Textes et photos : Philippe Landry, sauf indication contraire
Les moulins des rivières Nièvre
Nièvre de Champlemy, Nièvre d’Arzembouy, Nièvre de St-Benin, Nièvre de St-Franchy et Petite Nièvre, Nièvre de Bourras, etc… elles ont animé quantité de moulins. Nous en livrons ce que nous avons pu établir de leur histoire dans cette série de 5 cahiers, aujourd’hui celui consacré à la Nièvre de Champlemy.
(Lorsqu’une commune possède une rivière non affluente à la Nièvre, les moulins de celle-ci ne sont pas étudiés).
Les moulins des Nièvre ont connu une grande diversité d’activités. Ils ont évidemment surtout travaillé le grain de blé pour fournir en farine panifiable la population. Mais les moulins broyaient aussi les céréales secondaires (orge, avoine) pour nourrir les animaux.
Très souvent le moulin à grain disposait d’une annexe pour transformer en huile la noixou ou la noisette et plus encore la navette (une fleur jaune de la famille du colza).
On rencontrait aussi des foulons : dans une cuve pleine d’eau, on mélangeait la laine, le chanvre et de « l’argile à foulon ». La roue du moulin, grâce à l’arbre à cames, faisait tomber et retomber dessus un gros marteau, cela pendant trois jours. Il en sortait une « étoffe », les derniers temps assez médiocre, dont on faisait le feutre des chapeaux, l’épais manteau des paysans, et les couvertures des chevaux.
On rencontrera quelques moulins à papier ou à carton, et plus encore de moulins ayant pulvérisé la matière à faire le vernis des faïence, ce pourquoi on les appelait « moulins à faïence » ou « à blanc ».
Importance du travail du fer
Particularité importante de la vallée de la Nièvre : en raison de l’abondance de minerai de fer, des forêts fournissant le combustible des hauts fourneaux, et de l’eau pour faire tourner les roues, la vallée a connu un grand nombre de forges hydrauliques “industrielles”. La roue faisait tourner un “arbre à cames”, qui :
– Ouvrait les soufflets,
– Faisait tomber un marteau sur le minerai pour une première épuration (c‘est alors un bocard ou patouillet),
– Faisait tomber le fameux gros marteau dit martinet sur la pièce métallique en fusion pour lui donner forme,
– Faisait tomber un marteau sur le “laitier” (résidu de la forge) ; le moulin s‘appelait alors “moulin à laitier” ou bocard à laitier. Il fournissait un sable qu’on utilisait dans le moule des pièces métalliques, par exemple les canons (on parlait alors de moulin à sable). Mais ce sable, parfois nommé mâchefer, entrait aussi dans le soubassement des routes ou dans les digues des canaux.
Cependant, nous ne rentrons guère ici dans le détail du travail du fer, attendu que d’excellentes études lui ont été consacréesn notamment par Les Amis du Vieux Guérigny.
Notons toutefois que souvent un moulin est devenu une forge hydraulique et réciproquement ; ce sera indiqué aussi souvent que possible. En outre, les anciens parlaient volontiers de « moulins à fer ».
Les moulins à vent
La vallée de la Nièvre a connu quelques moulins à vent. Nous les citerons ici parce qu’en général ils étaient construits pour remédier au chômage auquel contraignaient les moulins à eau les périodes de sécheresse