Nouvelles meunières novembre 2018 1ère partie

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Visite du 20 octobre 2018

Notre ami Régis Boutry, adhérent de l’AMN, a installé il y a quelques années deux turbines à son ancien moulin Simonot dans le hameau Simonneau de St-Léger-Vauban. Il vient d’acquérir l’ex-moulin du Greux à Urzy. C’est un grand bâtiment à 4 niveaux, dont il envisage de faire un ensemble de logements. Régis a organisé une pendaison de crémaillère le 20 octobre 2018. Nous étions plusieurs adhérents de Moulins du Morvan et de la Nièvre à y participer. Nous avons pu visiter le site et les anciens locaux. Le précédent propriétaire nous a exposé où étaient les ateliers au temps où le moulin du Greux était une forge hydraulique. Le grand moulin à blé que l’on peut observer ne fut construit qu’à la fin du XIXe siècle : on le reconnaît quelque peu avec ses fenêtres à fronton arrondi et à parement de briques, assez typiques de l’époque. Il reste d’autrefois à l’extérieur quelques vannes sur le bief (la Nièvre est assez loin) ; à ce propos, le bief est très long, au moins 800 mètres. En fait il commence à l’ancienne usine de Demeurs, également un ancien moulin. A l’intérieur sont essentiellement les trois turbines, en enfilade. En haut un reconnaît un ancien blutoir, très long, aménagé dans la charpente elle-même, ce qui fait que lorsque tout le matériel a été dispersé, il n’a pas été démonté. 


La petite fête a permis de rencontrer des gens très intéressants, dont Mme Nicole Barreau, veuve de Ferdinand Barreau, mort étouffé dans la chambre à farine, cela le 14 mars 1963, m’a-telle précisé.

J’ai donc retrouvé comment Le Journal du Centre annonça la tragédie : « Le minotier Ferdinand Barreau tombe dans une chambre à farine et périt asphyxié. Il avait 42 ans. » L’article précise l’heure, 7 h 45, et le lieu, le 3ème étage du moulin. M. Barreau était monté inspecter ses chambres à farine ; il s’agit de « coffres géants, ayant 12 mètres de haut, et une section d’environ 3 mètres sur 4 , où la farine descend et se stocke en attendant d’être ensachée en bas, selon les besoins. En haut, des trappes munies de couvercles à crochets, mesurant chacune 83 cm sur 68 de large, permettent d’examiner l’intérieur de ces véritables tours.  Celle qui intéressait M. Ferdinand Barreau était pratiquement pleine. La masse de farine y atteignait une hauteur de 10 mètres, ce qui représente environ 180 quintaux. »

Lorsque M. Barreau a ouvert une trappe, un crochet a cédé, et le couvercle a commencé à tomber dans la chambre à farine. M. Barreau a tenté de le retenir, mais il a perdu l’équilibre, et il a chuté dans la farine, à quelque 1,70 m. Il s’est débattu pour en sortir, mais la farine était d’une grande finesse, très poudreuse, et plus le malheureux gesticulait, plus il s’enfonçait, comme un noyé dans des sables mouvants. Cela durait bien depuis 10 minutes lorsque son frère Louis s’est aperçu du drame. Les pompiers ont remonté le corps, puis les médecins ont tenté de ranimer l’accidenté. En vain. L’article précise que M. Ferdinand Barreau , très actif, comptait de nombreux amis.

A la suite de cette tragédie, Mme Barreau a mené quelques temps le moulin avec l’aide d’un beau-frère et d’un minotier professionnel, mais elle a été contrainte de le fermer en 1970.

Mme Nicole Barreau m’apprend que les Barreau du Greux descendent du fameux Adrien Barreau, qui tenait un moulin à Nevers en 1850 (et dont nous avons jadis parlé dans notre bulletin consacré aux moulins de Nevers). Adrien eut deux fils, dont Joseph, qui s’illustra au moulin de Pont-St-Ours dont il publia une longue description dans un Journal de la Nièvre (nous y reviendrons bientôt), et Guillaume, ancêtre de Ferdinand.

Curiosité : Mme Nicole Barreau m’apprend qu’elle est fille d’un imprimeur. Cela me rappela quelque chose : lors de l’exposition de menus illustrés qui s’est tenue à la Médiathèque municipale de Nevers en 2016, était affiché un joli menu en forme de losange relatif au mariage du fils d’un meunier avec la fille d’un imprimeur. « C’était moi » me dit-elle. Nous commentons assez longuement le fameux menu, et me précise que son père était donc le célèbre imprimeur de Nevers Chassain. Il travailla pour de grands éditeurs parisiens (dont Buchet-Chastel, Le Fleuve Noir, etc.), et en 1954 il eut un travail considérable : un éditeur lui avait confié un premier tirage d’un roman, édité dans un premier temps en quelques centaines d’exemplaires seulement. Toutefois le roman eut le prix Renaudot, et Chassain dû le tirer à des milliers d’exemplaires : j’ai pu en discuter avec Mme Barreau parce que  j’avais lu le grand reportage  publié à l’époque par Le Journal du Centre.

Actualité des énergies renouvelables :                                                                                              Journée du 12 octobre sur l’hydroélectricité : à Nuits-St-Georges (Côte-d’Or)

C’est la 6ème organisée par l’association Bourgogne Energies Renouvelables. Journée très constructive avec la participation de huit membres de l’AMMN dont le président. Les explications sur les démarches que doit faire quelqu’un qui prétend produire de l’électricité à partir d’un ancien moulin à eau sont effrayantes. Par exempleil doit bénéficier d’une « attestation de conformité », laquelle ne peut être délivrée par un organisme agréé, qu’une fois tous les travaux finis : c’est sans doute logique, mais c’est créer un gros risque ! En tout cas on a eu la démonstration du génie que déploie l’État pour entraver la production d’hydroélectricité, comme d’ailleurs les autres énergies renouvelables, même si pour la galerie il fait mine d’aider à les développer.

Heureusement l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) publie des brochures très bien faites, dont voici les titres des deux principales :

– Hydroélectricité : réhabiliter ou optimiser un site. Montage juridique et financier.

– Hydroélectricité : réhabiliter ou optimiser un site. Démarches administratives, techniques et intégration des enjeux de continuité écologique.

L’Ademe publie des fiches de 4 pages sur les moulins qui se remettent à produire de l’électricité, dont une qui nous intéresse au premier chef : « Centrale hydroélectrique à Perroy (58). Moulin de la Motte Josserand – Entreprise individuelle Monsieur Daniel Amiot ». On voit notre ami entre les deux turbines qu’il vient de faire poser. L’autre fiche concerne le fameux moulin Cochard, à Cuisery en Saône et Loire (certains de nos adhérents ont participé à une visite voici quelques mois). Daniel est intervenu au cours de « l’atelier » où il se trouvait l’après-midi.

L’Ademe est disponible 25 rue Gambetta, BP 26367, à 25 018 Besançon cedex 6, et Tour Elithis, 1 c bd de Champagne, 21 000 Dijon. Tel à Besançon 03 81 25 50 00. Internet ademe.bourgognefranchecomte@ademe.fr, et www.bourgogne-franche-comte.ademe.fr

Bourgogne Energies Renouvelables est joignable au 03 80 66 54 57 et par courriel au  hydro@ber.asso.fr 

Quelques notes sur la réunion :

C’est la 6ème organisée par l’association Bourgogne Energies Renouvelables. Journée très constructive avec la participation de huit membres de l’AMMN dont le président. Les explications sur les démarches que doit faire quelqu’un qui prétend produire de l’électricité à partir d’un ancien moulin à eau sont effrayantes. Par exempleil doit bénéficier d’une « attestation de conformité », laquelle ne peut être délivrée par un organisme agréé, qu’une fois tous les travaux finis : c’est sans doute logique, mais c’est créer un gros risque ! En tout cas on a eu la démonstration du génie que déploie l’État pour entraver la production d’hydroélectricité, comme d’ailleurs les autres énergies renouvelables, même si pour la galerie il fait mine d’aider à les développer.

Heureusement l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) publie des brochures très bien faites, dont voici les titres des deux principales :

– Hydroélectricité : réhabiliter ou optimiser un site. Montage juridique et financier.

– Hydroélectricité : réhabiliter ou optimiser un site. Démarches administratives, techniques et intégration des enjeux de continuité écologique.

L’Ademe publie des fiches de 4 pages sur les moulins qui se remettent à produire de l’électricité, dont une qui nous intéresse au premier chef : « Centrale hydroélectrique à Perroy (58). Moulin de la Motte Josserand – Entreprise individuelle Monsieur Daniel Amiot ». On voit notre ami entre les deux turbines qu’il vient de faire poser. L’autre fiche concerne le fameux moulin Cochard, à Cuisery en Saône et Loire (certains de nos adhérents ont participé à une visite voici quelques mois). Daniel est intervenu au cours de « l’atelier » où il se trouvait l’après-midi.

L’Ademe est disponible 25 rue Gambetta, BP 26367, à 25 018 Besançon cedex 6, et Tour Elithis, 1 c bd de Champagne, 21 000 Dijon. Tel à Besançon 03 81 25 50 00. Internet ademe.bourgognefranchecomte@ademe.fr, et www.bourgogne-franche-comte.ademe.fr

Bourgogne Energies Renouvelables est joignable au 03 80 66 54 57 et par courriel au  hydro@ber.asso.fr 

Eolien :

Projets éoliens dans la Nièvre évoqués par Le Journal du Centre

Projets éoliens dans la Nièvre évoqués par Le Journal du Centre

– Le vendredi 12 octobre, 5 éoliennes géantes posées à Dampierre-sous-Bouhy et Bouhy sous le titre « Retour au calme après la tempête ». Maintenant qu’elles fonctionnent, et ce depuis un an, les habitants constatent qu’elles font certes un peu de bruit mais qu’il n’est pas très gênant. Par contre les maires se plaignent que leurs communes n’en tirent guère de bénéfice fiscal. Mais le bilan n’est pas encore dressé.

– Mardi 23 octobre : une réunion relative au projet remontant à 2012 qui était d’abord situé essentiellement à Mars sur Allier, en fait désormais réduit à 3 éoliennes sur Langeron et une sur St-Pierre le Moûtier. La Société Nordex compte alimenter 480 foyers, hors chauffage. Les élus semblent d’un enthousiasme limité.

La Côte-d’Or reste le département de Bourgogne où les éoliennes géantes ont le plus de faveur, notamment sur ses grands plateaux certes très verts, mais tout de même assez platounets, où les monstres métalliques ne déparent pas grand chose. Le 29 septembre, Le Bien Public, quotidien départemental, évoque le village de Quincy le Vicomte. Il compte 7 éoliennes, dont les mâts mesurent 100 mètres, chaque pale mesurant 49 mètres et pesant 7,5 tonnes. Aucune habitation à moins de 800 mètres. Ces éoliennes doivent alimenter 20 000 personnes en électricité hors chauffage. Toutes devraient être en état de fonctionner à la fin de cette année 2018. La procédure a commencé en 2003, et la construction a sollicité essentiellement des entreprises de Bourgogne ; les mâts sont l’œuvre de la maison Francéole, domiciliée à Longvic (21). Les pales viennent d’Italie.

L’Yonne s’équipe toujours plus d’éoliennes géantes

Autour de Ravières il est question d’édifier 21 éoliennes, « hautes de 200 mètres en bout de pales, en majeure partie installées en forêt communale ». Le maire de Ravières est tout à fait pour, mais quelques grincheux se font entendre. La commune de Ravières serait « assez épargnée  par l’impact visuel », mais tel n’est pas l’avantage de sa voisine, Jully. D’autant plus que seule Ravières percevra des taxes locales. (Yonne républicaine, 6 août).

Fiscalité des éoliennes géantes

Un argument présenté par les collectivités locales désireuses d’accepter une ou des éoliennes est qu’elles rapporteront quelques taxes. L’Yonne républicaine du 20 août 2018 pose cette question en une : « Pour qui souffle la fiscalité éolienne ? ». « Ainsi Escamps perçoit 3 000 euros par an ». Le grand article donne la parole à plusieurs maires de communes comptant des éoliennes : la plupart estiment que le gain fiscal n’est pas considérable. En outre, parfois il revient à la communauté de communes plus qu’à la commune. D’autrefois ce gain est encore limité quand il faut par exemple entretenir le nouveau chemin qui a été créé pour accéder à l’éolienne. En bas de la page 6, un petit article évoque les loyers, pas très élevés, que perçoivent les propriétaires des parcelles où on implante des éoliennes. Notons que la photo d’une ferme éolienne de 8 machines par-dessus un village est assez jolie.

Photovoltaïque :

Le Journal du Centre du 11 octobre consacre toute une page au « parc photovoltaïque » dit de Charrin, au sud-est de Decize. En fait il n’y est que pour 30 %, le reste étant sur Verneuil. La grande photo montre comme il est immense. 377 900 panneaux solaires, pour une puissance de 43 millions de « watts-crête » (!). Production annuelle escomptée : 50 « gigawattheures », soit la consommation énergétique de 38 400 personnes, générant une économie de CO² de 4200 tonnes par an. L’électricité est vendue à EDF 7 centimes le Kwh, l’État versant un « complément de rémunération ». Cependant les maires ne sont pas satisfaits des retombées fiscales pour leurs communes, attendu que ce sont surtout les communautés de communes (Charrin et Verneuil n’appartiennent pas à la même), la Région et le Département perçoivent également des taxes. Le parc fonctionne depuis décembre 2017 mais il n’a toujours pas bénéficié d’une « inauguration » officielle.

Biomasse :

Près d’Auxerre, à St-Siméon, « la chaufferie biomasse étend son réseau », écrit L’Yonne Républicaine le 16 août. Il s’agit de rationaliser le chauffage collectif de 1500 habitants. On attend de ce réseau une économie de 2 200 tonnes de CO². La récupération de matériaux entre pour beaucoup dans la production de cette biomasse. Le coût monte à 2 millions d’euro.

JOURNAUX :

L’Yonne Républicaine :

9 août : Le moulin à vent de Migé (sur la route de Clamecy à Auxerre) ne tournera plus que rarement. L’association A Tire d’Ailes, qui naguère parvint à le faire restaurer, en assurait l’ouverture aux visiteurs plusieurs fois par an grâce à ses bénévoles. Seulement voilà : il n’y en a plus guère. Le nouveau président, M. Marcel Hauguenois, expose les problèmes dans l’Yonne Républicaine du 9 août, avec photo du petit moulin en page une, et plusieurs en pages 2 et 3, toutes en couleurs. L’article rappelle que qu’il fut tenu par un M. Dautin, son dernier propriétaire et exploitant, qui lui laissa longtemps son nom après l’arrêt de l’exploitation en 1895. La restauration fut achevée en 1994, donc juste avant le centenaire de celle-ci. Depuis 2014, le petit moulin de Migé subit le voisinage de plusieurs éoliennes géantes ; sur le plan esthétique, elles me font l’impression de l’écraser.Je livre ici les photos que j’ai pu faire lors de ma dernière visite au moulin de Migé, il y a plusieurs années.

En bas de la page 3, notons un intéressant et court article sur un moulin situé non loin, à eau celui-ci, mû par l’Yonne : Vincelottes. Il est d’autant plus intéressant qu’il demeure en activité ; il traite près de 5000 tonnes de grain par an, du grain essentiellement produit dans les environs, avec un souci de soin biologique, et une grande variété : épeautre, seigle, etc. Le moulin de Vincelottes conserve une bonne clientèle de boulangers et pâtissiers de l’Yonne. L’article précise que ce moulin de Vincelottes fut longtemps l’apanage d’une dynastie de meuniers, les Danrée. 

Libération :

4 octobre 2018 :

– Article judicieux : «« L’écologie, second souffle pour les villes en déclin ». Nevers devrait s’en inspirer.

– Grand article sur le célèbre peintre Miro, plutôt connu pour ses œuvres abstraites quoique proches du surréalisme : le quotidien présente une grande exposition qui se tient à Paris en reproduisant un tableau de jeunesse, La Ferme (1921-22) ; on y remarque, au troisième plan, un moulin à manège mû par un cheval.

Le Journal du Centre :

15 octobre : A St-Pierre le Moûtier, la célèbre huilerie Léveillé désormais appelée « L’Huilerie Réveillée » a été visitée par les pensionnaires de la maison de retraite d’Imphy. Ils s’étaient donné la peine de décortiquer une bonne quantité de noix afin que de l’huile puisse être valablement fabriquée, qui mieux est à leur intention.

REVUES :

La Bouinotte (revue du Berry)

Ce journal ayant publié un article « La révolution des rivières » qui le montre très favorable à la continuité écologique, le numéro d’octobre contient une lettre du président des Amis des Moulins du Cher, M. Michel Sennequier, pleine de bon sens. Il recommande de maintenir des réservoirs d’eau en prévision des périodes de sécheresse. Il pose cette question : « Que seraient les cours d’eau et l’agriculture (fruitière, arboricole, viticole, légumière et autres) dans le sud-est de la France sans les grands aménagements réalisés dans les années soixante (Serre-Ponçon, canal de Provence et du Bas Rhône-Languedoc) ? D’autre part, la table ronde organisée par la Commission de Développement Durable de l’Assemblée Nationale en novembre 2016 montre les limites de la recherche publique verrouillée par la nécessité de trouver des finances et l’auto-censure que cela impose. »

Le même numéro contient une publicité pour l’Huilerie d’Auron, à Dun sur Auron, dans le Cher, « ancien établissement Boussard fondé en 1860 ». « Fabrication artisanale & épicerie fine. Travail à façon/ Rachat de noix et noisettes ». www.huilerie-auron.fr.

Les Annales du Pays Nivernais (Camosine) n° 173 – octobre 2018

Numéro consacré aux « médailles nivernaises » (rédaction Joël Muzerelle). A propos des moulins, notons :

– Théodore de Banville : poète mort à Lucenay les Aix ; le texte ne le précise pas, mais sa maison est un ancien moulin… qu’hélas il a fait entourer d’un mur.  Voilà un homme devenu célèbre sur le tard mais qui pour autant ne souhaitait pas être vu !

– George Sand : la revue n’en parle pas, mais elle est l’auteur de deux romans qui nous intéressent au premier chef pour leur évocation des moulins, « Le meunier d’Angibault » et « François le Champi » (dans ce dernier un ancien enfant de l’Assistance Publique s’impose comme un excellent meunier).

– Jongkind : ce peintre qui séjourna 18 ans à Nevers était né en Hollande, dont il a peint plusieurs moulins à vent. Pour le symboliser, l’auteur de la médaille qui lui est consacrée y a gravé un moulin à vent (pas facile à distinguer)).

– Thomas Varenne : « En 1820 il installe des papeteries sur le Sauzay » écrit Joël Muzerelle. Un grand moulin à papier à Corvol l’Orgueilleux, qui fonctionnera presque un siècle et demi. Comme date de création j’avais plutôt 1818, mais sans doute l’achèvement de l’usine est-il de 1820.

– Vauban : Joël n’en parle pas, mais le maréchal compte beaucoup dans l’histoire des moulins ; dans son fascicule « L’élection de Vézelay », il livre une statistique du nombre de moulins et d’huileries dans les communes que regroupe cette entité administrative. Dans le fameux « Projet de dîme royale… », qui lui attira la disgrâce de Louis XIV, il estime le nombre de moulins et leur part dans la production industrielle du royaume.

– Mme de Sévigné : le récit de sa visite aux forges hydrauliques de Cosne est bien connu.

– Ste Jeanne de Chantal, grand-mère de Mme de Sévigné : Joël indique qu’elle vécut au château de Bourbilly, en Côte-d’Or, qui se trouve à la limite du Morvan (elle y possédait un moulin, dans la vallée du Serein). Joël ne le précise pas, mais elle habitait aussi souvent son autre château, celui de Monthelon, dans le Morvan non loin d’Autun. Le moulin en dépendant était pratiquement dans la cour du château. Ledit château fut, après la Révolution de 1789, converti en moulin à papier par la dynastie de papetiers Rodary, et le demeura plusieurs décennies.

– Mazarin : le cardinal acheta le Nivernais au nom du roi… et se débrouilla pour le faire tomber dans l’escarcelle de son neveu Mancini. On lui doit cependant la création de forges hydrauliques à Donzy, dont celle qu’en son honneur on nomma « de l’Eminence ».

Moulins de France  n° 116 – octobre 2018

Information essentielle : – Les Journées du Patrimoine de pays et des moulins 2019  (3ème week-end de juin) auraient pour thème : « Patrimoine et développement durable, naturellement ».

Ce numéro de la revue de la FFAM est consacré essentiellement aux moulins du département de la Vienne. « Le long du Clain, à Poitiers, s’élevaient au Moyen Age une vingtaine de moulins ». J’ai remarqué en particulier un sous-chapitre « La production d’hydroélectricité dans la Vienne » par Joël Faucher. Il note entre autres : « Les retenues d’eau ont permis de développer de nouvelles activités, pêche, baignade et sports nautiques… Dans notre département, de nombreuses productions de petites et moyennes puissances subsistent, de nombreux projets existent mais les 3 dernières années de sécheresse donnent à réfléchir quant à investir dans de la production hydroélectrique, sachant qu’il faut respecter la continuité écologique et que la création de certaines passes à poissons est fort dispendieuse ».

En-dehors de ce sujet central, relevons les articles suivants :

– « Nous avons changé de ministre de l’Environnement mais pas les technocrates du Ministère. »

– « Projets de restauration des moulins de Paris ».

Puissance hydro « le magazine de l’hydroélectricité » – octobre novembre 2018

les concessions des grands barrages hydroélectriques vont être ouvertes à la concurrence. A mon avis, les organismes d’État vont encore se faire dépouiller. La revue propose quelques articles étonnants : par exemple un village des Pyrénées Orientales entreprend d’exploiter une chute de 13 mètres pour alimenter tout l’éclairage public, et cela pour un investissement de… 25 000 euro ! Les publicités révèlent un bon nombre d’entreprises fabriquant ou posant des turbines et autres. Chaque numéro de la revue coûte 25 euro, l’abonnement 99 par an. Site internet : www.Puissance-hydro.fr

RANDONNEE

Des amis ont organisé une randonnée sur Perroy, le 6 octobre passant au moulin de La Motte-Jossserand, je leur ai proposé de leur faire rencontrer nos amis Amiot. Daniel étant absent, c’est son épouse qui a montré les turbines à ces randonneurs, dont certains ont été très intéressés. Cela a été l’occasion d’exposer les difficultés que les pouvoirs publics (Onema et Edf) continuent d’opposer à la réalisation du projet de nos amis.

EXPOSITIONS

Montbard (Côte-d’Or) : pour aller visiter l’abbaye de Fontenay, j’ai dû coucher à Montbard. J’en ai profité pour visiter cette petite ville très industrielle, qui contient le château de Buffon. Or il y avait une grande exposition des artistes du secteur : mazette ! Pas moins de 300 œuvres ! Les visiteurs étaient invités à voter pour leur tableau préféré. Je me suis trouvé bien embêté. Alors j’ai voté pour le 192. Pourquoi ? Parce qu’il représentait un moulin à vent. Il y avait aussi une tombola, le vainqueur recevant un beau tableau, qui ne pouvait être le moulin à vent en question. Je ne regrette pas trop de n’avoir pas gagné.

J’en ai aussi profité pour jeter un œil sur l’ancien moulin de Montbard. Disons qu’il ne saurait concourir pour le ravissement esthétique. J’épargne nos lecteurs du châtiment d’une photo.

Questions diverses

Invité par des amis au Creusot, j’ai vu chez eux un joli tableau, le moulin à vent de Romanèche-Thorins dans ses vignes (il donne son nom au fameux cru beaujolais « Le moulin à vent ».

Mes amis m’ont aussi donné la boîte à sucre très colorée évoquant des moulins à vent de Hollande entourés de tulipes. J’en profite pour livrer la photo d’une boîte à sucre que j’ai depuis longtemps, montrant des gens affairés autour d’un moulin à vent, dont le toit est fait de longerons. Ce n’est pas un moulin provençal (le toit n’est pas comme ça), mais il pourrait être du Lauragais.

L’abbaye de Fontenay et son passé meunier

La place nous manque dans le Bulletin pour décrire ce qui reste de meunier à la célèbre abbaye de Fontenay, en Côte-d’or, qui fête cette année ses 900 ans. C’est pourquoi je place ce petit reportage en annexe de ces nouvelles meunières.

J’ai pu admirer, outre le splendide cloître et les très beaux jardins :

– L’ancienne « grande forge », dont ma photo montre les façades nord et ouest. Un grand bâtiment de 53 mètres sur 13,5. Les roues (trois, peut-être quatre) furent côté sud.

– la roue hydraulique toute neuve posée en 2008, fabriquée par les élèves de 7 lycées européens. Elle tourne sous une chute de 4 mètres, ce qui est aussi à peu près son diamètre.

– Le martinet reconstitué de l’ancienne forge hydraulique qui exista jusqu’à la Révolution de 1789. Le même type de marteau était utilisé dans les foulons et les moulins à papier.

– Au petit musée, on voit une « forme » provenant du moulin à papier de Fontenay : la forme était la sorte de tamis où on coulait la pâte à papier encollée pour définir la dimension qu’on attendait. Ce tamis était ensuite posé sous la presse pour expurger l’eau. Puis les feuilles étaient suspendues à sécher, de préférence dans les bâtiments abbatiaux alors ouverts à tous les vents. On voit aussi un rouleau de papier qui a été fabriqué ici. Une photo montre  l’abbaye devenue grande usine, avec des ateliers ajoutés et deux grandes cheminées pour les machines à vapeur. D’autres photos montrent le capharnaüm qu’étaient devenus les vénérables locaux.

Curiosité dans ce petit musée : une scène de vendange où on voit un moulin à manège utilisé comme pressoir à vin.

Le ru de Fontenay ne paraît pas d’un volume considérable, comme le montre ma photo d’un endroit à la sortie de l’abbaye, où part, passant sous le pont, le bief d’un ancien atelier hydraulique de papier. 

Selon l’historien François Aynard, la forge fut ajoutée en prolongement du moulin à grain primitif dès la fin du XIIe siècle. En 1791, l’abbaye fut vendue comme bien national. Claude Hugot l’acheta, 78 000 F, pour y créer une papeterie. Celle-ci fut immédiatement importante puisqu’en 1792 elle employa 14 hommes et 8 femmes.

En 1820, elle passa à des descendants de la grande famille des meuniers à papier de l’Ardèche, les Montgolfier. Elie Montgolfier apporta de grandes nouveautés, dont une machine à vapeur et une machine à cylindres de 20 mètres de long. En effet, c’est l’époque où les presses furent remplacées par ces machines à cylindres permettant de produire de longues feuilles de papier. Dans la Nièvre, la papeterie de Corvol l’Orgueilleux en fut équipée au même moment. Quant à la machine à vapeur de Fontenay, elle servit à aider à faire tourner les cylindres en plus des roues hydrauliques.

Les Montgolfier créèrent quatre autres usines à papier dans le vallon du ru de Fontenay ; ils y firent travailler jusqu’à 300 personnes. Toutefois cette dispersion en cinq usines finit par être un handicap ; en outre,  les machines à vapeur s’avérèrent consommer trop de charbon. C’est pourquoi l’activité papetière cessa en 1903. M. Edouard Aynard, gendre Montgolfier, supprima tous les ateliers et annexes qui avaient privé l’abbaye de son aspect historique, pour lui rendre le splendide aspect cistercien qu’on peut admirer aujourd’hui. 

NB : A propos des abbayes. Je viens aussi de visiter celle de Noirlac, dans le Cher. Elle posséda aussi « des moulins », dont au moins un dans son enceinte ou accolé à celle-ci, mais  il n’en reste rien, sinon le tracé du bief. La brochure sur l’histoire de l’abbaye précise qu’en 1820 elle est devenue une fabrique de porcelaine, et qu’à ce titre elle a contenu des « meules » pour préparer la matière : celle-ci, le kaolin, étant très dure, les meules ont dû être mues par une machine à vapeur. 

Retour à ma visite : dans une salle était la reproduction d’une page de livre médiéval (probablement une enluminure) comme les peignaient les moines copistes. J’ai eu l’autorisation de la photographier. La voici donc, avec le surprenant moulin qui la chapeaute. J’écris « surprenant » car sans rapport avec le sujet (visiblement c’est la scène du jugement de Salomon). Le dessin, très joli, est important parce que le moulin est sur pivot, et un historien faisait remarquer que probablement à l’époque de la première expansion des moulins à vent, ils furent d’abord sur pivot, avant qu’on n’arrive à inventer le toit tournant pour moulin sur tour.

Rédaction :  Philippe Landry