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La petite centrale du Moulin de Chazelle

Histoires des moulins Non classé

par Jaap van Woerden

La petite centraledu Moulin de Chazelle dans le Morvan

 Le Moulin de Chazelle, fondé en titre et existant depuis 1377, est construit sur un barrage dans le ruisseau de Chazelle juste après le village de Moux-en-Morvan, et qui afflue dans le Ternin, puis l’Arroux à Autun et ensuite la Loire. Il possède d’une belle cascade et une chute d’eau considérable donnant, à l’époque, une force de 2 chevaux avec un débit moyen rapporté de 150 à 160 l/s. La roue fait tourner deux paires de meules pour la farine mais aussi des cylindres pour l’huile jusqu’au la seconde guerre mondiale. Après, le moulin, étant tombé en ruines, a été reconstruit et utilisé largement comme résidence secondaire, lorsque la roue et tous autres mécanisme étaient disparus.

 En 2018 le nouveau propriétaire, Jacob van Woerden, a commencé à donner le moulin une nouvelle vie. Avec son épouse il a transformé le bâtiment en une maison confortable et durable. L’étang – très envasé-  a été curé, un canal de contournement est construit pour laisser passer le débit réservé, et en plus le déversoir est agrandi pour conformer à la demande concernant la crue centennal de 6.8 m3/s comme calculé par la DREAL Bourgogne Franche Comté. Il reste aussi un système de dessablage, opéré avec un moine en amont qui est connecté à un tuyaux sous l’étang et couplé avec le canal de décharge, tout en limitant la risque d’envasement de l’étang. 

  Le débit moyen du ruisseau de Chazelle est calculé par la DREAL à 148 l/s, ce qui correspond très bien à l’estimation de l’époque. Le débit réservé est fixé à 15 l/s. L’ancien règlement d’eau vient d’être remplacé par un arrêté préfectoral par la DDT Nièvre, permettant la remise en eau et l’installation d’une petite centrale d’hydroélectricité. L’arrêté spécifie que, jusqu’à un débit amont de 75 l/s, le débit réservé de 15 l/s passe par le canal de contournement, et au-delà de ce débit de 75 l/s, 20% passe par ce canal. Le débit maximale dérivable pour le moulin est évalué à 289 l/s, ce qui correspond théoriquement à une puissance maximale brute (PMB) de 13.2 kW, basé sur une chute de 4.65 m. et une vitesse d’eau de 2.3 m/s par le canal motrice. L’ancien canal motrice et sa vanne, toujours présent dans le barrage mais étant en très mauvaise état, ont été déterré et remplacé en 2020, suivi en 2021 par la pose d’une goulotte pour amener l’eau à la fosse à côté du bâtiment, une roue de 3.30 m. de diamètre et 1.20 m. de largeur, et finalement un système de production d’électricité à l’intérieur – consistent en une multiplicateur de vitesse et un générateur asynchrone 3-phasé directement branché au réseau électrique dans la maison. Le système complète, de la goulotte au tableau électrique, est installé par l’entreprise spécialisé en petite hydro-électricité Gratia Hydro et donne une puissance nominale nette de 4 à 5 kWc avec un débit de 200-240 l/s. Cette puissance, atteint notamment en plein hiver, est le triple de celle à l’époque (2 chevaux égale 1.5 kW) et largement suffisant pour un système de hydroélectricité en autoconsommation avec un petit surplus. La première année de turbinage a résulté à une production de à peu près 16.000 kWh, plus qu’assez pour allumer la propriété et chauffer-la par pompe à chaleur.

Cependant, il faut noter que, avec un moulin en amont d’un petit bassin versant de presque 10 km2, et en plus le changement de climat d’aujourd’hui, les débits sont assez irréguliers et notamment en plein été on pourra observer des jours où la roue ne tourne pas, ou pas tous le temps. Donc cela demande une système de stockage du surplus – soit physique ou virtuel – et/ou la pose de quelques panneaux photovoltaïque comme complément. Comme ça le moulin pourrait vraiment atteindre une consommation de 100% énergie renouvelable local tout au long de l’année.   

  Pour toutes informations : jaapvanwoerden@gmail.com / 06 04 40 34 71

Corvol l’Orgueilleux et ses moulins

Actualités historiques

par Philippe Landry

Corvol l’Orgueilleux est traversée par le Sauzay, rivière qui vient de La Chapelle-St-André, qui traversera ensuite Trucy l’Orgueilleux, Oisy et Clamecy, où elle rejoindra le Beuvron lui-même affluent de l’Yonne.

Les moulins à Corvol avant 1800

L’historien De Soultrait cite à Corvol l’Orgueilleux deux moulins au Moyen Age : Constantii en 1205 et Bernard en 1239. Christian Guyot a trouvé qu’en 1437 existait sans doute aux Caillons un moulin de Menabre.

Dans le Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy de 1957, M. Letinois écrit à propos d’un monastère disparu de Covol l’Orgueilleux : « En octobre dernier, les maçons de la papeterie, travaillant à l’agrandissement d’un immeuble voisin, me signalent la présence, dans les cours de cet immeuble, d’assez nombreux squelettes rangés parallèlement et ayant appartenu, d’après eux, à des sujets d’une haute stature ». Le monastère remonterait « à une période reculée du Moyen Age », sans doute bâti près de l’église qui existait en 1427. Ce monastère proche de la rivière, sans doute bénédictin, devait, conformément à la règle de l’ordre, posséder un moulin tout proche, voire dans son enceinte.

La carte Cassini dressée vers 1754 propose plusieurs moulins, tous le long du Sauzay, dans cet ordre : un le seul sous étang au Sozay, puis équipés d’un bief un aux Caillons, un aux Davids, un à la Villette, un à l’entrée du bourg de Corvol et le dernier tout de suite après ce bourg, mais le dessin est peut-être symbolique ; il est possible que les deux derniers aient occupé les sites des moulins ultérieurement connus sous les noms de Josserot et de la Porte.

L’historien De Soultrait cite à Corvol l’Orgueilleux deux moulins au Moyen Âge : Constantii en 1205 et Bernard en 1239. Christian Guyot a trouvé qu’en 1437 existait sans doute aux Caillons un moulin de Menabre.

Dans le Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy de 1957, M. Letinois écrit à propos d’un monastère disparu de Covol l’Orgueilleux : « En octobre dernier, les maçons de la papeterie, travaillant à l’agrandissement d’un immeuble voisin, me signalent la présence, dans les cours de cet immeuble, d’assez nombreux squelettes rangés parallèlement et ayant appartenu, d’après eux, à des sujets d’une haute stature ». Le monastère remonterait « à une période reculée du Moyen Age », sans doute bâti près de l’église qui existait en 1427. Ce monastère proche de la rivière, sans doute bénédictin, devait, conformément à la règle de l’ordre, posséder un moulin tout proche, voire dans son enceinte.

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Bona

les gîtes de nos moulins

par Françoise Demarche

 Le gîte du moulin de Bona 

A Bona, une partie de l’ancienne habitation du meunier est devenue un gîte pour vous offrir calme, confort, nature et patrimoine : le charme d’un lieu chargé d’histoire locale, au coeur d’une nature verdoyante qui a beaucoup à offrir ! 

La rénovation a été effectuée avec, pour la plupart, des matériaux respectueux de l’environnement (bois, chanvre, chaux, ocres de Puisaye), tout en conservant certains éléments anciens. 

L’hébergement est conçu pour 6 personnes maximum, avec de la literie autunoise de haute qualité, chacune des deux chambres ayant sa salle de bain avec douche spacieuse et ses toilettes. Les fenêtres de l’étage offrent une vue exclusive sur les prés, le bief et sa cascade, la rivière et ses saules… 

Le séjour, simple avec ses tomettes anciennes, mais néanmoins lumineux, s’ouvre sur le coin cuisine équipé pour tester, pourquoi pas, les recettes de mets bourguignons tels que les gougères, la tarte à la semoule ou bien encore les fameux crapiauds (recettes dans le classeur mis à votre disposition). Le poêle à bois est là pour réchauffer les soirées fraîches. 

Vous pourrez vous relaxer dans le salon en mezzanine où se trouvent télévision connectée, jeux de société, bibliothèque pour petits et grands. 

Un barbecue (charbon de bois) et ses accessoires sont à votre service. Dans le parterre « bio » au pied de votre gîte, vous pourrez cueillir les plantes aromatiques qui agrémenteront vos repas ou parfumeront vos infusions. 

Chiliennes et fauteuils de jardin s’offrent à votre détente en plein air : vous les déplacerez au gré de vos envies pour profiter de la terrasse qui donne sur le pré au milieu duquel coule la petite rivière « Ixeure », de l’ombre du prunier sauvage, du doux chant de la cascade, ou, selon la saison, du spectacle des demoiselles et autres libellules effectuant leur ballet au-dessus de l’eau… Grâce à la présence de l’eau, on observe fréquemment les oiseaux spécifiques des zones humides, comme les bergeronnettes des ruisseaux, les martins-pêcheurs ou même la cigogne noire qui suit régulièrement le cours de l’Ixeure. 

Le village de Bona est classé « Natura 2000 ». Sur le site du moulin, qui fait partie des « Refuges LPO », la biodiversité est reine. Venez la découvrir et l’apprécier : vous pourrez, si vous le souhaitez, vous initier à la technique de mise sous presse de fleurs et feuilles récoltées au bord de la petite rivière qui traverse la propriété et vous pourrez même exprimer vos talents avec une belle composition et ainsi, repartir avec un cadre assuré d’être « unique ». 

Bien naturellement, nous pourrons si vous le souhaitez, vous faire visiter l’ancien moulin à eau qui, par chance, possède encore tout son « équipage » : la roue à augets alimentée « par en-dessus », les engrenages et leurs alluchons en bois, les meules de pierre et leur archure hexagonale, la bluterie et autres éléments de meunerie, le bief en eau… L’occasion pour vous de découvrir quelques anecdotes se rapportant aux anciens habitants de ce lieu ou plus généralement à la vie rurale nivernaise. 

Un chemin balisé bordé de pervenches, d’orchis et de boutons d’or passe au pied du moulin, traverse le gué par une passerelle et mène à la forêt avec une vue bucolique sur la campagne, le moulin et le village, son église, son lavoir. 

Situé entre Loire et Morvan, le moulin de Bona pourra être le point de départ pour de belles excursions culturelles ou sportives dans toute la région. La Nièvre, « vert pays des eaux vives », vous attend… 

Chambre « Reine des prés » 

1 lit « King size » (180×200) 

modulable en 2 lits simples (90×200) 

+ 1 lit simple (90×190) 

==> 3 personnes 

Chambre « Cardamine des prés » 

1 lit « Queen size » (160×200) 

modulable en 2 lits simples (80×200) 

==> 2 personnes 

Sur la mezzanine 

1 canapé convertible pour 1 personne 

complète les couchages des chambres 

Encart technique : 

Le gîte est équipé de la fibre optique pour un meilleur débit Internet. 

La télévision est connectée et vous permettra, en vous munissant de vos codes Netflix ou autres services de streaming et applications, de voir vos émissions ou séries préférées. 

Tarifs et disponibilité

Françoise Demarche

6, chemin du moulin

58330 Bona

Tél : 06 45 92 22 38 ou moulindebona@gmail.com

http//moulindebona.fr

Quelques arguments contre la politique de continuité écologique – outre la question du potentiel hydroélectrique

Actualités Non classé

Le plan d’eau est un écosystème : certaines espèces de poisson et diverses plantes aquatiques se sentent mieux dans un plan d’eau par définition calme plutôt que dans une rivière au cours nécessairement tumultueux. Supprimer un plan d’eau c’est donc détruire un écosystème.

Au demeurant, un plan d’eau, c’est aussi une de ces zones humides que le ministère de l’écologie prétend défendre ; d’ailleurs le début de tout plan d’eau est une zone marécageuse, qui mieux est à l’écosystème très riche en poissons, insectes, végétations diverses.

Au cours de son intervention à notre assemblée générale de 2022, Jean-Pierre Azéma avait insisté sur cette richesse aussi bien zoologique que végétale.

En plus la plupart des poissons recherchent des eaux calmes pour frayer, y compris parfois jusqu’au pied des barrages côté amont.

Accessoirement, un plan d’eau, c’est utile pour la population ; par exemple les pompiers s’y fournissent volontiers en eau pour leurs camions.

Un plan d’eau, c’est beau dans le paysage, pour le plus grand plaisir des promeneurs et des photographes. Lorsqu’il est supprimé, comme on ne transforme jamais l’espace abandonné en terroir agricole, cela laisse un très vilain terrain à très laide végétation rabougrie.

Un plan d’eau protège les rives : le ministère ose prétendre que les vaguelettes d’un plan d’eau abîme ses rives ; c’est évidemment absurde : nous avons tous appris à l’école que la rivière en s’écoulant, et cela a fortiori en cas de crue, érode ses berges, arrache arbres et rochers, creuse des trous, etc.

La pêche : au niveau national, l’État et ses bras armés prétendent que les pêcheurs aiment mieux la rivière. Sauf que dans les faits nombreux sont ceux qui adorent les plans d’eau ; combien de gens m’ont rappelé leur enfance quand le père allait pêcher au fameux plan d’eau du moulin de Montécot sur l’Alène. Le 5 octobre 2019 l’Yonne républicaine publiait un article instructif : une association de pêcheurs y achetait un ancien étang pour le rétablir et donc y pêcher.

Supprimer les chaussées, c’est accélérer  l’écoulement de la rivière

Deux conséquences  observables d’ores et déjà :

– Cet été 2022, le lit des rivières où des chaussées avaient été supprimées s’est avéré asséché plus vite que les autres années, d’où manque d’eau, zones désertiques très abîmées, disparition des poissons, enlaidissement de l’aquatique. On a pu noter un manque d’eau jusque dans les villes et villages, aboutissant à un enlaidissement des espaces que d’habitude les habitants sont heureux de voir couverts d’eau. L’été 2014, la préfète de la Nièvre avait lancé un appel pour que soit retenu un maximum d’eau plutôt que la gaspiller par un écoulement trop rapide. En Normandie, la sécheresse est encore plus désastreuse qu’ailleurs, notamment le long de la Vrille, dans le Calvados : c’est le lieu où la première ministre s’est fait élire députée au printemps dernier.

– Les crues sont plus rapides, plus puissantes, plus dévastatrices, et provoquent des inondations dont on n’a plus l’habitude. Suite à la suppression d’un barrage qui retenait beaucoup d’eau l’hiver, Quimperlé a voici quelques années subi une terrible inondation.

Fragilisation des berges

Les maisons construites sur les berges des plans d’eau et le long des rivières sont parfois victimes d’un phénomène naturel : la solidité des dites berges repose sur une certaine densité d’humidité. Que le plan d’eau disparaisse ou que la rivière s’écoule plus vite, le sol s’assèche, se fragmente, et cela entraîne des fissures dans les maisons.

Les passes à poissons

Très bien en théorie. Reste que souvent le poisson ne les utilisent pas. Jean-Claude nous faisait remarquer que la toute nouvelle passe à poisson de Cercy la Tour fait des heureux : les cormorans ; pour les poissons, c’est un traquenard.

Sommes dispendieuses

On gaspille beaucoup d’argent en travaux, souvent de destruction, qui au final s’avèrent contre-productifs.

Rappel historique

Il y a au moins 1200 ans que l’homme pose des chaussées en travers des rivières et crée des étangs : cela n’a jamais empêché la circulation des poissons. Quant aux sédiments, ils faisaient l’occasion de vidanges de temps en temps, lesquelles étaient bien suffisantes.

Nouvelles Meunières n°52

Nouvelles meunières

par Philippe Landry

Les désastres de la continuité écologique

Les revues des fédérations d’amis des moulins contiennent des articles importants, notamment suite aux effets désastreux de la sécheresse de l’été 2022 consécutivement à la suppression de quantité de seuils dans les rivières.

Moulins de France (FFAM) janvier 2023 n° 133.

  • « Une obstination idéologique suicidaire : Certains l’ont oublié, les poissons ont besoin d’eau ! », par Patrice Cadet, article à propos des effets désastreux de la sécheresse de l’été 2022, avec des rivières à sec suite à la suppression des barrages qui créaient des réservoirs, et dont il dresse le bilan. « Ce qui s’est passé en France en 2022  a été un véritable choc pour la population, étant donné que notre pays s’est doté d’Agences de l’eau depuis 1964. Elles étaient chargées de nous éviter ce désastre, disposant de plusieurs milliards d’euro chaque année ».
  • « Mauvais temps pour la biodiversité aquatique… Les technocrates vont mettre les rivières à sec »  Christian Lévêque fait aussi le bilan des nombreuses rivières qui, suite à la suppression de chaussées et de moulins, coulent plus vite qu’autrefois, laissant, lors de la sécheresse comme celle de l’été 2022, des grandes zones arides où les poissons crèvent faute de pouvoir nager et frayer.
  • « Brève histoire de l’écologie des rivières » : Michel Veuille démontre que la prétention de l’administration de retrouver l’état originel des rivières est absurde. Il est rappelé que les biefs des moulins ainsi que les plans d’eau créés par les chaussées permettaient aux poissons de s’édifier des frayères. Notons aussi le chapitre intitulé « La responsabilité de l’administration dans la pollution des eaux ». A l’origine l’écologie est une science, pas un dogme technocratique.
  • « Libérer le potentiel de production d’énergie des moulins à eau ».

Le Monde des Moulins (FDMF) janvier 2023 n°83.

Le Monde des Moulins (FDMF) janvier 2023 n°83.

  • « Face au changement climatique, pour un ajustement prudent de la gestion de nos rivières » Jean-Paul Bravard fait état d’un article du Monde du 11 octobre 2022 selon lequel « il y a des progrès à faire sur la compréhension du cycle de l’eau », à propos du dogme de l’administration selon lequel « laisser l’eau s’écouler serait le meilleur moyen de sauver l’environnement ». C’est évidemment faux : la sécheresse de l’été 2022 a créé de nombreux assecs dans quantité de rivières, assecs dans lesquels tout naturellement les poissons ont massivement crevé. En fait « les bienfaits des seuils l’emportent sur les inconvénients ». « La meilleure gestion d’un cours d’eau méditerranéen de montagne et de plaine n’est pas la restauration radicale d’un soi-disant état naturel, qui provoquerait la mort assurée des espèces aquatiques et le déclin de la ripisylve, mais un ajustement prudent au changement climatique pour conserver le régime d’écouler actuel et maintenir des oasis de vie bien vivantes ».
  • Le Conseil d’État se prononce contre le décret et l’arrêté ministériel du 30 juin 2020 qui facilitaient « les travaux de rétablissement de la continuité écologique ».

Dans la Nièvre

À Dommartin, on a supprimé le plan d’eau de feu le moulin du Couloir (condamnant définitivement ses turbines), soi-disant pour que le Veynon coule mieux, mais… ce sont des castors qui ont construit un barrage à la place de celui que l’administration a prétendu détruire. (Journal du Centre 5 janvier 2023).

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Les moulins de la Cressonne – 5 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

La Nocle-Maulaix

Le dictionnaire des communes de la Nièvre Flohic propose  : « Au Moyen Age, le moulin de Marnant dépend de la seigneurie de la Nocle, et au XVIIIe siècle il est la propriété du maréchal de Villars qui installe une faïencerie à proximité ».

Dans « Au Carrefour de Trois Provinces », Marthe Gauthier évoque longuement la verrerie qui fut souvent dite « de La Nocle » ou « de la Nocle-Maulaix ». En fait elle était à Bois-Gizet, un lieu-dit de la paroisse de Savigny-Poil Fol, loin du chef-lieu de celle-ci puisque situé entre le grand étang de Marnant et l’abbaye d’Apponay, sise à Rémilly. Voir chapitre consacré à Savigny Poil Fol.

Dans le tome 2 de son grand ouvrage, Marthe Gauthier dit que le maréchal Hector de Villars, connu pour occuper le château de Larochemillay, acquiert la seigneurie de La Nocle en 1719, dont le moulin au-dessous de l’étang de Marnant. Un document de 1747 nous apprend cependant que le maréchal a aussitôt délégué à son chargé d’affaires Jean Prudon de vendre le moulin à Alexandre Léonard Poupon dès 1719. Cependant, une affaire confuse surgit en 1742 : c’est que le moulin était « entragé » de « 46 bichets seigle, 6 poulets du poids de 18 livres cinquante  et autres » ; il s’agissait d’une sorte de rente féodale. Je crois comprendre qu’Alexandre Poupon ne s’en étant pas acquitté est poursuivi par la veuve du maréchal tandis qu’il a quitté La Nocle pour devenir meunier à un moulin de Cronat. (Archives Départementales, 3E56/285).

Marthe Gauthier livre page 46 une liste de meuniers du moulin de La Nocle, probablement Marnant : Pierre Pouron en 1707, François Roux en 1714, Prudh’on en 1723, Talpin en 1757, Jean Lambert en 1764, Noël Morin en 1767, Léonard Renaud en 1790. Toutefois elle a trouvé un document dans le fonds de Voguë des Archives départementales selon lequel « les moulins de La Nocle sont banaux » (les sujets de la seigneurie sont obligés d’y porter leur grain à moudre, faute de quoi ils s’exposent à la confiscation du dit grain ou de la farine s’ils sont pris alors qu’ils reviennent d’un autre moulin). Le noble de Voguë est devenu propriétaire de force biens dans le secteur, dont Fours, La Nocle-Maulaix, Ternant, etc… et des domaines considérables situés aujourd’hui en Saône-et-Loire. Le pluriel interpelle : soit il y avait au moins deux moulins, soit celui de Marnant était assez considérable, par exemple muni de deux roues ou constitué de deux bâtiments ayant chacun une roue, pour qu’on en parle au pluriel.

C. Roy, dans son grand ouvrage en deux tomes « Quatre Vingts moulins autour d’Issy l’Evêque », dénombre 3 moulins à La Nocle-Maulaix : Marnant, Moulin-Neuf et Coquard. Il commet là une erreur qui n’est que légère : c’est la seigneurie de La Nocle qui a disposé de ces trois établissements, pas la paroisse ; le Moulin Neuf et le moulin Coquard sont indiqués par la carte de Cassini sur une rivière de Cronat.

Au moment de la Révolution de 1789, comme le sire de Voguë émigre, ses biens, dont l’étang et le moulin de Marnant, sont confisqués et mis en vente. Il est ainsi décrit : 

« Moulin de Marnant consistant en trois corps de bâtiment, l’un couvert à cloisille contenant une étable et un moulin faisant farine avec ses roues, l’autre contenant une chambre à feu, une grange et des étables, grenier, fenil, couvert à paille, le troisième en assez mauvais état, contenant une chambre et une étable, aussi couvert à paille, cours, jardin, chenevière, le tout contenant environ quatre coupelées, une terre d’environ 6 coupettes, une terre appelée le dessertit d’environ quatre, un étang empoissonnant environ quinze cent d’empoissonnement ». Beaucoup de mots de l’époque se sont perdus : la cloisille est sans doute la tuile en bois qu’ailleurs on nommait l’esseaune.

La maison du meunier est de « de longueur quatre cinq pieds sur 16 de large » (45 sur 16 : si on compte le pied à 30 cm, ce qui donne 13,50 m sur 4,80. Je n’ai pas mesuré mais cela ressemble aux dimensions de la petite maison qui subsiste à côté du moulin). 

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Les moulins de la Cressonne – 6 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

Les moulins de Montambert

Avant 1800

Dans « Au carrefour de 3 provinces », Marthe Gauthier dit qu’une première unité monastique de Montambert fut érigée en prieuré en 1075, dans l’ordre bénédictin. Or la règle de St-Benoît exigeait que chaque monastère dispose d’un moulin. J’émets donc l’hypothèse que dès cette date ou peu après un moulin fut créé à Montambert au profit du prieuré.

Pourvue de nombreux étangs mais de peu de terres cultivables, la paroisse de Montambert paraît modeste à Marthe Gauthier : « Il n’y a que 6 domaines, un moulin, 2 tuileries, une poterie et plusieurs locatures ». Elle ajoute que le prieuré possédait en 1725 un moulin qu’il louait à Froton Mahyeu ; plus tard il le louera à Robert Marion. Le dossier H39 des Archives Départementales relatif au prieuré de Montambert fait référence au contrat de bail commençant le 3 janvier 1725, passé devant le notaire René Barleuf du 23 octobre 1724, entre le prieur de l’époque et le marchand Fronton Mayeux, lequel ensuite allait sous-affermer le moulin. Fronton Mayeux devait un fermage pour le moulin de 20

« rezeaux de blé seigle », 17 livres 3 sols 10 deniers. L’écriture de l’époque est très difficile à comprendre.

Un moulin apparaît à Montambert sur la carte de Cassini dressée dans les années 1740, au pied d’un étang.

A propos de la seigneurie de Vitry aujourd’hui en Saône-et-Loire, Marthe Gauthier énumère ses nombreux moulins, pas moins de 13, sans préjudice de d’aucunes forges, dont « Le moulin du Pont, à Tannay, sur un étang près du château… En 1756 il eut comme meuniers Robert Marion et les siens ». En fait ce lieu-dit « Tannay » est sur Montambert, paroisse portant d’ailleurs parfois le nom de « Montambert-Tannay ». On remarque le nom du meunier : peut-être le même qui a tenu le moulin du Prieuré. Mais Marthe Gauthier ajoute « et les siens » : c’est qu’il existait dans le secteur des « communautés familiales » ou « rurales », ces familles vivant ensemble, souvent dans un grand bâtiment commun, « au même pot, au même feu » comme on disait alors. Il arrivait qu’un propriétaire de moulin l’afferme à toute la communauté, celle-ci désignant en son sein celui qui tiendrait le rôle de « meunier ».

Le dossier H39 contient pour l’année 1786 un document dit « Copie des Reconnaissances faites par M. Bonneau au prieur de Montambert pour les biens de Montambert-Tannay et St-Hilaire ». Le « moulin de Montambert » y est cité ; il est banal (les sujets du prieuré sont obligés de porter leur grain à son moulin, faute de quoi ils s’exposent à des sanctions comme amende et confiscation du blé ou de la farine) ; il est « situé sur l’étang du moulin », il dispose de maison pour le meunier, grange, étables etc… terres, droit d’usage dans les bois, droit au bois pour entretenir le moulin. Le meunier est lié par un « bail à bourdelage » ; en principe cela signifie que le preneur du bien est serf et qu’il s’engage à régler une partie de son fermage en argent.  La rédaction ci-dessus implique que le prieuré a vendu le moulin à ce M. Bonneau.

Or un document de 1809 va nous révéler autre chose ; c’est qu’un autre moulin existait  en 1721 à Montambert, appartenant à un roturier.

Au XIXème siècle

Le grand fichier des familles montre que les Imbart de la Tour sont à l’origine des tanneurs de Luzy. Imbart a acheté « la ci-devant terre de Montambert » en 1809 à Gabrielle Malnoury, veuve de Pierre Saint-Cy, achat enregistré par le notaire de Fours le 13 décembre 1814, Cortet (3E11/1 pour 1809 et 3E11/4 pour 1814). Cette famille l’avait achetée en 1721 le 29 janvier notaire Berthaut 3E1/1281. Celle-ci l’avait acquise en 1660 notaire Camuset 3E1/566.

En 1840, il y a deux moulins à Montambert, respectivement sous les étangs « Gaillon » et « Grainetier » (S4174). 

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Les moulins de la Cressonne – 7 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

Les moulins de St Hilaire-Fontaine

En 1719, le maréchal Hector de Villars acquiert la seigneurie de La Nocle dont la terre d’Olny et Port-Tarreau, laquelle comprend « un moulin à blé sur la Cressonne », mais ce peut être aussi bien le moulin au Loup que celui de Tharaud. (Rf : Marthe Gauthier, « Au carrefour de trois provinces » tome 2).

La carte de Cassini dressée dans les années 1740 indique à St-Hilaire-Fontaine le moulin au Loup, cela sur un ruisseau affluent de la Cressonne. 

Au moment de la Révolution de 1789, il apparaît que la seigneurie du fameux comte de Voguë, centrée sur Fours, s’étendait jusqu’à St-Hilaire-Fontaine, où il détenait une « rente » féodale de « trente boisseaux seigle et trente deux boisseaux froment » sur le moulin de Tareau, appartenant à Pierre Rizard ; en principe une telle rente impliquait qu’autrefois le moulin avait appartenu au seigneur, et qu’il l’avait vendu non sans en conserver un revenu certes mineur (Archives Départementales de la Nièvre 1Q1589). 

Le plan cadastral de 1819 montre le moulin au Loup au pied d’un grand étang en fait résultat de l’élargissement du ruisseau qui sur certaines cartes porte son nom.

En 1815 le moulin au Loup appartient à Diomède François Henri comte de Clerc Ladevere ; il afferme « la propriété appelée Moulin au Loup » à Louis Givalois, lequel se définit comme « propriétaire et meunier » (propriétaire au sens où il possède des parcelles de terre dans les environs). Le contrat contient la description de la dite « propriété » :

« 1° Un corps de bâtiment où se trouve, comme en dépendant, un moulin à farine en activité garni de ses pierres de moulage,pesage et autres objets propres à son service » (suivent des mots difficiles à lire où il est question de l’étang qui alimente le moulin).

2° « Un autre corps de bâtiment » (la suite, également à la graphie peu accessible pour moi, implique la maison d’habitation du meunier).

Les paragraphes 3 à 6 évoquent les parcelles adjacentes au moulin de nature agricole. Suivent de nombreux articles concernant les obligations du preneur, très délicats à déchiffrer.

« Le présent bail à ferme est fait aux conditions ci-dessus… moyennant la somme de Neuf Cent Francs par an que le dit Louis Givalois promet et s’oblige de payer annuellement au dit sieur Deladevere en deux termes de quatre cent cinquante francs » le 11 mai et le 11 novembre. En garantie, Louis Givalois hypothèque ses biens. (AD notaire Cortet 3E11/4).

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Les Moulins de la Cressonne – 4 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

Les Moulins de St Seine

La seigneurie de Ternant dispose de deux moulins à La Loge en 1539 comme en témoigne le texte de l’hommage de la demoiselle titulaire de la seigneurie au duc de Nevers « Le grand étang de la Loge, où il y a deux moulins qui sont banaux, où vont tous les habitants de ladite terre moudre leurs bleds sous peine d’amende et confiscation des bleds et farines, et peuvent valoir par an 100 bichets de grain. » (Mémoires de la Société Académique, voir chapitre sur Ternant). A une époque inconnue le site compte trois forges. En 1719 c’est une forge déjà avec moulin annexé, lequel demeure banal (cf Marthe Gauthier, « Au Carrefour de Trois Provinces » tome 2).

Ici surgit une difficulté que nous retrouverons : le ruisseau, venant de Savigny Poil Fol, et qui alimenta cet étang de la Loge, donc ses moulins, puis sa forge et le moulin qui lui sera annexé, s’appelle « ruisseau du moulin du Comte », et le dit moulin annexe certains l’appelaient « moulin du Comte ». Or je trouve un moulin du Comte sur cette paroisse, J’émets l’hypothèse que deux moulins ont porté ce nom, un sur chacune des deux paroisses en question, Savigny Poil Fol et St-Seine. J’émets d’ailleurs une autre hypothèse : la vallée de la Cressonne échut un jour au comte de Nevers ; j’avance donc que peut-être c’est lui qui a suscité la création des deux moulins en question, d’où leur nom de « moulin du Comte » ; comme le comte de Nevers est devenu duc en 1538, cela impliquerait que les deux moulins existaient avant cette date (on en est sûr pour celui de la Loge).

Les auteurs du livre « La Nièvre Royaume des Forges », écrivent : « Le 1er janvier 1754 le marquis de Poyanne afferme pour 18 ans, pour 2 000 livres par an, à Joseph Mollerat, la forge de la Loge, le moulin de Vandenesse et le cours d’eau ». Je me demande s’il n’y a pas une erreur à propos de ce dernier moulin : Vandenesse, c’est loin, et on va voir que constamment un moulin à blé aura été annexé à la forge de la Loge. 

A la veille de la Révolution, le contrat par lequel le sire de Voguë afferme ses biens évoque à la Loge une forge et un moulin, à quoi il faut adjoindre trois domaines agricoles ; tout cela est affermé à un sieur Baltazard rien moins que 7 000 livres. Je suppose qu’il sous-afferme la plupart des unités distinctes. (Archives Départementales 1Q1590).

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Les Moulins de la Cressonne – 3 –

Histoires des moulins

par Philippe Landry

Ternant et ses moulins

Vu l’importance du château de Ternant notamment de son titulaire qui joua un rôle si considérable auprès du duc de Bourgogne au XVe siècle, il me paraît impossible que non loin il n’y ait jamais eu de moulin à eau, sur la Cressonne ou sur son affluent dit du Moulin du Comte  venant de Savigny où ce dernier était situé.

Au XVIe siècle, la baronnie de Ternant fut importante, couvrant un vaste territoire, ce dont témoigne ce document dit « dénombrement de la justice de Ternant ». En 1539, la demoiselle Jeanne de la Chastre, demeurant à Ternant, « confesse tenir et porter en foy et hommage de très haut et très puissant seigneur monseigneur le duc de Nevers » tous les biens composant ses seigneuries, lesquelles comprennent outre Ternant et La Nocle Maulaix :

. A l’est Tazilly et Savigny Poil Fol.

. Au nord Poussery, paroisse de Montaron ;

. Au sud nombreuses paroisses aujourd’hui en Saône et Loire en particulier Cronat aux nombreux moulins, et  Marly sous Issy avec la seigneurie de Barnaut ;

. Et curieusement toute une petite seigneurie autour d’Authiou, loin dans le nord du Nivernais, près de Montenoison entre Prémery et Clamecy. On y trouve cités un grand nombre de  moulins dont un à vent (Mémoires de la Société académique, tome 5 de la collection de la Médiathèque municipale de Nevers). 

. Toutefois aucun moulin à Ternant même. Relevons cependant cette phrase : « Le village Dapucy et ses appartenances » partie en la justice de Ternant, partie celle de Savigny, dans un espace comprenant « rivières, moulins »… Or existe aujourd’hui un hameau Apussy, à l’est de Ternant et au sud-est du ruisseau du moulin du Comte ; peut-être là y a-t-il eu un moulin.

Cette seigneurie a possédé notamment deux moulins à La  Loge et celui de Parigny (paroisse de Tazillly) en 1537, et plus tard en 1761 les moulins de l’Echelle et de Livrenaud « village de l’Hôpital » que je ne sais où situer. (Mémoires de la Sté Académique, tome V de la collection telle que conservée à la Médiathèque de Nevers).

Par contre je suis tombé il y a longtemps sur un document évoquant une carrière de meules à Ternant à l’époque de l’occupation de la Nièvre par les armées étrangères suite à la défaite de Napoléon en 1815.

Dans les années 1840, les enquêtes administratives montrent que la commune de Ternant ne compte aucun moulin (Archives Départementales S4168 et 4174)..