par Philippe Landry
Actualités des énergies renouvelables
Le Journal du Centre du 29 avril 2021 consacre toute une page à l’Ademe (désormais « Agence de Transition écologique », elle préfère garder son ancien sigle). On y lit notamment : « L’objectif est toujours d’augmenter le pourcentage d’énergie renouvelable et de récupération ».
A propos de la Nièvre : « L’Ademe a contractualisé avec le SIEEEN en 2020 un contrat territorial de développement des énergies renouvelables pour la réalisation de 18 projets en 3 ans ».
Dans le cadre de la préparation aux élections départementales, le Journal du Centre publie le 10 juin 2021 toute une page : « Développement durable : leurs priorités ». Chacun des 4 grands partis ayant des candidats partout ou presque énonce ses objectifs : un seul met en avant « Développer production locale et énergies renouvelables : il insiste sur l’implantation d’ombrières photovoltaïques sur les parkings, dont celle en projet très avancé à Magny-Cours. Un autre parti déclare s’opposer fortement à l’éolien et évoque un projet autour de l’hélium, dont je ferais humblement remarquer que la technologie n’est encore guère développée. Cela dit, aucun des 4 partis n’a un mot pour l’énergie hydraulique.
Le 11 juin article sur un établissement agricole de Verneuil, à côté de Decize, la ferme Cotet « aux Taumonts » : « Approche concrète de l’agriculture bio et de la biodiversité ». Parmi ses projets, planter 150 noyers et un jour obtenir de l’huile. « Pour garantir à l’exploitation une autonomie totale en électricité, un bâtiment sera construit pour la transformation, couvert en cellules photovoltaïques ».
Éolien
Au niveau national
Suite à l’annonce par Barbara Pompili la ministre chargée de l’environnement que l’État va poursuivre ses encouragements à développer l’énergie éolienne, la politique s’empare de l’éolien, avec des partis qui proposent de le limiter toujours plus, mais pas forcément dans un but autre qu’électoral. Plus neutre sur ce plan-là, Stéphane Bern prend position contre l’éolien, qui dit-il « pollue gravement la nature et détruit le patrimoine naturel et bâti de France » (Le Figaro, 31 mai 2021). L’État évite de laisser poser une éolienne dans la perspective d’un monument historique (par exemple à La Charité sur Loire) et dans les beaux sites naturels.
Incidemment sur Arte a été évoquée une émotion qui agite la Provence : on commence à poser des éoliennes géantes sur et autour de la fameuse Montagne Ste-Victoire que Paul Cézanne a représentée dans quelques 80 tableaux : un endroit sacré, en somme. Emotion bien compréhensible pour les amateurs de beaux paysages. Mais cela pose cette question : est-ce que Cézanne aurait refusé cette modernité ? N’aurait-il pas choisi de l’insérer dans son paysage, comme Monet peignant les fumées de la gare St-Lazare ou du port du Havre ?
Dans notre région
« Près de 400 acteurs régionaux lancent une procédure contre le plan de déploiement » de l’éolien dans la Région Bourgogne-Franche-Comté. La Région compte déjà 402 éoliennes, l’objectif étant d’atteindre 1600. Plusieurs projets semblent à leurs adversaires contraires à des articles du Code de l’Environnement. Par exemple « le milan royal, en voie de disparition, fait partie des espèces qui circulent entre l’Allemagne et l’Espagne en passant par la Bourgogne-Franche-Comté… L’impact des éoliennes sur le milan royal ne figure jamais dans les rapports produits par les promoteurs, pas plus qu’il n’est évoqué dans le Sraddet » (le plan régional. Journal du Centre, 7 juin).
SRADDET : Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires
Un collectif d’associations fait procéder à une enquête d’opinion auprès d’un échantillon de 1250 personnes sur les parcs éoliens : il conclut que 64 % des sondés « estiment qu’ils ont un impact négatif sur les paysages, 32 % très négatif . Une majorité considère également que l’éolien dégrade la vie locale… 56 % sur l’entente entre les habitants. 52 % voient des effets négatifs sur l’attrait touristique. 51 % sur l’attractivité auprès des citadins. ». 66%craignent pour la valeur de l’immobilier. 70 % sont contre l’éolien lorsqu’il risque de perturber la circulation des oiseaux migrateurs. 66 % accordent un crédit à l’éolien dans la lute contre les émissions de gaz à effet de serre. (Journal du Centre 13 et 14 juin 2021).
Dans l’Yonne, où l’éolien se développe beaucoup, les débats continuent entre ses partisans et ses adversaires.
Côté partisans : L’Yonne Républicaine du 22 février annonce un projet à Montholon, près d’Aillant sur Tholon. L’intercommunalité du Serein s’interroge sur le revenu qu’elle tire des éoliennes : il n’irait pas au-delà de 20 ans ; pour ma part, (9 avril). A La Celle-St-Cyr, le maire et le conseil municipal défendent le projet éolien, dont ils attendent 70 000 € par an ; ils intègrent leur décision dans l’ambition nationale : « L’urgence climatique est là. Aucune étude scientifique validée ne remet en cause formellement le production d’électricité éolienne ». (9 avril)
Côté adversaires : dans le Tonnerrois, « Le bruit des pales est insupportable » assurent des riverains du parc éolien ; de plus, ils affirment que les oiseaux ont du mal à éviter les pales ; des plaintes sont déposées (10 avril). Même opposition virulente autour de Joigny : « Les éoliennes attisent les oppositions », plusieurs associations s’étant constituées contre les différents projets (22 avril).
Solaire
Le Journal du Centre du 23 mai 2021 consacre un assez long article à la réunion de la Confédération Paysanne dont le principal débat a porté sur les terres qu’on recouvre de panneaux solaires ; il craint que ce soit autant de terres dont ne disposent pas les jeunes voulant s’installer comme agriculteurs, voire les plus anciens à la recherche de bons terrains. Cela fait suite à l’intention affichée par la Chambre d’Agriculture de favoriser la disposition de ces panneaux sur des terrains ; il est vrai qu’elle précise préférer pour cela les terrains « peu productifs ».
Le même jour, le quotidien annonce : « les panneaux photovoltaïques des parkings du circuit de Magny-Cours ont été mis en service ». « Nous allons produire 5 000 mégawatt-heures … alors que le circuit n’en consomme que 1 690 par an ». « Le surplus va être réparti autour du circuit ». Autre projet : « A moyen terme, Nièvre Énergies, le circuit et le Département projettent de fabriquer sur le circuit de l’hydrogène pour le réutiliser dans les moteurs des voitures sur le site. »
Le Journal du Centre du 29 avril 2021 annonce à La Guerche sur l’Aubois dans le Cher un « projet de centrale photovoltaïque au sol ». « Ce projet permet de revitaliser une ancienne friche dans la zone industrielle au nord-est de la commune. » ; il « s’inscrit dans la loi pour la transition écologique… qui prévoit que les énergies renouvelables devront représenter 40 % du mix électrique français d’ici 2030 ». 13 000 panneaux, puissance 5 MW, consommation de 2 150 foyers.
Le Journal du Centre du 15 mai 2021 annonce qu’à Garchy un projet est en cour à l’ancien centre de géophysique du CNRS : 17 ha pourraient être couverts de panneaux photovoltaïques, en espérant couvrir la consommation annuelle en électricité de 4 300 foyers. Un des avantages est que les sols du site sont très pollués, donc impropres à toute remise en culture. C’est la société Valorem qui entreprend les études ; depuis le 15 mars 2021 elle sollicite le public pour monter une « cagnotte participative ».
Hydrogène
Voir ci-dessus à propos des panneaux solaires de Magny-Cours.
L’Auxerrois confirme son choix de développer la filière de l’hydrogène. « Par ce choix, la capitale de l’Yonne deviendra une ville vertueuse en matière de gestion environnementale, en limitant drastiquement les rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère. » Cinq bus fonctionnant à l’hydrogène sont en cours de fabrication et destinés à Auxerre. Rappelons que la Région programme de lancer 3 trains à hydrogène (Auxerrois Magazine décembre 2020 et avril 2021).
Méthanisation
Le 23 avril 2021, L’Yonne Républicaine fait état d’une réflexion sur « La méthanisation divise dans le Vézelien ». A Foissy les Vézelay, des habitants se plaignent de la pollution générée par l’unité de méthanisation créée en 2012 à Domecy sur Cure. L’exploitant, un agriculteur local, « Concrètement, l’agriculteur introduit des déchets tels que du fumier, des déchets agricoles, des biodéchets dans un digesteur privé de dioxygène. La fermentation produit un biogaz, puis, grâce à un moteur de cogénération, Christophe Rousseau produit 530 kwh d’électricité réinjectée dans le réseau (1 500 foyers). De ce processus reste le digestat qui sert de fertilisant pour les terres ».
C’est ce digestat qui pose problème. Les gens qui en répandent sur leurs terre y trouvent des résidus polluants, notamment des débris de plastique. M. Rousseau explique que sa machinerie s’est tellement développée qu’il reçoit des déchets de la région parisienne, qu’il espère végétaux ou organiques, et il ne réussit pas toujours à en écarter les mauvais produits. En tout cas un « collectif » s’est constitué contre lui, dont 2 membres se sont cru autorisés à tenter une action de sabotage, suite à quoi M. Rousseau porte plainte.
JOURNAUX
LeJournal du Centre
30 avril 2021 : Article sur les projets de « l’Association de Sauvegarde de l’église et patrimoine culturel de Corancy », intitulé « Sauvegarder le patrimoine corancycois », portant essentiellement sur la belle petite église du village ; au centre est le surprenant tableau représentant St Joseph, du méconnu Eugène Charles François Guérard (1821-1866). L’association… « participera à la Journée des Monts et Moulins en juin ».
9 juin 2021 : « Un tiers-lieu numérique et social à Luzy », pour les associations aussi bien que les citoyens : il sera aménagé dans l’ancien moulin sis en plein centre de la ville, sur le pont qui en fermait l’étang. Un regret toutefois, il n’est pas envisagé de réparer les pelles de l’ancien étang historique, qui ne retrouvera donc pas son aspect d’autrefois.
11 juin 2021 : Un camping rénové à La Nocle-Molaix, constitué de plusieurs petits chalets, au bord de l’étang Marnant. L’article n’en parle pas, mais cet étang alimenta un moulin. ,
. St-Pierre le Moûtier : annonce de l’ouverture du moulin des Eventées les 16 juin 2021 et 11 septembre 2021.
REVUES
Bulletin de l’association Les Amis de La Charité sur Loire n° 110 d’avril 2021, article « La famille Grasset » : plusieurs personnages de cette famille ont animé la vie charitoise, mais aussi nivernaise, dont pour ce qui nous concerne Louis-Auguste. Louis-Auguste Grasset était un grand collectionneur d’objets à intérêt historique ; il était si connu comme tel que lorsque fin 1834 Mérimée, tout nouvel inspecteur des monuments historiques, vint à La Charité, il tint à le rencontrer. Plus tard il devait léguer une partie de ses collections pour créer le musée de Varzy. Nous l’évoquons dans l’histoire des moulins de St-Aubin les Forges au sein de « Les moulins des Nièvre », premier cahier, que nous venons de mettre sur notre site internet. En effet, l’auteur de l’article Bernard Cirette écrit : « En 1847, Louis-Auguste Grasset décide de remettre en état ses propriétés de la Douée et vend une partie de ses collections » : le site de la Douée à St-Aubin les Forges comprenait 4 forges hydrauliques ; Pierre-Auguste transforma l’une d’elles en moulin à blé.
Les Annales des Pays Nivernais n° 182, juin 2021 : « Un village et la Loire au XIXe siècle, Port Thareau à St-Hilaire-Fontaine », par Bernadette Petit-Dorot. Ce petit port sur la Loire en amont de Decize disposait d’un petit moulin, dit le Moulin au Loup ou de Tareau, mu par un ruisseau formant un étang. Il en est question à plusieurs reprises, quoique succinctement. Je retiens surtout ce détail de 1866, l’année de l’une des 4 pires crues de la Loire de ce siècle-là ; il s’agit de l’action des secours : «Nous dirigeons notre expédition vers le moulin de Tareau où nous savions se trouver une vieille femme infirme et malade que nous trouvons au grenier avec sa famille. Nous voyons entraîner par l’eau les premières poutres du moulin et nous nous trouvons dans un courant si rapide que nous ne sommes plus maîtres de notre embarcation. » Cela nous rappelle ce phénomène terrible : les crues de la Loire faisant remonter l’eau le long des rivières affluentes, d’où des dégâts énormes. Le numéro comporte plusieurs cartes où on voit bien le moulin représenté ; il y a aussi une photo du dernier vestige des bâtiments du moulin.
Un encart inséré au sein du numéro 182 contient un hommage à Robert Durand : il contribua beaucoup à faire connaître le moulin de la Commanderie à Moulin-L’Evêque (St-Père) ; nous y avons plusieurs fois reçu les visiteurs ensemble lors de journées des moulins ou du patrimoine. Robert vient de s’éteindre à 94 ans.
Le Canard Enchaîné du 12 mai 2021 commente l’apparition d’une nouvelle farine, celle d’insectes, annoncée par « Les Echos » : l’entreprise française Yusect, « annonce La Croix », « est en train de construire une ferme géante d’insectes dans la Somme et va se lancer dans l’alimentation humaine dans le Jura et aux Pays-Bas, avec l’élevage de larves de ténébrion meunier ».
LIVRES
« Gustave Courbet, éloge de la nature »,sous la direction de Carine Joly et Valérie Pugin, Silvana Editoriale. Ornans, la ville natale du grand peintre Gustave Courbet, est au bord de la Loue, un affluent du Doubs ; quand on longe cette rivière charmante, on pense qu’elle a dû animer beaucoup de moulins. L’un d’eux demeure célèbre : Vuillaffens, illustre pour ses roues qu’un génial mécanisme fait monter ou descendre suivant la hauteur du courant.
Le livre propose deux moulins :
. « La source de la Loue ». Comme souvent dans le Jura, la source surgit soudain, regroupant plusieurs ruisselets après qu’ils ont parcouru des kilomètres sous la falaise calcaire). Courbet propose un surprenant moulin, d’aspect fort ancien, avec une goulotte fermée longeant toute la façade… Il ne manque que la roue.
. A Ornans même (où aujourd’hui le visiteur pressent que plusieurs maisons, par leur inconfortable position au bord de la rivière, ont pu être des établissements hydrauliques), Courbet propose un établissement d’aspect vieillot, plutôt bas, mais doté de deux roues à augets. Bizarrement, on distingue une roue de moulin à fruits, toute fine, posée en travers entre les deux biefs, comme pour marquer une séparation. Titre du tableau : « Une papeterie à Ornans » (donc les moulins de Franche Comté ont aussi travaillé le papier).
« La Maîtresse du peintre » par Simone Van der Vlugt, 10-18, 7,80 euro.
Cet ouvrage s’en prend à mon artiste préféré parmi tous ceux qui ont eu un ancêtre meunier : le grand Rembrandt en personne. La dame en question, Geertje, nourrice de son fils Titus, il en fit donc sa maîtresse. Paraît-il que leur union a fait scandale, mais que les moralistes n’ont poursuivi qu’elle en justice, scénario au cours duquel Simone Van der Vlugt dit que Rembrandt commit la « trahison » de l’abandonner à ses ennemis.
TÉLÉVISION
Lundi 10 mai 2021 , numéro de « Secrets d’histoire » sur France 3 consacré à Toussaint l’Ouverture, qui mena une révolte sur l’Ile antillaise de St-Domingue après qu’en 1802 Napoléon Bonaparte eut prétendu rétablir l’esclavage. Toussait l’Ouverture avait été esclave dans une grande entreprise de culture de la canne à sucre, laquelle, comme toutes, possédait un moulin pour pulvériser la canne et commencer à en extraire le sucre. L’émission a proposé un très beau tableau montrant un grand moulin à vent. Un historien a raconté ce dont un Antillais m’avait fait part un jour : c’est le risque couru par les esclaves noirs qu’on faisait travailler trop près de la machine à broyer les cannes ; il y avait un grand nombre d’accidents. Toussaint l’Ouverture, remarqué pour sa grande intelligence, fut affranchi et devint lui-même producteur de sucre.
Samedi 22 mai 2021 sur la Cinq : « Echappées belles » consacrées aux Cévennes, avec un beau moulin à vent, bien filmé ; le meunier a présenté son blutoir.
Disparition
M. Maxime Guillemenot vient de s’éteindre. Il nous avait reçus à son Moulin Caillot de St-Brisson lorsque nous avions organisé une rencontre avec nos amis de Saône-et-Loire dans les environs d’Alligny en Morvan.
Questions diverses
Eclusophone
L’Yonne Républicaine du 10 mai 2021 révèle urbi et orbi que des jeunes musiciens ont mis au point un « éclusophone », constitué du « mélange improbable d’une harpe et de peaux de tambour »lequel « fait écho au bruit de l’eau, de la nature et de l’écluse ». « Au départ l’instrument ressemblait à un gros baby-foot. Aujourd’hui il a 12 faces et s’intègre parfaitement à la machinerie de l’écluse. » L’affaire se passe le long du canal du Nivernais, il s’agit d’une des initiatives qui se proposent de la mettre en valeur. Voies Navigables de France la retient dans le programme.
Parc botanique : à Migennes, l’association Romarin a créé un sentier botanique qui occupe un kilomètre du Parc du Moulin de Préblin.
Lac du Crescent : L’Yonne Républicaine du 22 avril 2021 annonce qu’il est en cours de nettoyage donc vide ; l’article ne le dit pas mais on peut y observer les restes du moulin du Mont (Marigny l’Église). Le moulin de Queuson, même commune, avait été détruit à la veille de la mise en eau.