Tenue du stand « Moulins du Morvan et de la Nièvre »
1) La fête du moulin des Eventées, le jeudi de l’Ascension 30 mai, à St-Pierre le Moûtier, avec brocante et quelques produits locaux, a attiré pas mal de monde. Nous y avons tenu un stand. Nous avons pu discuter avec plusieurs personnes ayant connu les derniers moulins à vent en ruine ou l’huilerie Léveillé en activité. Une commerçante nous a dit avoir connu un autre moulin à vent mais à Givry, près de Chalon sur Saône. Nous avons pu défendre notre bulletin numéro spécial sur les moulins à vent de Bourgogne et les moulins de St-Pierre le Moûtier (toujours disponible au prix de 10 euro port compris).
Une petite éolienne vient d’être édifiée par nos amis à une trentaine de mètres du moulin à vent. Haute de 7 m, son rotor, dont le diamètre est de 2 mètres, peut tourner à 80 tours minutes. Elle est dotée d’un système de débrayage qui permet de la libérer en « girouette folle » en cas de forte tempête, pour qu’elle ne soit pas renversée. Nos amis l’ont construite avec les restes de deux vieilles éoliennes abîmées, données par des agriculteurs de St-Pierre. Elle n’a pas la puissance nécessaire pour produire de l’électricité. Par contre, un effet de couleur verte sera créé au moyen de rayons bleus et d’autres jaunes.
En outre, à chaque fête du pain a été cuit au four du moulin; la porte du four vient du four du moulin à vent Thévenet, dont les ruines demeurent non loin de celui des Eventées.
2) Fête des jardins à Forgeneuve, Coulanges, le 9 juin
Nous avons été plusieurs à tenir le stand de notre association dans les superbes jardins de Forgeneuve. Nos amis Mme et M. Martinat avaient comme d’habitude très bien organisé la fête. Plus de 600 personnes ont pu voir notre stand, même si trop peu s’y sont arrêtées. Nous présentions les produits de deux de nos adhérents, Sylvain Marceau du moulin d’Aron à Crux la Ville, et Frédéric Coudray du moulin à huile de l’Ile à Donzy. A diverses reprises nous avons pu dialoguer avec des visiteurs sur la désastreuse politique de la continuité écologique.
Ce fut aussi l’occasion de réexaminer les lieux, dont le début du bief avec ses belles vannes, et ce qui demeure des locaux. Sur certaines façades, on note les empreintes qu’ont laissées d’anciennes roues, ce qui permet de mieux apprécier les dimensions de leur diamètre : 10 mètres pour l’une, 6 pour l’autre.
De nombreux artistes membres du Groupe d’Emulation artistique de la Nièvre présentaient une collection de leurs œuvres (certains peignaient dans les jardins), ce qui était très agréable à observer. A la fin des deux jours le peintre René Barle a reçu un premier prix , cela pour l’ensemble des œuvres présentées, dont son fameux tableau des moulins à vent « de la Mancha » au moment où s’en approchent Don Quichotte et Sancho Pança.
NB : Koikispass n°159 de juin 2019 consacre plusieurs pages aux « jardins remarquables de la Nièvre ; le premier qu’il décrit est « Forgeneuve, un Giverny en Nièvre » ; le deuxième est celui des Forges de la Vache, à Raveau. Dans les deux cas le passé métallurgique des sites est rappelé, et souligné le mérite des propriétaires nos amis Jean-Luc Martinat à Forgeneuve et Claudine Muller aux Forges de la Vache.
Inauguration
Nos amis Fabienne et Vincent Goueffon m’invitent à l’inauguration de leurs gîtes du moulin de Poil le samedi 29 juin 2019 à 10 h 30. Nous avons évoqué leurs travaux dans un récent bulletin. Les personnes intéressées peuvent aller sur leur site « lesgitesdumoulindepoil.fr », et les contacter s’ils souhaitent y participer.
Actualités des énergies renouvelables
Eolien
Le Journal du Centre du 16 mai évoque un projet éolien à Poiseux. Il est question d’y implanter 4 éoliennes géantes sur les hauteurs de Mauvron. Le maire et le conseil municipal sont favorables au projet, qui en attendent 30 000 euro de retombées fiscales. Une opposition commence à se manifester. Le maire conteste l’argument du bruit ; quant aux ondes qu’on accuse les éoliennes d’émettre, il fait remarquer que ses adversaires ne parlent jamais de celles qu’ils reçoivent de leurs portables.
Le Journal du Centre du 31 mai annonce que la préfète de la Nièvre a pris un arrêté refusant le projet éolien du secteur de St-Pierre le Moûtier, suite semble-t-il à des avis hostiles de certains conseils municipaux et aux prises de positions également hostiles de défenseurs de châteaux estimant que les éoliennes nuiraient dans leur paysage.
Quant au projet des Bertranges proche de Poiseux, un article du Journal du Centre du 12 juin montre comme les habitants sont partagés ; quatre personnes sont interrogés, trois favorables aux éoliennes, une hostile (mais l’article ne prétend pas rendre ainsi un compte statistique).
Il est question d’un autre projet autour de Rouy, mais géographiquement dans un sens large, puisque le Journal du Centre du 17 juin, qui l’évoque, livre l’opinion des maires de Bona et de Ste-Marie, non sans rappeler que la commune de Bazolles demande une augmentation de sa part dans les bénéfices fiscaux. Le projet consisterait en la construction de 6 éoliennes. Une association hostile s’est constituée, son président étant d’ores et déjà accusé de « faire circuler de fausses informations ».
Le département de l’Yonne continue d’être celui de Bourgogne hébergeant le plus d’éoliennes géantes : le projet dit de St-Agnan (Nièvre) dont les machines seraient surtout visibles depuis les communes de l’Yonne telles St-Léger-Vauban continue de susciter de vives oppositions (Yonne Républicaine, 17 mai 2019), tandis que de nouveaux projets apparaissent : à Massangis, Dissangis, et, plus proche du Morvan, à Cussy les Forges (Yonne Républicaine 3 janvier 2019). Du côté de Noyers, le célèbre village médiéval, c’est la route qui reçoit des convois exceptionnels : des pales de 48 mètres portées par camion pour le site en construction « qui sera situé entre Sarry et Châtel-Gérard » (Yonne R&publicaune 28 mars 2019).
En Côte-d’Or est inauguré un nouveau parc de 9 éoliennes géantes, « à Chazeuil et Chantenay », susceptible de fournir de l’électricité à 17 000 personnes (Journal du Centre 3 juin).
Energie solaire
Dans le département de l’Yonne, l’énergie solaire reçoit un accueil favorable.
« Plusieurs projets de solaire citoyen devraient voir le jour en 2019 sur des toits d’Auxerre » (Yonne Républicaine, 3 janvier) : il est question d’installer des panneaux solaires sur des toits d’école, sur celui du théâtre municipal, etc. Un « mouvement citoyen » est lancé pour financer le projet. Un autre projet de développement du solaire fait cogiter du côté de Joigny : on tient cependant à n’y pas sacrifier de bonnes terres agricoles. Les mauvaises n’étant pas trop courantes dans ce secteur, on envisage de poser des panneaux solaires… sur des plans d’eau semble-t-il sans intérêt autre. Affaire à suivre. (Yonne Républicaine 27 février).
La méthanisation
La méthanisation pose plus de problèmes : à Provency, une autorisation provisoire a été donnée à un exploitant. C’est l’occasion pour l’Yonne Républicaine d’exposer le principe du procédé employé : on stock des matières organiques, puis on les pasteurise en les portant à 70°, puis on les injecte dans des « digesteurs » où s’effectue « la réaction de méthanisation ». Du biogaz est produit et stocké avant d’être injecté dans un groupe électrogène pour produire de l’électricité ou de l’énergie thermique. Quant au « digestaté », résidu issu de la méthanisation et à la consistance plutôt pâteuse, il est ensuite épandu comme fertilisant pour les terres ». Cela donne une production électrique intéressante (600 kw écrit le journal sans plus de précision) Malheureusement les voisins se plaignent de nuisances importantes : olfactives d’abord, relatives au bruit des machines ensuite, et quant à la qualité du produit épandu enfin (il y aurait des résidus plastiques, mauvais pour le sol et donc les cultures). Il semble peu probable que le Préfet fasse de cette autorisation provisoire quelque chose de plus définitif.
Généralités sur les énergies renouvelables
Les 8 et 9 juin sont organisées des « journées portes ouvertes des énergies renouvelables. Dans la Nièvre, le SIEEEN annonce par le journal du Centre du 6 juin qu’il propose les visites de deux sites :
. A La Charité sur Loire,
. d’une part « une chaufferie bois de 2100 kw », et « deux chaudières gaz de 2500 kw »
. d’autre part une « centrale photovoltaïque de 9 Kwc. »
. A Challuy le « chantier du futur réseau de chaleur »
Journaux
L’Yonne républicaine (retour en arrière)
31 décembre 2018, Auxerre : les anciens silos du moulin du Batardeau, fermé en 2015, vont être « rhabillés » par des artistes.
Le Journal du Centre
28 avril : dans la grande série « Enseignes d’antan », une page intitulée « Une tuilerie industrielle en 1886 ». Elle est créée à Plagny, commune de Sermoise, limitrophe de Nevers, par M. Delagrange, à la place d’une sucrerie détruite par un incendie. Le texte n’en parle pas, mais j’ai deux informations complémentaires :
– D’une part ce M. Delagrange avait été auparavant fait construire le grand moulin de Vauprange à Mhère dans le Morvan, un haut et large bâtiment à plusieurs niveaux qui subsiste, mais vide ; il l’a laissé à son fils pour venir mener la toute nouvelle tuilerie.
– D’autre part cette tuilerie ultra-moderne contenait des meules pour chasser les bulles d’air de l’argile qu’on allait mettre au four.
Dans le supplément Fémina du dimanche 25 mai, un article sur la Toscane recommande la villa Campesti, sise à Vicchio di Mugello, où on peut « s’initier aux secrets de la fabrication de l’huile d’olive… profiter des massages à l’huile d’olive ».
31 mai : supplément interne « Donnons ensemble une nouvelle vie aux papiers ». Un supplément de 8 pages consacré au papier, notamment à sa fabrication et à sa récupération. Le document ne rappelle pas que longtemps le papier fut fabriqué dans des moulins. Par contre il est parfois question de meules :
. à propos d’un des procédés de fabrication : « La pâte est obtenue en râpant le bois à l’aide de grandes meules appelées « défibreurs » car elles séparent les fibres.
. A propos d’une des plus grandes fabriques de papier en France, celle de Saillat-sur-Vienne, dans le Limousin : « Cela fait 125 ans que l’usine de Saillat sur Vienne, près de St-Junien, a vu le jour. Un atelier d’extraction de tanin au départ, qui s’est spécialisé dans la pâte à papier ensuite. ». L’ « atelier d’extraction de tanin » était forcément un « battoir » ou un « moulin » à écorce.
Dimanche 9 juin : surprenante manière de traiter l’histoire dans Le Journal du Centre dans la rubrique hebdomadaire « Enseignes d’antan », le titre du jour étant « Un siècle de plâtreries renommées ». C’est chaque semaine une page que je lis attentivement, en général je la conserve. C’est le cas pour celle-ci, puisqu’elle évoque les usines à plâtre de St-Léger des Vignes à côté de Decize, dans lesquelles le gypse, matière première du plâtre, était pulvérisé par des meules. L’auteur reprend ainsi la description de la naissance d’une des premières usines de plâtre, à Decize par Pierre Volut : « M. Bouchard établit aux Halles, en juillet 1856, une fabrique de plâtre en poudre, dont les meules tournent sous l’action d’une machine à vapeur de trois chevaux ».
Or… un de ses encarts a quelque chose de profondément choquant. En effet, en bas, à gauche, il est exposé qu’en 1905 à l’occasion d’une grève, deux ouvriers sont entrés dans la maison du patron Journot, fabricant de plâtre, à St-Léger des Vignes, y ont mis le feu, et ont ainsi causé la mort de ses deux enfants. Ahurissant ! Dans mon manuscrit encore inédit sur les faits divers du XXe siècle, je restitue ainsi ce que j’ai trouvé sur cette affaire (on remarquera que je m’y fonde essentiellement sur le dossier officiel de gendarmerie conservé aux Archives Départementales).
« 1905, St-Léger des Vignes : Les grévistes accusés à tort. M. Pierre Journot possède à St-Léger des Vignes des mines de gypse, lesquelles fournissent la matière première à son usine à plâtre à côté de sa magnifique grande maison. Or, à la mi-décembre 1905, à un moment où les mineurs des mines de gypse du secteur sont en grève, l’ensemble de ses bâtiments de St-Léger est victime de plusieurs tentatives d’incendie, dont l’ultime détruit de fond en comble l’orgueilleuse maison ; la répétition du fait implique origine criminelle.
Très vite les soupçons se portent sur Berthe Testu, âgée de 17 ans, une pupille de l’Assistance publique placée comme domestique au domicile de Pierre Journot. Elle finit par avouer être l’incendiaire, mais quant à sa motivation elle déclare aux gendarmes que les nommés Jean Cuisinat, 28 ans, et Pierre Bardot, 37, « ouvriers mineurs actuellement en grève lui avaient proposé de mettre le feu à l’usine et de tuer M. et Mme Journot. D’après ses dires, elle accepta seulement de faciliter l’entrée de Bardot et de Cuissinat dans la maison de M. Journot. Et à l’en croire, vendredi soir, les deux ouvriers auraient pénétré dans l’immeuble et mis le feu au plancher du grenier, préalablement imprégné de pétrole. » (Journal de la Nièvre)
L’occasion est trop belle de jeter en prison des grévistes : Bardot et Cuisinat sont arrêtés en dépit de leurs énergiques protestations, tandis que la bonne « fut conduite à l‘hôpital de Decize car au moment de son arrestation elle fut prise d‘une violente crise de nerfs ». A l’époque le droit de grève est officiellement reconnu, mais qu’on l’exerce est vécu comme scandaleux par la presse de droite. Pour Le Journal de la Nièvre, quotidien antirépublicain proche des bonapartistes et surtout des milieux patronaux, la culpabilité des grévistes ne fait aucun doute : « Les auteurs de l’incendie ont rendu un bien mauvais service à leurs camarades. On dit que M. Journot va fermer son usine au moins pour quelques temps. Des faits de ce genre sont des plus tristes, parce qu’ils dénotent chez certains ouvriers un état d’esprit effroyable ; mais il faut en faire remonter la responsabilité aux politiciens organisateurs de grèves qui les excitent. Voilà où nous en arriverions avec les révolutionnaires» (l’amalgame de choses n’ayant rien à voir entre elles se pratique déjà dans certains courants de pensée).
Heureusement le juge d’instruction, s’il prend avec des pincettes les témoignages de leurs camarades assurant qu’au moment des faits Bardot et Cuisinat étaient à Sougy, organise une confrontation entre les accusés et la bonne : devant eux elle assure qu’elle ne se rappelle pas les avoir accusés. Et puis soudain, un fait nouveau apparaît, dont on aurait tout de même pu s’apercevoir plus tôt : à l’époque lors des mouvements sociaux la gendarmerie est constamment sur le dos des grévistes, et justement le rapport des pandores, au jour et à l’heure du déclenchement de l’incendie de la maison Journot, note la présence au piquet de grève à la mine de Sougy de Bardot et Cuisinat.
Le juge conclut par un non-lieu en faveur des deux hommes ; La Tribune précise : « Berthe Testu est une névrosée qui doit obéir facilement à la suggestion. Elle sera soumise à un examen médical. » (AD de la Nièvre, M 6216). »
On voit donc :
1) Que jamais les ouvriers accusés ne sont entrés dans la maison, a fortiori jamais ils n’y ont mis le feu.
2) A aucun moment il n’est question que les enfants Journot auraient péri dans l’incendie.
J’ai fait une longue lettre à ce sujet au Journal du Centre. Le dimanche 16, il en a fait état, sous le titre « Précision » et non rectification, se bornant à reconnaître que les deux grévistes n’ont pas été poursuivis plus longtemps par la justice… mais ne disant pas un mot sur le fait qu’aucun enfant n’est mort dans l’incendie. Pierre Volut, l’historien de Decize, m’a dit qu’en fait s’il est exact que M. Journot s’était éteint peu après les évènements en déplorant de nombreux chagrins qu’il avait connus dans la vie, la perte de ses deux garçons était le pire, mais elle n’avait rien à voir avec l’incendie.
14 juin : Dans la page Magazine, est annoncé la parution du livre « Le temps des vieux moulins », d’Isabelle Artiges, chez De Borée. L’action se passe dans le Périgord, où l’héroïne, Madeleine, a quelques aventures pendant les deux guerres mondiales. Je soupçonne qu’il n’y est pas question de moulin, mais que l’éditeur a pensé que ça ferait joli dans le titre.
14 juin : grand article « Glux en Glenne : Le centre archéologique européen de Bibracte ouvre ses portes », avec une photo de Luc Jaccottey.
Un rappel d’abord : le site du Mont-Beuvray où se trouve l’ancienne ville gauloise puis gallo-romaine de Bibracte, se partage entre St-Léger-sous-Beuvray (71) et Glux en Glenne (58). Sur St-Léger a été construit le musée de Bibracte, ouvert à la visite une bonne partie de l’année, et sur Glux en Glenne le bâtiment de la base d’étude réservée aux scientifiques. L’article annonce donc l’ouverture exceptionnelle de la base de Glux au public. La grande photo centrale montre Luc Jaccottey devant plusieurs objets archéologiques, dont ceux du thème « de la pierre à la meule ». Ce n’est pas la première fois que j’évoque Luc Jaccottey, éminente personnalité de l’INRAP : je l’ai eu au téléphone un jour à propos de l’ancienneté des moulins à eau en Gaule ; il m’a alors dit que si on était sûr que la technique était présente en Gaule au deuxième siècle après J.-C., il était probable qu’elle y soit arrivée dès le premier siècle (elle avait été découverte par des soldats romains ayant pris d’assaut une ville perse vers l’an 100 avant JC). Luc Jaccottey a notamment mené les fouilles de l’ancien moulin médiéval de Thervay, dans le Jura, dont les trouvailles ont beaucoup aidé les concepteurs du moulin à eau médiéval de Guédelon. Luc Jaccottey est aussi avec Gilles Rollier l’éditeur de l’énorme travail en deux gros volumes : « Archéologie des moulins hydrauliques, à traction animale et à vent, des origines à l’époque médiévale et moderne en Europe et dans le monde méditerranéen » . Actes du colloque international de Lons-le-Saunier du 2 au 5 novembre 2011 » (les scientifiques n’ont pas peur des titres interminables), parue en juin 2016 ; elle coûte 52 euro, mais elle est tout à fait remarquable.
Revues
Le Régional de Cosne et du pays charitois du 12 juin : les élèves du collège Henri Clément ont obtenu le prix « Clap d’Or » pour le court-métrage, « La potion magix de Donzyx », consacré à l’huilerie du moulin de l’Ile de notre ami Frédéric Coudray. Le prix a été décerné à Paris par un jury que présidait l’acteur Jean Dujardin ; les jeunes auteurs sont montés sur scène pour recevoir leur prix.
La Nièvre en été 2019 : publié par le conseil départemental, Le Journal du Centre et Nièvre Tourisme, c’est le catalogue des manifestations pendant l’été. Les moulins y sont assez bien représentés, avec les périodes d’ouverture à la visite du moulin des Eventées et de l’Huilerie Réveillée à St-Pierre-le-Moûtier, du moulin d’Aron à Crux la Ville, de l’huilerie du moulin de l’Ile à Donzy, des moulins de Moulin-l’Evêque à Cosne et St-Père, le moulin de Mirebeau à Menestreau, etc. Sont évoquées également les journées portes ouvertes à de grands barrages du Morvan. Notons encore plusieurs fabricants de bière locale, dont Jacques Ansault à Vingeux, St-Aubin les Forges (mais pour l’instant j’ignore s’ils utilisent des meules comme autrefois pour pulvériser l’orge ou le houblon). Le musée de Clamecy est cité sans préciser qu’il propose des meules trouvées à Entrains. Par contre, sauf erreur de ma part, l’écomusée du moulin de Maupertuis à Donzy me semble oublié.
Vents du Morvan été 2019 :
– Dans la rubrique relative aux parutions est annoncée celle du numéro spécial de notre bulletin sur les moulins à vent de Bourgogne, cela en termes très favorables.
– Un grand article est consacré aux moulins du Ternin, en particulier celui de notre ami Jacques Desmarquest, dont le moulin du bourg de Chissey est désormais le siège d’une association. Plusieurs photos montrent son moulin, dont deux de l’intérieur, l’une figurant en couverture (il est question aussi du petit château médiéval qu’il a sauvé de la ruine) ; on voit aussi de beaux plans en couleurs des Archives Départementales.. Il y a des photos de plusieurs moulins, dont l’intérieur du moulin de Marnay de notre ami Serge Calandre. Cela posé l’article me paraît parfois assez désinvolte. Par exemple
. Le moulin de Chancommeau à Alligny en Morvan n’est pas le premier du Ternin, il y en a plusieurs en amont.
. Il n’est pas rigoureux d’écrire que la banalité est une taxation de la farine; c’est vrai par l’effet, pas par la définition. La banalité, c’était l’obligation édictée par le seigneur à ses sujets de faire moudre leur production dans son moulin, à défaut de quoi ils s’exposaient à la confiscation de leur blé, de leur farine, voire de l’animal de trait et de la charrette éventuels, voire encore des amendes. Ce pouvait même être assez violent, comme je l’ai montré dans mon livre « Les moulins racontent le Morvan » et dans mes articles de la revue « La France des Moulins » sur la banalité. C’est donc très réducteur que de retenir le seul aspect « taxation ».
. Ecrire « Les meuniers ont été considérés de tout temps comme faisant partie d’une classe sociale privilégiée au même titre que certains notables et formaient une corporation à part dans la société rurale » relève du préjugé. Le meunier ne pouvait s’élever à peu près au rang de notable que quand il était propriétaire d’un moulin, et encore s’il s’agissait d’un moulin considérable. Prenons d’abord la situation avant 1789 : en général, le meunier était locataire du moulin possédé par le seigneur ; il pouvait être serf, comme ce meunier d’un moulin que le duc de Bourgogne donna à une abbaye ; celle-ci fut amenée à « acheter » le meunier en tant que serf. Le meunier était lié par un contrat de bail qui pouvait être féroce : le montant du fermage annuel était très élevé, et quand le meunier n’arrivait pas à le régler, il était mis dehors sans ménagement. Longtemps, le meunier n’a tiré l’essentiel de son revenu non de la fabrication de la farine, mais du fait qu’il était en même temps agriculteur et éleveur sur la terre du propriétaire. Après 1789, on a vu apparaître un nombre de plus en plus grand de propriétaires privés, mais d’abord ils se sont livrés une vive concurrence, ce dont jouaient les clients, en ayant bien soin de fréquenter indifféremment tous les moulins d’un secteur. Ensuite les exploitants des petits moulins ont eu à affronter la concurrence des grands moulins, lesquels étaient toujours en avance quant à la qualité des machines ; par exemple lorsque sont apparus la turbine, puis la machine à cylindres plus performante que les meules, ce sont d’abord les grands moulins qui en ont été équipés, ce qui leur a permis de pousser à la fermeture les petits moulins. Les propriétaires ou exploitants de ces derniers ont peu à peu été contraints de fermer, en général pour devenir de simples agriculteurs. Les faillites de petits meuniers ont été nombreuses.
. La roue actuelle du moulin de Jarle, Alligny en Morvan, petite, est récente. Elle n’a rien à voir avec l’ancienne, immense, si haute qu’elle atteignait presque le toit, comme le montre ce dessin de Jean Perrin en couverture du livre jadis publié par Laï Pouèlée avec notre collaboration, et d’après une carte postale des années 1900.
Archéologia n° 577 de juin 2019 : dans le dossier « Dijon, les révélations de l’archéologie », il est plusieurs fois question des moulins dont disposa la ville, mais sans entrer dans des détails notables.
Lire juin 2019 : Grand article à partir du livre d’Evelyne Bloch-Dano « Mes maisons d’écrivain », que vient de publier Stock. Il sélectionne 10 maisons, le moulin de Villeneuve à St-Arnoult-en-Yvelines, où vécurent Elsa Triolet et Louis Aragon, et qui est aujourd’hui ouvert à la visite..
Livres
« L’Évangile selon Young Sheng », « roman » de Dai Sijie, chez Gallimard. Chef-d’œuvre, mais âmes sensibles s’abstenir. C’est la vie d’un chinois pasteur protestant que va brimer (l’expression est faible) la prise de pouvoir par Mao Ze Dong en Chine en 1949. Son martyre est à son comble lors de la « Révolution Culturelle », le théâtre du-dit martyre étant sa maison, devenue un atelier de fabrication d’huile. Le chapitre 2 de la Troisième partie s’intitule « Le pressoir à huile » mais l’atelier est décrit ou évoqué à plusieurs reprises. Pour nous amis des moulins et en particulier de ceux à huile, il est intéressant d’apprendre qu’en Chine on tire de l’huile de l’« aleurite », que d’ailleurs les Chinois nomment volontiers « l’arbre à huile ». Apparemment le but n’est pas alimentaire : c’est une huile pour les laques et les vernis, même si le tourteau est peut-être quelque peu mangeable. Ce sont deux paires de bœufs qui font tourner la grande meule particulièrement lourde, que l’auteur préfère désigner comme un « gigantesque disque en pierre ». Ensuite la matière obtenue est chauffée puis à nouveau martelée, cela dans un bruit inconfortable. Un des bœufs meurt à la tâche.
Auparavant, l’ouvrage évoque d’autres moulins, toujours à manège, mais mus par des ânes. Par exemple dans la grande maison que possède un pasteur occidental venu participer à l’évangélisation de la Chine : « Dans la dernière cour il y avait un moulin en pierre, qu’un petit âne, les yeux bandés, faisait tourner à longueur de journée pour broyer des graines de soja, qui se transformaient en une épaisse pâte blanche avec laquelle on fabriquait le tofu. A l’occasion des célébrations chrétiennes, on ôtait à l’âne le bandeau qui couvrait ses yeux et on le laissait se reposer ». A mon avis l’auteur, évoquant son grand-père, se laisse aller dans l’élan du récit : un âne ne se reposant quasiment jamais ne mènerait pas longtemps un moulin.
Télévision
Marcel Pagnol
Grand documentaire de presque deux heures sur Marcel Pagnol, sur FR3, mercredi 5 juin, de Fabien Béziat, tourné en 2018. Du cinéaste, homme de théâtre et écrivain, on apprend que c’est dans son moulin de la Sarthe qu’il a tourné « Le gendre de M. Poirier » (film de 1933 peu diffusé à l’époque, et depuis rarement vu car il n’en existe plus qu’une copie, en Angleterre). Le documentaire propose aussi quelques images du film « La Belle Meunière », d’après le cycle de poèmes de Muller mis en musique par Franz Schubert ; c’est Tino Rossi qui tenait le rôle du compositeur, et il chantait une version en français du chant qui ouvre le cycle, celui dont on traduit le titre allemand par « Voyager est la joie du meunier » ; à un autre moment on voit l’affiche du film ; le document précise que cette oeuvre n’a pas eu un grand succès auprès du public.. Il ajoute que le dernier ouvrage tourné par Marcel Pagnol est « Les lettres de mon moulin », d’après Alphonse Daudet.
Le documentaire est excellent, mais les amis des moulins peuvent regretter que ses auteurs n’aient pas cherché à approfondir ce mystère : pourquoi cette passion de Marcel Pagnol pour les moulins ? Ses parents n’étaient nullement du métier.
J’ai d’autres informations sur les moulins qu’a possédés Marcel Pagnol et où il a travaillé. Il acquiert en 1930 le moulin d’Ignères, dans la Sarthe, qu’il restaure et dont, très bricoleur, il reconstruit la roue (c’est le moulin qu’a évoqué le documentaire). Elle lui fournira l’électricité nécessaire entre autres pour écouter clandestinement Radio-Londres en 1944 ; il travaille dans ce moulin à plusieurs films. Puis il acquiert un moulin à La Colle-sur-Loup dans le Var, où il débute le tournage de La Belle Meunière (1948), qu‘il opère selon une technique tout nouvellement inventée, le Rouxcolor. Ensuite il achète à Autheuil, dans l’Eure, son troisième moulin (ref : Lettre d‘Information de la FFAM n° 26, 4ème trimestre 1995). A propos du film « Les lettres de mon moulin », j’ai trouvé une curieuse critique de l’écrivain Yves Martin : « Œuvre de charme, elle convenait parfaitement à ce charmeur. Il pouvait laisser filer sa caméra à la paresseuse, fumer sa pipe ou penser à autre chose. Ce film de détente ne causera aucune surprise… puisqu’il n’était pas d’autre solution que de le tourner comme ça avec l’accent et la gentillesse. »
- Guédelon
- Excellent documentaire présenté par Arte le 15 juin faisant le point du projet de Guédelon en 2017. En particulier quelques minutes sont consacrées au moulin, que nous avions visité en 2016. Donc en 2017, les archéologues ont découvert les premiers problèmes que pouvaient connaître les meuniers du Moyen Age :
- – Fuite dans le sol du bief fait d’argile, donc perte d’eau, donc manque de puissance. Dans la foulée sécheresse entraînant d’une part l’ impossibilité de faire tourner le moulin, et surtout problèmes pour toutes les constructions en bois ; c’est ainsi que les pales de la roue se sont fendillées ou tordues, et il a fallu en réparer.
- – Au contraire crue du ruisseau qui a provoqué des dégâts différents à la roue.
- Conséquence : le moulin a été dans l’impossibilité de fonctionner pendant quatre mois. Remis en marche, il a pu donner une production de 10 kg de farine par heure.
- En passant, on a pu voir quelques minutes l’archéologue Gilles Rollier, qui, ayant bien étudié Thauvey, a beaucoup oeuvré pour construire le moulin de Guédelon. Gilles Rollier, je le cite plus haut comme coauteur de l’énorme ouvrage sur les moulins du Moyen Age avec Luc Jaccottey.
Théâtre
Ubu : pièce d’après Ubu roi, d’Alfred Jarry, donnée à la Maison de la Culture le jeudi 23 mai (après St-Léger des Vignes). C’est un raccourci d’Ubu roi, mais la scène où Ubu décide de camper autour d’un moulin à vent pour y attendre l’ennemi est reproduite. J’ai vérifié dans le texte d’origine : elle y est bien. Ubu, encerclé, y est évidemment battu. Mais dans le texte original, il est précisé qu’un boulet détruit une aile du moulin.
Questions diverses
A la fête de la Loire, qui s’est tenue à Nevers à la mi-mai, un « bonimenteur » s’est avéré drôlement féru en histoire. Il m’a cité un édit de 508 par lequel Clovis a autorisé l’abbaye de Mici à créer des moulins le long de la Loire, dans une région à définir aujourd’hui comme le département du Loiret. Je n’avais jamais entendu parler de cet édit de 508.
Le moulin du Chapitre de Nevers est à vendre.
Des calicots l’indiquent sur les deux façades. Le nom de ce moulin vient du fait qu’il appartenait au chapitre de la cathédrale de Nevers. Il existait au Moyen Age, époque où il eut à un moment 4 roues. A la veille de la révolution de 1789, il avait au moins 2 ateliers, un pour la farine très raffinée avec blutage après plusieurs passages entre les meules, destinée aux boulangers et pâtissiers qui fournissaient le pain de la bourgeoisie et des nobles, et l’autre pour la farine moins dépouillée de son pour le peuple plus modeste, qui l’estimait plus nourrissante.