Nouvelles Meunières N° 24

Nouvelles meunières

Lutte contre la continuité écologique

L’État prétend imposer la continuité écologique parce que selon lui les plans d’eau gênent les pêcheurs ; on se souviendra éternellement de cette phrase décisive du ministre de l’Environnement M. De Rugy : « Les moulins empêchent les pêcheurs de pêcher ». Donc je reçois avec délice cette coupure de l’Yonne Républicaine du 5 octobre 2019 : « Les pêcheurs ont racheté l’étang ». Tout cela respire la cohérence absolue.

Accessoirement, il s’agit du plan d’eau du haut de Marault, à Magny près d’Avallon ; nous amis des moulins connaissons le plan d’eau du bas, dont une route emprunte la digue, en-dessous de laquelle on voit l’ancien moulin. Celui-ci est surplombé par un château où le grand Pasteur vint quelquefois, à l’invitation de son propriétaire, M. Radot (ils avaient marié leurs enfants). Pasteur a-t-il visité le moulin ? J’ai jadis posé la question à l’institut Pasteur : il m’a été répondu fort aimablement que Pasteur n’avait rien écrit à ce propos. Il faut dire qu’à l’époque de ses venues il était déjà fort âgé, et sans doute était-il moins enclin à prendre force notes.

Toujours à propos de la nécessité où l’État se prétend de détruire un maximum de plans d’eau : l’Yonne Républicaine du 5 novembre contient un petit article à propos de la rivière qui à Auxerre alimentait le moulin à huile Darnus, dont nous avons beaucoup parlé dans notre supplément sur les moulins à huile. « Un bras du ru reste à sec ». « Malgré les pluies abondantes de ces jours-ci, il faudra attendre encore pour voir l’eau emplir le bief du moulin peu à peu envahi par la végétation ». Laquelle dans ce cas n’est pas bien belle, ce qui ne confère guère de charme à l’entrée sud de la ville.

Actualités des énergies renouvelables

Le mercredi 13 novembre, Engie s’offre une publicité de 4 pages dans Le Journal du Centre, « En avant vers la transition énergétique ». Elle insiste surtout sur les économies qu’on peut opérer dans notre consommation d’énergie. La page 2 s’intitule : « Produire et consommer son énergie solaire », et un paragraphe très intéressant : « Solaire : l’énergie d’aujourd’hui vient d’en-haut ».

L’hydrogène

Tout en bas de la même page du Journal du Centre sur les énergies renouvelables du 13 novembre, un petit article : « Hydrogène : l’énergie de demain viendra-t-elle de l’eau ? ». Source d’énergie renouvelable, il est produit par électrolyse, et peu d’électricité lui suffit. Cela me mène à poser la question : un moulin ne pourrait-il réaliser cette électrolyse ?
Les 25, 26 et 27 novembre, nouveaux articles, et conséquents, justement sur l’hydrogène comme source d’énergie de l’avenir. Deux pleines pages dans le numéro du 25, une dans ceux du 26 et du 27. D’ores et déjà des trains commencent à circuler alimentés à l’hydrogène. De gros camions pourraient en bénéficier bientôt. On voit qu’on s’oriente vers la production et la consommation par « grande masse ». Mais bon : mon vœu qu’on équipe des moulins pour produire de l’hydrogène demeure.

Éolien

L’Yonne Républicaine du 2 novembre 2019 fait le point sur la situation sous le titre « Vive le vent, vraiment ? ». L’État soutient l’éolien : en France 8 000 éoliennes fournissent environ 6 % de l’électricité, « mais sur le terrain les résistances persistent ». L’article cite le témoignage de plusieurs personnes qui se plaignent du bruit, et d’un maire qui déplore que finalement sa commune ne reçoit pas les recettes fiscales espérées, notamment dans la montagne bourbonnaise (département de l’Allier).

La lettre d’Aquilon, c’est le bulletin des ennemis des éoliennes du secteur La Chapelle-St-André -E ntrains-sur-Nohain : ils sont surtout remontés contre le projet d’éoliennes d’Entrains sur Nohain. J’en ai parlé dans des Nouvelles meunières : il ne pourrait se faire qu’en détruisant beaucoup d’arbres. L’Aquilon insiste sur le fait qu’il nuirait beaucoup dans le paysage ; il évoque l’exemple de Suilly la Tour, où un touriste a vu avec effroi une gigantesque éolienne derrière la belle église classée depuis 1914.

Journal du Centre du 10 novembre : à Beaumont la Ferrière, « les anti-éoliens s’organisent » contre le projet touchant plus ou moins une douzaine de communes ; ses détracteurs soutiennent qu’il défigurerait le paysage, très forestier dans ce secteur, et nuirait au développement touristique.
Journal du Centre des 15 et 20 novembre : à Ste-Colombe des Bois, non loin de Donzy, le maire « a demandé l’avis de ses concitoyens » sur un projet d’implantation d’éoliennes : un vote permet au quotidien de titrer : « Les habitants contre l’éolien ».
Journal du Centre du 10 décembre : « Le projet éolien relancé dans le Morvan ». Il s’agit du projet qui avait agité les environs de Luzy côté Nièvre et Issy l’Evêque côté Saône-et-Loire. Une société différente de celle qui le portait à l’origine reprend le projet : 10 éoliennes seraient implantées à Tazilly, St-Seine, Ternant (58), Crécy sur Somme et Marly sous Issy (71). La polémique promet d’être intense, le quotidien annonçant que l’association des adversaires compte 1074 membres.

Énergie solaire

Le Journal du Centre du 8 novembre annonce qu’à Magny-Cours, des parkings du fameux circuit automobile vont être couverts de panneaux solaires. Ils devraient pouvoir approvisionner en électricité 1650 foyers hors chauffage.

Le Journal du Centre du 22 novembre annonce un projet de parc photovoltaïque à Alligny-Cosne, exactement au hameau de Bois-Joli, doté de 12 ha.
Le 2 novembre 2019, l’Yonne Républicaine livre deux articles très contrastés sur le photovoltaïque :
. Un projet dans le Tonnerrois, à Nitry : une grande parcelle « entre l’autoroute et la bretelle de délestage » serait couverte de panneaux solaires, susceptibles d’alimenter en électricité 1500 personnes. Ils seront entourés d’un espace végétalisé entretenu par « écopaturage ». Le projet est soutenu par EDF.
. En Puisaye, du côté de St-Privé, la société Abo Wind projette de disposer des panneaux sur une grande parcelle : il y aurait « 190 000 modules polycristallins » posés sur « des pieux battus ou vissés ». 30 000 personnes seraient alimentés en électricité. Mais des voisins redoutent de possibles « nuisances » et ne marquent pas un grand enthousiasme d’avoir ces panneaux solaires autour de leur maison.
Dans les deux cas une consultation de la population est organisée.

La méthanisation

A Auxerre, expose l’Yonne Républicaine du 26 avril 2019, « une chaufferie biomasse est implantée au cœur du quartier Saint-Siméon ». 3700 logements et plusieurs immeubles collectifs tels l’hôpital et certaines écoles sont ainsi alimentés en électricité. L’unité de production est entouré d’un espace herbu que tondent des moutons. Cependant, l’article ne précise pas si l’usine de biomasse n’utilise que des déchets verts.
C’est net dans un article du 7 juin 2019 relatif à un « méthaniseur » qui va être construit près de Chablis : il traiterait par an 10 000 tonnes de déchets de la vigne, à savoir un ensemble «de  marcs, de lies et de bourbes ». Il produirait du gaz fin 2021 ou début 2022.

Journaux

Le Journal du Centre
17 novembre : dans le supplément consacré aux programmes télévision, une page publicitaire propose des pantoufles « charentaises » avec ces quelques mots : « Conçues au XVIIe siècle à partir de morceaux de feutre issus de la papeterie, elles se glissaient dans les sabots. Ce sont ensuite les domestique qui les portent pour ne pas faire de bruit » (quand ils marchent sur les parquet pour venir servir leur maître). C’est effectivement l’origine de la pantoufle, sauf que le feutre n’était pas fabriqué par les moulins à papier, c’était l’œuvre des foulons.
Malheureusement, plusieurs journaux ont évoqué ceci : la dernière entreprise fabriquant de vraies « charentaises » à l’ancienne vient de fermer ses portes, mettant au chômage 38 personnes.

7 décembre : Le conseil municipal de Tracy commence à examiner le projet d’un parc photovoltaïque.
9 décembre :
. Belle publicité d’E. Leclerc, de toute une page, montrant un cadre de la maison et un monsieur qui tient un beau poisson, sur fond d’un magnifique plan d’eau, au bout duquel on aperçoit… un grand moulin (et peut-être un autre un peu plus loin) ; le dit moulin fait désormais pisciculture. Photo prise à La Rochefoucauld, (Charente) sur la rivière de la Touvre.

Revues

Le Régional de Cosne et du Pays Charitois : 6 novembre, article « L’éolien n’a plus la cote », sur le fait que de plus en plus de résistance se manifeste à chaque nouveau projet de pose d’éoliennes dans la région.

Pays de Bourgogne n° 258 d’octobre 2019 : dans la rubrique « La Bourgogne à travers ses livres », un bon petit article évoque mon recueil « Contes et légendes de nos moulins », paru chez Alan Sutton il y a quelques années, mais qui n’a été adressé à Pays de Bourgogne que récemment, et encore par moi-même. Dans la sous-rubrique « Revues » est développée la liste des sujets de notre numéro 86.

Bourgogne Magazine, novembre 2019
Pour une fois, le célèbre trimestriel contient plein de choses sur les moulins.
1) A propos du nouveau parc national qui vient d’être créé dans un territoire limitrophe entre la Bourgogne et la Champagne, englobant des communes de Côte-d’Or et de Haute-Marne :
. Une huilerie sur le point le plus haut du plateau de Langres, à Pierrefontaines (52).
.. Un dossier sur le chef-lieu de ce parc, Arc-en-Barrois (52) : sur la photo on reconnaît aisément l’ancien moulin de la ville, bien joli.
. Un grand article sur la fort belle abbaye d’Auberive (52), où la fille de Diderot aménagea une filature, donc (j’émets une hypothèse) sans doute dans le moulin de l’abbaye puisque les filatures utilisaient volontiers la force hydraulique.
. « Le moulin aux doigts de fée » : un moulin célèbre, dit « de la Fleuristerie » parce qu’il fabrique des objets pour la mode, notamment des fleurs artificielles (commune d’Orges, 52) ; il dispose encore d’une grande roue à aubes, et autres machines bien meunières (il existait déjà en 1264).
.. Un article sur l’abbaye du Val des Choues (Côte-d’Or), un superbe monument historique parvenu à nous avec de beaux restes, notamment les vestiges de son foulon, qui était à l’intérieur de l’enceinte de l’abbaye (l’article n’en parle pas).

2) Parmi une série d’articles sur la ville de Chagny, en Saône-et-Loire, mais à la limite avec la Côte-d’Or :
. « Tieules bioénergétiques » : une fabrique de tuiles dont les fours marchent au biométhane issu des déchets ménagers.
. « La petite reine de Chagny » : « Née dans les années 80 d’un groupement de meuniers initié par les Moulins Joseph Nicot la Banette aux bouts pointus est chagnotine par ses racines ». Parmi les titres de paragraphe : « Le groupe Nicot est désormais dans le top 10 de la meunerie française ». J’avais évoqué dans des Nouvelles meunières l’immense usine qui sert de « moulin » à l’illustre maison Joseph Nicot. Il y a une vingtaine d’années, le patron, venu visiter le moulin de la Presle à Planchez en Morvan, invita ses propriétaires nos amis Monique et Albert Martin à visiter son « moulin » ; quelques jours après, Albert me dit : « Mon pauvre ami ; je ne savais plus ce que le mot moulin voulait dire ! »

3) Sujet patrimonial : le village d’Aignay le Duc, en Côte-d’Or est désormais doté d’une « Maison de l’eau ». « A l’origine, il y a le projet de mettre en valeur le moulin de Roche, ancienne boucherie ».

4) Tourisme : dans une liste de gîtes ruraux, un nommé « Le Moulin », il se trouve à Tintury, non loin de Châtillon en Bazois. « L’ancien moulin du XVIIIe siècle servait sans doute à broyer les noix. La bâtisse borde une paisible rivière et un imposant étang de 60 ha. »

Blanc Cassis : le numéro 156, 4ème trimestre 2019, contient un article sur la définition des Nièvres : l’auteur n’en trouve que 4 (Nièvre d’Arzembouy, Nièvre de Champlemy, Nièvre de St-Franchy, Nièvre de St-Benin des Bois ) alors qu’on lui a affirmé qu’il y en avait 5. Celle qui manque est probablement celle qui vient de l’abbaye de Bourras. Je continue de travailler sur l’histoire des moulins de tous ces cours d’eau.

Livres

Le Journal du Centre du 8 août relaie l’annonce de la parution d’une intégrale George Sand à la Pléiade. George Sand a deux romans centrés sur les moulins du Berry : « Le meunier d’Angibault’ » et « François le Champi », que je trouve excellents.

Expositions

Du 16 au 21 novembre, Claude-André Laffaye et Chrisea ont exposé leurs peintures à la galerie Belle de N, à Nevers. Laffaye expose dans le texte qui le présente qu’il a habité plusieurs années au moulin des Gouttes à Onlay. De ce fait nous avons beaucoup discuté des moulins de ce secteur de la vallée de la Dragne, au nord de Moulins-Engilbert. Son beau-frère habite au moulin de Villaines, justement sur Moulins-Engilbert. Claude André-Laffaye m’a dit qu’au moulin des Gouttes il n’y avait plus rien depuis longtemps, et que sa dernière meule se trouve au château tout proche, dit de Lavaut. Lui-même a peint plusieurs moulins, mais aucun n’était proposé à cette exposition. C’est un peintre plutôt figuratif, déclinant parfois ses « démons intérieurs » dans des toiles acérées, où il cherche « la nouvelle terre » dans une atmosphère de science fiction, et parfois au contraire recherchant la paix, notamment dans ses tableaux dont la figure principale est la sphère. Après le moulin des Gouttes, il a habité dans divers lieux, avant de se réinstaller dans le Morvan.
Quant à Chriséa, elle n’a pas de lien direct avec les moulins, sinon qu’elle habite à côté de la fameuse cascade de la Dragne, commune de Villapourçon (en aval du site des moulins de Rangère), où elle tient une chambre d’hôtes pouvant recevoir de 4 à 6 personnes ; elle y expose aussi ses tableaux, l’atelier étant « ouvert au public » (elle donne des « cours de lecture du paysage », techniques diverses », etc).

Télévision

Sur Arte, le jeudi 28 novembre, dans l’émission sur les dernières trouvailles archéologiques relatives aux Gaulois, on a remarqué le long passage sur le musée de Bibracte (sa collection de meules n’a pas été montrée), et une interview de son ancienne archéologue en chef, Anne Flouest, à propos de la cuisine celtique. Nous avions évoqué Anne Flouest dans notre bulletin parce qu’à Bibracte, pour énoncer les connaissances essentielles sur ce sujet, elle faisait des démonstrations de l’utilisation des meules par les Gauloises. C’est également Anne Flouest qui m’avait accueilli lorsque le musée, dans le cadre de la semaine scientifique d’octobre, m’avait invité à évoquer les moulins ; nous avions eu d’intéressants échanges sur ce que nous savions sur les moulins dans l’antiquité et au début du Moyen Age.

Arte 7 décembre, documentaire sur la fabrication des cloches par une entreprise spécialisée d’Italie : on aperçoit deux petites meules courant très rapidement, sans qu’hélas la caméra n’y fasse un gros plan. Elles travaillent la terre argileuse dont on va faire le moule des cloches, afin de la dépouiller de ses bulles d’air.

Questions diverses

Puisque nous parlons d’Anne Flouest, elle revient dans la Nièvre, le 7 décembre, aux Archives Départementales à 15 heures, pour une conférence sur la cuisine gauloise.

. Un moulin transformé en musée dans l’Yonne : il s’agit du moulin du Saulce, à Escolives-Ste-Camille. L’excellent sculpteur Pierre Merlier en a fait son domicile. Après sa mort en 2017 à 86 ans, le moulin est devenu un musée perpétuant sa mémoire. Le musée comprend un « café du Moulin », « bar associatif ». Le musée est ouvert chaque année grosso modo de début juin à fin octobre.
. Toujours dans l’Yonne, le restaurant « Le moulin de Corneil », à Mézilles, continue de livrer une réclame dans chaque numéro de la revue de la Fédération des Moulins de France, Le Monde des Moulins.