Nouvelles meunières n°46

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Rédaction : Philippe Landry

Parution 

Les Nièvre et leurs moulins.

C’est une courte synthèse (en 36 pages avec beaucoup d’illustrations) des 5 cahiers que nous avons consacrés aux Nièvre et à leurs moulins (les Nièvre c’est-à-dire la Nièvre tout court, la Nièvre de Champlemy et la Nièvre, d’Arzembouy, la Nièvre de Bourras, celle de St-Franchy et celle de St-Benin des Bois, sans préjudice de la Petite Nièvre). Rappelons que cet ensemble demeure sur notre site ammn.info.

M. Mansuy, directeur de la Camosine qui édite les Annales, est venu en personne le présenter à notre assemblée générale du 12 mars, jour même de sa sortie.

Une présentation officielle à la presse sera faite sur le site de la nouvelle turbine de Guérigny le 31 mars, et une autre à Prémery en mai.


Notre assemblée générale s’est tenue le 12 mars à La Charité.


Elle s’est très bien passée. Jean-Pierre Azéma, universitaire historien des moulins et « docteur en géographie » a fait une très bonne conférence sur l’intérêt des « seuils » sur les rivières (il préfère parler de « chaussées »). Il nous a fourni beaucoup d’’arguments, de valeur scientifique, pour lutter contre les technocrates partisans de la continuité écologique..  Il a aussi évoqué les perfidies légales qui entravent ceux qui prétendent produire de l’électricité : par exemple il leur faut se relier au réseau et avoir deux compteurs, lesquels coûtent cher. 

Le repas préparé par un jeune traiteur de La Chapelle-Montlinard (Cher) était très bon.

Le Journal du Centre rend compte de nos travaux dès le lundi 14 mars, faisant preuve d’une rare célérité.

Le compte-rendu sera disponible prochainement.


Conte

Je me rends compte que nombre de nos adhérents sont mal desservis par internet et même le téléphone. C’est pourquoi à la fin de ce numéro des nouvelles meunières je joins un conte, « Le sous-préfet aux champs… du café ».


Désastres de la continuité écologique

Dans l’Yonne, à Mézilles, les habitants se mobilisent contre un projet aussi stupide que coûteux : détourner une rivière pour mieux ensuite supprimer des seuils. (Yonne Républicaine 12 juillet 2021).

Les fédérations de pêche face à leurs contradictions : elles organisent des tournois de pêche dans des plans d’eau (eaux stagnantes)ou en en aménagent. C’est ainsi que le Journal du Centre consacre deux tiers de page à ce considérable évènement :

« Le carpodrome de Cercy-la-Tour. inauguré avec le parcours de pêche ». Un bel article avec 5 photos pour célébrer la naissance d’un magnifique plan d’eau relié à l’Aron. 160 000 euro investis, mes pauvres ! On y met 3 tonnes de carpes et 300 kg de tanches. En plus des travaux ont été faits pour faciliter la pêche dans la partie du canal du Nivernais traversant Cercy.

Au passage, le journaliste répercute une expression que tout le monde comprend sûrement : « Il s’agit de pêche uniquement no-kill ». Nous sommes quelques-uns à l’association Moulins à nous amuser chaque fois que quelqu’un prétend adapter une expression anglaise, car en général c’est faux, quand ce n’est à contre-sens. (Journal du Centre 10 mars 2022).

Actualité des énergies renouvelables

Éolien

Niveau national :

A propos des élections présidentielles, Centre-France consacre deux pages entières à ce débat : « Le vent tourne pour l’énergie éolienne », au sens où il est en train de tourner au vinaigre. Au départ tout le monde était d’accord pour développer cette énergie renouvelable. Mais voilà, comme le dit quelqu’un :

« Tout le monde veut de l’éolien mais personne ne veut que ce soit sur son terrain ».

« Les politiques ont bien compris la grogne qui montait des campagnes à ce sujet et se montrent pour la plupart très frileux sur le développement de l’éolien. »

Comme au départ c’est une idée écologique (puisqu’elle économise les énergies d’origine fossile), les écologistes sont favorables à l’éolien… au niveau national. Après, localement, c’est parfois une autre chanson.

D’aucuns candidats sont réticents à l’éolien terrestre mais favorables au maritime… Sauf que là non plus ça ne va pas de soi pour les pêcheurs et autres amis de la faune de mer.

Dans l’Yonne :

Un projet autour de la commune morvandelle de Cussy les Forges suscite des oppositions. Une association d’adversaires ayant perdu en première instance son procès contre l’arrêté préfectoral l’autorisant, saisit la cour administrative d’appel : seulement ce recours n’étant pas suspensif, le promoteur du projet commence les travaux. De ce fait les opposants ont opéré une manifestation à Avallon. (Yonne Républicaine  13 décembre 2021).

A Villeneuve la Guyard, où on est d’accord pour développer les énergies renouvelables, on commence à débattre d’un projet d’éoliennes. « Le conseil municipal a validé le principe d’une étude de faisabilité… Un dialogue va donc être engagé avec les Villeneuviens. » (Yonne Républicaine 20 décembre 2021)

Autour de Taingy, un projet de 20 éoliennes suscite une vive opposition : une pétition est en train de circuler.

Photovoltaïque

Dans la Nièvre :

A La Machine, le projet de champ photovoltaïque sur une ancienne décharge se précise, le conseil municipal ayant voté la modification qui était nécessaire du « plu ». (Journal du Centre début mars).

A Donzy les Jeunes Agriculteurs du Donziais portent un projet de centrales solaires : « Face à l’impact du changement climatique sur les productions agricoles actuelles, nous devons diversifier nos exploitations. Le choix se tourne vers la création de centrales solaires photovoltaïques ». Le site couvrirait 20 ha. Le conseil municipal a pris connaissance de ce projet (8 mars 2022). La photo qui accompagne l’article montre le site comme au milieu de la forêt.

Dans l’Yonne :

Dans l’Yonne

Un nouveau projet photovoltaïque divise les habitants à Monéteau. Il est question de disposer 17 400 panneaux sur 9 ha « sur une ancienne ère de stockage de boues d’épuration et de déchets inerte » (là ça ne pose pas de problème), mais aussi sur une partie classée en zone agricole. Une enquête publique est en cours, le conseil municipal commence à débattre, le maire est sceptique. (Yonne Républicaine 9 février).

« L’agrivoltaïque séduit dans l’Avallonnais » : des agriculteurs de trois communes riveraines de la Cure, du côté d’Arcy sur Cure, souhaitent poser des panneaux solaires sur quelques parcelles, mais de telle façon qu’entre eux des moutons puissent paître. Ils estiment que cela leur permettrait de cultiver plus « bio » dans les autres parcelles. Surtout cela leur assurerait un revenu complémentaire, bien utile en ces temps difficiles pour les producteurs locaux, « on a des sols d’une très faible valeur agronomique », et que les variations des cours des céréales se font parfois à leurs dépens. Des adversaires se manifestent, arguant que cela nuira au paysage autour de Vézelay. (Yonne Républicaine 16 février).

De nouveaux agriculteurs souhaitent produire de l’électricité grâce aux photovoltaïque sur des terres qui ne leur rapportent pas assez : cela se passe autour de Noyers sur Serein. On comprend leur préoccupation, vu la diminution des revenus de l’agriculture. Mais des adversaires soutiennent que ça va enlaidir les environs de la jolie petite ville historique de Noyers, et supprimer des bonnes terres agricoles. (Yonne Républicaine 20 janvier 2022).  

Dans la Nièvre aussi des oppositions se manifestent. C’est ainsi qu’à Champvoux, près de La Charité sur Loire, le conseil municipal refuse d’autoriser « l’étude de faisabilité » d’un projet d’agrivoltaïque (ce qui, précise l’article, n’empêchera pas la poursuite du projet en question). ((Journal du Centre 12 mars 2022).

Méthanisation :

« Des associations s’élèvent contre l’unité de méthanisation en projet à Etaule près d’Avallon », que le préfet a autorisé par arrêté. Ses partisans, des agriculteurs locaux, soutiennent qu’il s’agit d’une « activité de déconditionnement des matières organiques alimentaires… » pour « traiter ces déchets, et produire du méthane qui, une fois épuré, serait injecté dans le réseau ». Il y aura aussi « une unité de liquéfaction du biogaz et une station pour alimenter des véhicules ».  « C’est un projet industriel et non écologique » disent ses adversaires qui craignent que vu sa taille, qui leur paraît énorme, l’atelier en question devra importer des déchets d’ailleurs, en grande quantité, d’où des nuisances qu’ils redoutent de voir considérables. Ils saisissent les tribunaux administratifs.

A Charbuy, la commune compte sur une « chaufferie biomasse » pour bientôt arriver à diminuer les frais de chauffage de ses locaux (gymnase, mairie, bibliothèque, restaurant scolaire, etc…) Investissement de 630 000 € dont 130 000 à la charge de la commune. (Yonne Républicaine 19 février 2022). 

Journaux

Le Journal du Centre :

16 février : 

. Une demi-page consacrée à l’assemblée générale de nos amis de l’association qui s’occupe du moulin des Eventées à St-Pierre le Moûtier, avec photos du bureau présidentiel et du moulin. La « maison du meunier », rénovée, va être réaménagée. Francis Lefebvre-Vary a participé à l’assemblée générale et félicité les dirigeants.

. Hommage à Jeanne Pautrat, qui vient de s’éteindre à l’âge vénérable de 105 ans. Elle adorait faire visiter les vieux monuments du Donziais. Elle publia un petit livre « La vallée du Nohain, ses villages, ses moulins… ».

L’Yonne Républicaine :

30 décembre 2021 : à Vaudeurs subsiste une magnifique éolienne  Bolée : l’article évoque les ravages opérés par les eaux de ruissellement.

17 janvier 2022 : parution du bulletin des Amis du Patrimoine de la Vallée de la Vanne 2021 », (dans le secteur de Sens), 248 pages dont un article sur « le moulin médiéval de Chigy ».

A Auxerre, on va reconstruire le « barrage à aiguilles » du Batardeau, qui servit longtemps au moulin de ce nom, mais sans les aiguilles, d’un maniement trop compliqué. Au moins le barrage est sauvé. (Yonne Républicaine 14 février 2022).

Télévision

Le 6 mars 2022, ARTE a diffusé un beau documentaire sur le grand peintre impressionniste Pierre Auguste Renoir, célèbre pour son « Bal du Moulin de la Galette ». On a pu voir des images de l’établissement qui subsiste ; de la cour on aperçoit les beaux restes des deux petits moulins à vent qui étaient dits de la Galette. Contrairement au « Moulin Rouge », situé plus bas à Pigalle, ils ont vraiment travaillé le blé.

Recherches

Sur les moulins du Serein (Côte-d’Or et Yonne)

Un adhérent de notre association ayant demandé ce que nous avions sur les moulins du Serein, nous travaillons sur ce dossier. 

Le Serein naît en Côte-d’Or dans le Morvan des environs de Saulieu ; il y reçoit notamment l’Argentalet, superbe rivière morvandelle qui traverse notamment la Roche en Brenil et anima le beau moulin de Villerin, entre autres…

Dans un livre intitulé « Catalogue des Cartes et Plans anciens volume 1. Archives départementales de l’Yonne. », que j’ai pu consulter à celles de Nevers, j’ai noté les références de ces cartes et plans (j’ai peut-être ici et là mal noté le nom du moulin). L’idéal serait que des adhérents domiciliés du côté d’Auxerre essaient de les étudier et de les photographier pour compléter notre petit dossier.

Angely : moulin de Marzy, 140 n°2.

Chablis 422.

Civry sur Serein Moulins de Villiers le Tournon 805. 

Hauterive moulin 236.

Héry Moulins des Baudiers 140 n°22.

Maligny moulin 138 n°7, et 194.

Poilly sur Serein moulin 140 n°34

Pontigny moulin 140n°35, bief 586, et H1516 « nouveau lit de la rivière, bief du moulin » et H1539 plan du finage de Venouze, moulin du Gastelot, rue du Bois.

Seignelay moulin 105 (Seignelay n’est pas sur le Serein mais me semble-t-il sur un de ses affluents).

Si des adhérents de l’Yonne pouvaient fouiller les dossiers de la série S (règlements d’eau) des communes le long du Serein, avec photos à l’appui, cela améliorait également notre petit dossier. S’il devient assez conséquent, nous pourrons envisager de le mettre sur notre site.

Recherches sur les moulins de la Vrille

Nous travaillons sur les moulins de la Vrille, qui commence à Treigny dans l’Yonne et se poursuit dans la Nièvre jusqu’à Neuvy-sur-Loire. Si des adhérents ont des informations, nous sommes preneurs.


Je vous ai promis un conte  : voire page ci-après

Le sous-préfet 

aux champs… du café

par Philippe Landry

Le tout nouveau sous-préfet était penché sur la carte de l’arrondissement, l’annuaire ouvert sous sa main droite… Dans la liste des communes disposant encore d’un café, il en repéra une, au fin fond d’une vallée : c’est là, décida-t-il, que, escorté de quelques gendarmes, il se rendrait dès le lendemain. Il donna les ordres en conséquence à la secrétaire. Celle-ci envoya un message internet et un SMS à la gendarmerie compétente pour le village en question, et au maire afin que celui-ci le reçût comme il sied.

C’est qu’il tenait à faire savoir comme il était attaché que l’on appliquât avec rigueur toute la loi sur le « passe sanitaire », notamment dans les bistrots et les restaurants. Cela y compris dans les arrondissements comme celui-ci symboliques du dépeuplement de la France rurale. Par exemple dans les villages : est-ce qu’on y respectait bien les ordres du gouvernement ? Ne disait-on pas qu’en maints lieux reculés le gendarme du coin se contentait de jeter un œil dans la salle : « ça va ? Tout le monde va bien ? Allez, bonne journée à tous ! ».

Il vérifia que le message avait valablement été envoyé par internet. C’est que c’était un féru de cette merveilleuse technologie ; c’est bien simple, il ne jurait que par elle.

Donc le lendemain matin dès potron minet, trois gendarmes étaient devant la mairie quand la voiture du sous-préfet s’y présenta, l’important personnage étant à l’arrière.

– Monsieur le Maire n’est pas là ?

– On nous dit qu’il ne va pas tarder à arriver, répondit le brigadier.

– Hé bien quand il me demandera quelque chose, j’aurai la même réponse ! dit le sous-préfet d’un joli mouvement de menton. 

On se rendit au café. Il y avait là la tenancière, une femme toute maigre et sèche dite « la Mère Darral », et quatre vieux gars occupés à jouer aux cartes – exactement à la manille. Lecteur, à propos, savez-vous jouer à la manille ? J’ai « tapé le carton » à ce jeu-là il y a quelque 60 ans, mais maintenant je suis bien incapable de, comme on disait, « manier le manillon ». Bref, nos bons vieux… c’est à peine s’ils levèrent les yeux aux nouveaux arrivants.

– Madame et Messieurs, bonjour !

– Bonjour Messieurs, répondirent modestement les occupants du bistrot.

Les gendarmes, ils les connaissaient vaguement de vue, et peu les inquiétait ce petit jeune homme fluet, tout étriqué dans son costume foncé à cravate claire. Il en fallait plus pour les détorber  : ils demeuraient comme confinés à leur jeu.

– Je me présente, Madame et Messieurs : je suis votre nouveau sous-préfet. Madame, avez-vous bien vérifié les attestations de ces messieurs ?

– Pour la vaccination ? Bah ! Je sais tout, par chez nous : qui est vacciné et qui ne l’est pas, alors votre papier avec l’affreux carré noir, je ne le demande à personne d’ici.

– Madame, ce n’est pas satisfaisant.

La vieille dame lui tendit le flacon de gel hydro-alcoolique.

– Hé ben Monsieur le Sous-Préfet, faîtes donc comme votre prédécesseur Ponce Pilate préfet de Jérusalem : commencez par vous laver les mains !

– Ne vous fâchez pas, Madame, je disais cela  avec tout le respect que je dois à vos cheveux blancs.

Chœur des partisans du passe sanitaire : Où va se nicher la perfidie de nos adversaires : ils réduisent Ponce Pilate au titre de préfet alors qu’il était procurateur !

Le sous-préfet et les gendarmes se passèrent les mains au gel, soigneusement.

– A nous, Messieurs, que nous contrôlions que chacun de vous a bien son attestation conforme.

Il sortit son smartphone tout neuf.

Les vieux gars fouillèrent leurs vestes . Ils présentèrent chacun son document plus ou moins soigneusement plié. Les 4 feuilles semblaient d’aspect réglementaire. Semblaient seulement, aux yeux de l’élégant haut-fonctionnaire.

C’est en personne que le sous-préfet confronta la première à son smartphone.

Rien.

Il insista : derechef l’appareil s’abstint de toute réaction.

Il essaya les autres feuilles : échec avec toutes.

– Vous ne semblez pas en règle, Messieurs.

Chœur  des vieux gars indifférents car absorbés à leur jeu : Ah bon ?

Chœur  des lecteurs ennemis du passe sanitaire : Comme si leurs satanés engins étaient infaillibles ! Est-ce qu’il n’était pas en panne, le foutu smartphone de ce Ponce Pilate ? Ou sa pile : est-ce qu’il avait bien vérifié qu’elle avait encore du jus ?

Le brigadier essaya à son tour. Toujours rien.

Le moins vieux du vénérable quatuor intervint alors :

– Sauf votre respect, Monsieur le Sous-Préfet, « on » a juste oublié de vous prévenir : ici point ne marchent vos bidules électroniques, attendu qu’on est trop au fond de la vallée pour qu’on puisse comment ils disent… Ah oui : « capter ».

Voilà une difficulté que le jeune homme n’aurait envisagé : pour lui, internet était le sésame universel qui ouvrait tout et partout.

– Mais on ne vous retarde pas, allez : on vous confie nos papelards, et vous pouvez aller accointer le maire là-haut sur le Mont-Chauve. Il y monte en pèlerinage tous les matins avec ses appareils pour voir et enregistrer tout ce qu’il a reçu la veille, aussi bien téléphone qu’internet. 

Le sous-préfet : !

– C’est facile, continua le vieux bonhomme : vous prenez le petit chemin derrière l’église et vous montez. Bon, vous n’avez pas les godillots à crampons qu’il faudrait vu la caillasse et la gadoue, mais vous savez, ça vous fera un bon exercice matinal. Comptez la demi-heure, quoi. Pour l’aller seul, je veux dire.

Le sous-préfet demeura abasourdi. Et puis de toute façon : lui, aller quelque part autrement qu’en voiture ?

– Dites-moi, Monsieur le Sous-Préfet, dit la Mère Darral, est-ce que je vous fais un café ? Je vous l’offre sans vérifier que vous avez bien votre attestation.

L’important jeune homme préféra se retirer avec toute son escorte, sans emprunter aux vieux gars leurs attestations pour les vérifier là-haut, sur le maudit Mont-Chauve : on aurait cru qu’il avait l’impression qu’il y devait y faire encore nuit et que des sorcières y dansaient sabbat.

Comme il allait se réfugier dans sa voiture, se présenta un bonhomme à peine moins âgé que les précédents, nanti d’un grand sac à dos, vêtu de lourdes chaussures et hautes chaussettes recouvrant le bas du pantalon, et armé d’un long bâton surmonté d’une petite gourde.

– Ah ! Monsieur le Sous-Préfet ! Que je me présente, je suis le maire. Je viens à l’instant de lire vos messages, là-haut sur le Mont Chauve, où j’étais à mon pèlerinage quotidien. Je suis descendu aussi vite que j’ai pu, même que j’ai failli glisser droit sur le fondement. Voulez-vous que je vous fasse visiter notre petite mairie ? Nous avons tous les appareils qu’il faut pour recevoir le téléphone et la 3G… Non la 5G… Enfin je ne sais plus, je n’y connais que couic. On compte arriver à recevoir tout ça bientôt… Mais vous savez, nous ne vous bousculons pas : nous avons confiance que vous ferez tout votre possible… Et ma foi, vous aurez peut-être plus de chance que vos prédécesseurs… Si tout va bien, quelques mois, c’est vite passé. Et la pandémie sera finie d’ici là.