt Gérard, neveu de feu l’évêque Roclene, tenant en bénéfice l’abbaye de St-Trohé, y dispose de biens dont un moulin à St-Trohé (futur moulin du Chapitre).
– En 1075 : un fief de “Vieux-Moulin ».
Le dossier H190 des Archives Départementales semble indiquer que le moulin de la Ronde existait en 1253. En 1382 on parle plus volontiers des « moulins St-Arigle » que des « moulins du Pont-Cizeau ».
En 1433, des « barrières contre les ennemis sont faites dans la rivière de Nièvre entre les moulins du Chapitre et ceux de l’abbaye St-Martin » Cela implique qu’en cas de siège le moulin Pilavoine aurait été sacrifié. En 1401 et 1402, la ville finance des réparations de murs « contre les moulins du pont de Nièvre » (Comptes de la ville de Nevers, Médiathèque municipale, NM 1284).
En 1442 l’abbaye de St-Martin se construit un moulin proche de celui du Pont-Cizeau, mais sur la Bâtarde Nièvre, à qui elle semble donner dès le début une forme ronde, d’où son nom de moulin de la Ronde. Curieusement, ce n’est pas le comte de Nevers qui fait une difficulté, mais le chapitre de la cathédrale. C’est qu’il possède toujours son moulin près de la tour St-Trohé, où il dispose rien moins que de 4 roues, et donc il hurle à la concurrence déloyale.
En 1467, l’abbé de St-Martin perd un procès contre le chapitre et le comte à propos du moulin proche de l’église St-Arigle (logiquement ce serait un des moulins du Pont-Cizeau).
Notons que les comtes de Nevers ont possédé le moulin à vent du Banlay, apparemment pour cela nommé le « moulin des Comtes ». Comme ils sont devenus ducs en 1538, cela impliquerait que le moulin existait avant cette date. J’en parle ici parce qu’il était lié au moulin à eau de la Pique (voir à Coulanges).
Le plan de 1566 me semble indiquer à Nevers : un ou deux moulins dans l’ensemble Pilavoine-Martelot, un moulin au Pont-Cizeau, un ou deux adossés au pont St-Nicolas.