En prévision de notre bulletin n° 87, à paraître début juin 2019
Nous y évoquerons St-Malo en Donzyois, commune où se trouvait l’abbaye de Bourras, dont les premiers moines arrivèrent sur le site en 1119, soit il y a 900 ans. En passant on trouvera juste quelques mots sur le moulin à vent qui était situé assez loin à l’est de l’abbaye, et qui ne semble pas avoir été créé par elle (je n’en trouve mention que dans les années 1840). Au cours d’une randonnée organisée par l’Arni (Association des Randonneurs Nivernais) le 31 mars 2019, j’ai pu observer le site. C’est une colline, dont le sommet est à 348 mètres. Apparemment cela n’a pas été suffisant puisqu’on remarque qu’une motte y a été ajoutée, sur laquelle fut juché le moulin à vent. Elle n’est pas intacte car on y a au XXe siècle aménagé le local d’un château d’eau.
Lutte contre la continuité écologique
Selon le numéro d’avril 2019 du Monde des Moulins, les discussions très tendues continuent au sein du « Comité national de l’Eau », dont sont membres les fédérations d’amis des moulins, chargé d’apaiser les relations entre les différents riverains et utilisateurs des rivières. Peu de progrès sont constatés. Plusieurs propositions vont être soumises à l’arbitrage du ministre lui-même.
Actualité des énergies renouvelables
Eolien
Journal du Centre
- 29 mars 2019 : « Donzy : Le projet éolien interroge ». Une association, la Canopée libre, se crée à ce sujet, dans un style résolument offensif : citant deux agriculteurs qui estiment leur activité « impactée », le président s’exclame : « L’éolien est pour nous une galère, le combat est engagé, on a été manipulé, mais on ne lâchera pas, on se bat pour notre santé ».
- 2 avril 2019 à propos de Bouhy, dans l’article « Une étude sur le centre-bourg », on apprend que les éoliennes rapportent à la commune 7933 euro, plus 4 400 pour l’autorisation de passage sur les chemins.
- 8 avril 2019 : Le peintre Antoine Paneda, dont plusieurs fois nous avons publié des dessins et aquarelles dans notre bulletin, présente jusqu’au 17 avril une exposition à la mairie d’Imphy dont il est natif, et qu’il lui offre un de ses plus beaux tableaux : l’arrivée de Marie de la Grange d’Arquian à Imphy le 11 septembre 1714. Ce tableau, dont une belle reproduction a pu être admirée dans le numéro des Annales du Nivernais (Camosine) consacré à Imphy, propose une image superbe de la grande roue hydraulique qui faisait alors fonctionner la forge industrielle d’Imphy, que voici en détail.
- Dans le même numéro, article sur le sarrasin, céréale reine de la crêpe bretonne. Il évoque un restaurateur qui propose en son établissement de Paris maintes recettes de sarrasin « moulu sur place ». L’article rappelle que dans bien des contrées de France la population se contenta de seigle et de sarrasin à défaut de pouvoir manger du pain issu du froment.
- 9 avril : article « La renaissance de la pierre sèche », donc de la construction de murs sans liant. Cela me rappelle ma visite au moulin de la Romanée, à St-Germain de Modéon en Morvan de Côte-d’Or. Le propriétaire m’avait montré, quelques mètres en amont, les ruines du moulin primitif, un ensemble d’anciens murs « en pierre sèche », donc non cimenté. Architecte de profession, il m’avait expliqué que cette façon de construire avait cessé au plus tard au XVe siècle. Il n’était pas illogique de penser que dans des contrées reculées comme devait être alors le Morvan, les moulins devaient être « en pierre sèche ». En tout cas cela faisait remonter l’histoire du moulin de la Romanée au XVe siècle.
Revues
Bulletin des Amis du Vieux Varzy n° 30, avril 2019
Suite à notre assemblée générale 2018 que nous avons tenue à Varzy, l’association des Amis du Vieux Varzy nous a demandé un article sur les moulins de la Ville. Ce bulletin le contient. Il tient la place des pages 46 à 57. Il comprend l’inventaire de deux moulins de Varzy en 1863 (un moulin à eau, un à vent) que nous a trouvé un de nos adhérents. La plupart des illustrations sont fournies par les Amis du Vieux Varzy.
Un court article montre les dirigeants de l’association disposant une nouvelle enseigne devant la fameuse huilerie Mariaux que nous avons visitée lors de l’assemblée générale.
Bulletin de l’Académie du Morvan n°85, 2018, que nous venons de recevoir début 2019
Ce bulletin comprend deux parties :
1) « A la découverte de la langue gauloise dans le Morvan », rédigée par Jean-Paul Savignac. On y apprend que le nom gaulois de la meule était « brauon », et que dans la légende de Ste-Brigitte, lorsqu’elle est chassée par son père, le moulin du village cesse de marcher ; il ne ressuscite que lorsqu’elle est admise à revenir.
2) « Le hêtre européen habitant du Morvan », par Marie-Aimée Latournerie. Le fruit du hêtre, le « faîne », gagnerait à être mieux connu : « on en fait de l’huile qui sert à brûler et qui s’emploie aussi en friture et en pâtisserie ». L’auteur cite un écrivain du XVIIIe siècle : L’huile de faînes bien faite est, après l’huile d’olive, la meilleure que l’on connaisse en Europe ». Mme Latournerie a raison d’appeler notre attention là-dessus : on ignore pourquoi le faîne a finalement si peu été utilisé. Pour ma part, je n’ai trouvé les moulins écrasant le faîne qu’en période de crise historique, lorsque la navette et la noix manquaient pour faire de l’huile. Plus loin Mme Latournerie rappelle qu’après 1830 on a utilisé la pâte de bois pour fabriquer le papier, même si explicitement elle ne rappelle pas qu’il était affiné et découpé dans des moulins.
Le Monde des Moulins n° 68, avril 2019
Plusieurs articles à signaler en particulier
. A propos d’un moulin à vent en cours de restauration, sur le Causse Méjean en Lozère, à plus de 1000 mètres d’altitude, l’auteur expose qu’à cette altitude on ne pouvait entoiler les ailes des moulins à vent, car le souffle du vent pouvait y devenir trop violent. Les ailes portaient donc des planches de bois sur la moitié de leur surface. L’article est illustré entre autres par les reproductions de deux enluminures de 1344. Les moulins sont sur pivot. Il y a aussi les plans du moulin en cours de restauration, des photos, etc.
. Dans l’Ariège, le meunier Pons Aï s’est converti à la foi cathare et prit en charge un moulin à Monségur. On pense qu’il périt dans les flammes lors de la prise de Monségur par les « croisés » envoyés par le roi et le pape ravager le pays en 1243.
. Un grand article sur la particularité des régulateurs à boules dans les moulins à vent.
. « Le moulin à eau de Marie Ravenel » dans le Cotentin (département de la Manche, Normandie). Un moulin en cours de restauration, avec ses paires de meules. La fille du meunier Ravanel, Marie, se mit à écrire des poèmes, et ils furent de qualité puisqu’elle parvint à en publier trois recueils de 1852 à 1890.
. « Police des moulins sous l’ancien régime. Les astuces des « meuniers fripons ». L’article est de moi. J’y suis présenté comme issu du « Collège des membres individuels ».
Lu à la Médiathèque de Nevers
On ne fouille jamais assez les bibliothèques. Par exemple je viens de trouver une nouvelle réponse à cette question : est-ce que vraiment une crue peut être assez formidable pour détruire un moulin et emporter les meules ?
Voici la réponse dans le livre « Histoire de Semur en Auxois », publié par Alfred de Vaulabelle en 1905. Semur est une très jolie petite ville de Côte-d’Or juchée au-dessus d’un profond ravin où coule l’Armançon. Outre qu’il fait remonter la date la plus ancienne d’existence connue de moulins à Semur à l’année 879 (date du don par le duc de Bourgogne Bozon de ces moulins à l’évêque d’Autun), il décrit qu’en 1615 : « Le déluge d’eau fut si grand qu’il emporta la moitié du faubourg de Vaux… et plusieurs moulins sur la rivière, dont les meules furent emportées ». Il ajoute : « Une nouvelle inondation eut lieu le 6 novembre 1710, qui détruisit les ponts et les moulins ».
Livre :
« Le Meunier, les moines et le bandit » de Fanny Colonna, éditions Actes Sud, collection Sindbad, 2018.
L’auteur part à la recherche de tout ce qui concerne la vie d’un assez curieux personnage, français d’origine italienne, qui s’installa comme meunier dans un village perdu du massif montagneux des Aurès, au sud de Constantine dans l’est algérien. Ce meunier eut l’occasion de connaître un « bandit » local ainsi que des missionnaires catholiques qui tinrent une petite ferme tout près de son moulin, d’où le titre de l’ouvrage. Revenu en bonne santé de la guerre de 1914-18, il traversa sans trop de mal la guerre d’Algérie, réussissant à toujours tenir la distance égale entre les fellaghas locaux et l’armée française. Il resta dans son village des Aurès après l’indépendance, et mourut centenaire. Il écrivit quelques poèmes. Son premier petit moulin était dérisoire et peu productif, aussi en a-t-il créé deux autres… au rendement semble-t-il aussi relatif. A un moment l’auteur propose un plan de son moulin, tout à fait sommaire. Beaucoup plus loin Fanny Colonna rapporte qu’il aurait fait venir de France des meules, « en granit » selon ce que lui affirme un témoin qui a connu le dit meunier, mais ce qui me paraît improbable. L’auteur ne connaît pas grand-chose aux moulins : c’est ainsi qu’elle écrit que le premier moulin de son personnage était « à turbine » : non, c’était à roue horizontale à dents en forme de cuiller. D’un style parfois ingrat, voire confus, pour quelqu’un qui fait une enquête historique elle manque parfois de rigueur ; ainsi écrit-elle deux fois que la guerre d’Algérie a duré 7 ans ; or elle a eu lieu du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962 si on l’arrête à la date des accords de paix d’Evian, ou au 3 juillet 1962 jour de l’indépendance officielle de l’Algérie ; il me semble donc plus judicieux d’écrire qu’elle a duré presque 8 ans.
Télévision
Le 1er avril 2019, suite au récent décès de la cinéaste et reporter photographe Agnès Varda (à 90 ans), Arte a diffusé ses mémoires qu’elle a « écrites » sous forme d’un film pour ses 80 ans. Elle possédait sur l’île de Noirmoûtier un moulin vent que l’on voit avec le squelette de ses ailes.
Erratum
Dans les Nouvelles meunières 16, à propos de la visite de Jean-Pierre Azéma, j’ai mal écrit le nom de l’ingénieur hydraulicien allemand qui a perfectionné la roue Sagebien : il s’agit très exactement de Zuppinger.